Le gouvernement de Transition du Mali a annoncé, ce 10 avril 2024, la suspension des activités des partis politiques. Ainsi que celles des associations à caractère politique. Un décret a été signé à cet effet. Il s’agit, selon les autorités maliennes, d’une “mesure d’ordre public”.
“Sont suspendus jusqu’à nouvel ordre pour raisons d’ordre public, les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations. Cela sur toute l’étendue du territoire national”, indique l’article 1 du décret lu, ce mercredi, par le ministre de l’Administration territoriale, le Colonel Abdoulaye Maïga.
Selon les autorités de Transition, la mesure a été prise pour des raisons d’ordre public. Afin de “maintenir la stabilité et la sécurité sur le territoire national », ont-elles affirmé.
Une mesure semblable a été prise au Burkina, en 2022, après la prise du pouvoir par le Capitaine Ibrahim Traoré. Et elle est toujours en vigueur. Des leaders politiques, comme Abdoulaye Mossé du Parti panafricain pour le Salut (PPS), ont réclamé sa levée. Sans succès.
Au Mali, la décision intervient dans un contexte où des voix s’élèvent pour réclamer l’organisation d’élections afin de mettre fin au processus de transition qui a débuté en 2020.
Cette Transition, dirigée par le Colonel Assimi Goïta, devrait prendre fin le 26 mars 2024.
Un décret daté du 6 juin 2022 avait fixé le délai de la Transition à deux ans. Cela à partir du 26 mars 2022.
La tension est montée d’un cran entre plusieurs acteurs de la vie politique ces dernières semaines au Mali. Dans une déclaration commune datée de du 31 mars dernier, des organisations politiques et de la Société civile demandent au gouvernement de Transition, l’organisation d’une élection présidentielle “dans les meilleurs délais”.
Elles relèvent un “vide juridique et institutionnel” car, disent-elles, la Transition a pris fin le 26 mars.
Ces organisations avaient alors demandé aux autorités de “créer les conditions d’une concertation rapide et inclusive”. Cela afin de mettre en place une architecture institutionnelle pour organiser, dans “les meilleurs délais, l’élection présidentielle”.
“Nous utiliserons toutes les voies légales et légitimes pour le retour de notre pays à l’ordre constitutionnel normal et dans le concert des Nations, gage de la stabilité politique et du développement durable”, avaient-elles lancé.
Quelques jours plus tôt, la Référence syndicale des magistrats (REFSYMA) et l’Association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP) ont déposé, à ce sujet, une requête à la Cour constitutionnelle. Demandant à la juridiction de “constater la vacance de la présidence de la Transition ainsi que la déchéance de tous les organes de la transition”. Et d’ordonner l’ouverture et la mise en place d’une nouvelle Transition. Avec, comme mission, l’organisation d’élections inclusives et véritablement démocratiques en vue du retour à l’ordre constitutionnel.