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Burkina/Affaire Vincent Dabilgou : quand les contradictions nourrissent le procès

Le procès sur l’ « affaire Vincent Dabilgou » s’est ouvert le 15 juin. Sept personnes sont poursuivies, entre autres, pour détournement de deniers publics, abus de fonction et financement occulte de parti politique.  Les prévenus se rejettent les responsabilités. L’ex-ministre des Transports, de la Sécurité routière et de la Mobilité urbaine, Vincent Dabilgou, nie toute implication dans les faits qui lui sont reprochés. 

Trois marchés fictifs sont en cause dans ce procès. Il s’agit du marché signé entre la SOPAFER-B et la société Green Énergy à hauteur de 131 millions FCFA, de celui  conclu entre le ministère des Transports et la société Ildo Oil à hauteur de 77 millions en 2020 et d’un autre   marché signé entre le ministère et Ildo Oil à hauteur de  49 millions FCFA en 2020.

A la barre du tribunal de grande instance Ouaga 1,  Jean Gabriel Seré, ex-DAF du ministère en charge des transports, Ousmane Sigué, comptable-matière du ministère des transports, Malick Kouanda, ex-DG de la SOPAFER-B, Yassia Sawadogo, PCA de la société Green Énergy, Minata Coulibaly, responsable commerciale de la société Green Énergy, Alhoussaïni Ouédraogo, ex-DAF de la société Ildo Oil et Vincent Dabilgou, ex-ministre des tTransports, de la Sécurité routière et de la  Mobilité urbaine.

Le premier jour du procès, Jean Gabriel Seré est devant les juges. « Les marchés sont signés, mais en réalité, seule une partie du carburant est livrée et  une partie des numéraires est remis à Vincent Dabilgou et l’autre sert aux dépenses du parti NTD. 80 motos ont été achetées pour le compte du NTD (Nouveau temps pour la démocratie) avec l’argent du ministère » , a-t-il déclaré à la barre.

Affaire Vincent Dabilgou : « 80 motos ont été achetées pour le compte du NTD avec l’argent du ministère » (Jean-Gabriel Seré) 

Une affirmation que Vincent Dabilgou nie. « Ce que je sais, c’est que le DAF (Jean-Gabriel Seré – NDLR) est membre du bureau exécutif du parti. Il était en tête de liste de sa région. Chacun se bat pour trouver les moyens nécessaires pour son élection » a-t-il déclaré. Concernant les marchés en cause dans ce procès, l’ex-ministre est catégorique « je ne suis pas au courant ». Il déclare à la barre suite aux  questions persistantes des juges et du parquet : « je n’ai pas su m’entourer de bons collaborateurs ». 

Justice/Affaire Vincent Dabilgou : « Je n’ai pas su m’entourer de bons collaborateurs », affirme l’ex-ministre

Histoire de motos…

L’autre séquence qui a mouvementé ce procès est une affaire relative à l’achat de motos qui aurait été conclue entre Vincent Dabilgou et Saïdou Compaoré. « Bonsoir, Excellence. Je m’excuse, votre stock de motos commandé est prêt. Nous pouvons les livrer demain ». Telle  est la substance d’un message WhatsApp échangé entre les deux. 

Burkina Faso/Affaire Vincent Dabilgou : l’ex-ministre enfin à la barre !

Malgré cette « preuve » du parquet, Vincent Dabilgou nie connaître le nommé Saïdou Compaoré. « Je ne me rappelle pas avoir commandé des motos avec lui. Je ne l’ai pas vu. En politique, c’est un rendez-vous avec l’histoire. Ce n’est pas un rendez-vous avec des motos », affirme-t-il.

Qui a enregistré le marché fictif de 131 millions FCFA ?

Ce marché,  signé entre la SOPAFER-B et la société Green Énergy, a également fait débat lors de ce procès. 

Le DG de la SOPAFER-B, Malick Kouanda,  a affirmé à la barre ne pas être au courant du caractère fictif de ce marché même s’il l’a signé. Son seul tort selon lui, est de n’avoir pas lu le contrat. « Je n’ai pas pris le soin de lire le contrat avant de le signer » a-t-il déclaré. Une affirmation contestée par Jean Gabriel Seré qui affirme : « il était clairement informé du caractère fictif de ce contrat ». 

« Mais qui a enregistré le contrat fictif aux Impôts ? », a voulu savoir le ministère public. Ce débat se mène entre Minata Coulibaly, responsable commerciale de Green Énergy et Ousmane Sigué, comptable-matière du ministère des Transports au moment des faits. 

« C’est monsieur Sigué qui m’a envoyé le contrat enregistré. Il a dit qu’il était dans l’urgence. Il est venu prendre le contrat. Je ne sais pas comment il s’y est pris, mais il m’a ramené le contrat enregistré » affirme Minata Coulibaly. 

Justice/Affaire Vincent Dabilgou : débats houleux autour de l’enregistrement d’un marché fictif 

Une déclaration que Sigué nie fermement : « je ne sais pas qui a enregistré le contrat. Je sais seulement que ce sont les entreprises qui enregistrent les marchés ». 

Selon les observations du ministère public, le fameux contrat n’est même pas enregistré aux services des impôts. 

Le procès reprend ce lundi 26 juin.

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