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Bobo-Dioulasso : Ces salles de cinéma en voie de disparition

Bobo-Dioulasso, la capitale économique du Burkina, célèbre, de façon décentralisée, du 20 au 23 mars, la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Une équipe de 24heures.bf a sillonné les différentes salles de ciné de la ville. Et le “Ciné Sanyon” semble être l’unique rescapé. Le “Ciné Houet”, le “Ciné Sya” et le “Ciné Nayala” ont complètement disparu. Le Ciné Guimbi, en chantier depuis des années, est resté tel. Une situation qui inquiète certains acteurs du domaine cinématographique à Bobo-Dioulasso. 

Clôture à moitié en tôle, moitié muraille. Porte hermétiquement fermée avec un cadenas et une chaîne. Aux alentours, des magasins et un petit marché de légumes. A l’intérieur de la clôture, un gigantesque chantier qui laisse à désirer. C’est le constat que nous avons fait le 18 mars au “Ciné Guimbi”, un lieu de rendez-vous des cinéphiles dans les années 70 et 80. Construit en 1956, il aurait arrêté de fonctionner depuis les années 2000. En 2014, l’association de soutien du cinéma au Burkina Faso (ASC-BF) qui l’aurait racheté, aurait entrepris des travaux de rénovation du site pour un budget de 1,3 milliard FCFA selon certaines sources. Un projet resté sans suite.

Autre ancienne référence du cinéma à Bobo : le “Ciné Houet”, situé à proximité de la mairie centrale. Il n’est plus que l’ombre de lui-même. Le site s’est transformé en un véritable espace de commerce. On y trouve des magasins et des boutiques.

Même constat au “Ciné Sya” et au “Ciné Nayala”. Ils ont complètement disparu.

Halte maintenant au “Ciné Sanyon”. La plus “jeune” des salles de cinéma de la ville. Là, l’atmosphère semble accueillante. Le bâtiment inauguré le 31 mars 1990 est toujours en bon état. Tout est en train d’être fait ou refait pour redonner un nouveau visage à la cour. Le mur est rehaussé et des magasins sont en cours de réalisation.

Le “Ciné Sanyon” semble le seul rescapé. Il a cependant traversé des périodes difficiles. En effet, après son inauguration en 1990, il avait, entre-temps, été fermé avant d’être rouvert le 23 octobre 2007 lors de la 20è édition du FESPACO. Depuis lors, tout allait mieux. Mais pas pour toujours. Depuis plus de 4 ans, il y a un dysfonctionnement au sein de cette infrastructure. La tenue de la 29e édition du FESPACO à Bobo cette année pourrait lui redonner vie. « C’était vraiment une belle époque, avec de bonnes salles de cinéma. Surtout les séances de 18h30 qu’on appelait “Matinée”. S’il y avait un nouveau film en projection, tu sentais partout qu’il y a quelque chose dans la ville », se remémore Moussa Kaboré alias Réal Douglas, comédien, metteur en scène, scénariste et réalisateur. Il a réalisé deux films : “Patisankana” et “Raogo”.

Le Ciné Sanyon

Mais aujourd’hui, l’engouement autour du cinéma à Bobo n’est plus le même, affirme-t-il. La plupart des salles de cinéma qui abritaient ces séances de projection ont fermé leurs portes.

Même le Ciné Sanyon, qui semble être celui qui a survécu, n’abrite pas de séances de projection. La dernière projection de film dans cette salle remonte à plusieurs années. “Dire que le Ciné Sanyon existe ? C’est exagéré. Il n’est pas fonctionnel en réalité. C’est maintenant qu’ils sont en train de le réfectionner. Il ne fonctionnait plus”, explique Réal Douglas.

Aujourd’hui, la grande salle de spectacle de la Maison de la Culture assure le relais. La quasi-totalité des projections cinématographiques s’y déroulent.

La Maison de la culture de Bobo

Cependant, cette salle ne répond pas aux normes cinématographiques, selon les professionnels du domaine. « On profite de la Maison de la Culture qui n’est pas forcément adaptée pour des projections de films », indique le réalisateur. Mais il s’empresse d’ajouter que « la Maison de la Culture a un problème acoustique; ce n’est pas une salle de cinéma ». N’étant pas dédiée spécifiquement à la projection, la salle de projection de la Maison de la Culture produit des échos. Ce qui ne facilite pas l’audition. « Ils ont essayé de résoudre le problème, mais ça persiste », déplore-t-il.

Cinéma en difficulté

“Beaucoup de films ont été réalisés. Mais jusqu’à présent, les gens se demandent où les trouver pour les regarder”, confie Moussa Kaboré. Depuis la fermeture des salles de cinéma, Bobo-Dioulasso peine à promouvoir convenablement ses productions cinématographiques locales. « À chaque fois qu’on produit, c’est Ouagadougou qu’on vise. Et souvent Bamako au Mali ou Dakar au Sénégal. Sinon, au niveau de Bobo, c’est vraiment naze ».

Le réalisateur Moussa Kaboré

Pour éviter le pire, Moussa Kaboré invite les autorités à se pencher sur la question. « Bobo-dioulasso a toujours été appelée ville culturelle par excellence. Alors que, de mon constat, ce n’est que parole », explique le réalisateur. Son souhait est de voir s’ériger dans la ville de Sya des infrastructures culturelles. A commencer par des centres culturels qui répondent aux normes de l’art.

Salomon TAPSOBA, correspondant à Bobo-Dioulasso

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