L’Unité de formation et de recherche en Sciences de la Santé ( UFR – SDS) de l’Université Joseph Ki-Zerbo organise du 1er au 15 avril, une session de soutenance de thèses. Pendant cette période, environ 300 étudiants en médecine, pharmacie et chirurgie dentaire doivent passer devant un jury afin de présenter le résultat de leur travail. Roukiatou Zidwemba épouse Kambou est l’un des doctorants ayant déjà réussi cet exercice. Thème choisi : “Bilan des activités chirurgicales chez l’enfant au service d’ophtalmologie et exploration visuelle du Centre hospitalier universitaire de Bogodogo de 2017 à 2023”. Le jury a jugé sa thèse de médecine recevable ce 12 avril. Avec la mention “très honorable et félicitations du jury”. Le jury a également attribué une note de 83/100 à l’impétrante.
Ce résultat est le fruit de huit longues années d’études. Roukiatou Zidwemba épouse Kambou n’a pas hésité à l’entreprendre tant elle a de l’amour pour la médecine et particulièrement celle touchant aux pathologies des enfants. Ce samedi à l’université Joseph Ki-Zerbo, c’est avec une voix empreinte d’émotions et des yeux larmoyants qu’elle a prêté serment, devant l’effigie d’Hippocrate et devant parents et amis venus la soutenir.
La désormais Docteure en médecine/diplômée d’État, à travers ce thème, a pour objectif de présenter le bilan des activités chirurgicales chez l’enfant de 0 à 15 ans. Pour cela, elle a choisi le service d’ophtalmologie et exploration visuelle du Centre hospitalier universitaire Bogodogo (CHU-B). Ses recherches ont porté sur la période du 1er janvier 2017 au 31 décembre 2023.
Selon l’impétrante, “il s’agit d’une étude transversale descriptive à collecte rétrospective des données sur les patients de 0 à 15 ans opérés dans le service durant la période d’étude”.
Des résultats auxquels elle est parvenue, l’on retiendra que la prévalence globale des interventions chirurgicales chez l’enfant était de 165. Correspondant à 16,19% de toutes les interventions chirurgicales dans le service. 158 dossiers de ces enfants opérés ont été exploités. Il en ressort que l’âge moyen des patients était de 4,75 ans. Les garçons représentant 58,23%, soit un sexe ratio de 1,39.
Les recherches de dame Zidwemba ont démontré que la cataracte et le glaucome sont les principales causes de chirurgie chez les enfants avec 30,38% et 18,35% des cas d’opération. Il en ressort également que la majorité des interventions a été faite sous anesthésie générale (66,46%).
Ces interventions doivent donc être effectuées, selon elle, au bloc central. Ce bloc est, dit-elle, utilisé par plusieurs spécialités de cet hôpital. Il n’est donc pas possible, selon les résultats de sa recherche, de prendre en charge les cas des enfants tous les jours. C’est donc pendant un mercredi sur deux, soit deux fois dans le mois, que ces enfants peuvent y être opérés. Le service d’ophtalmologie ne disposant pas d’un bloc qui lui est propre. Toute chose qui retarde la prise en charge des enfants. Pour les cas d’urgence, le CHU-Bogodogo se voit souvent obligé de référer les patients à l’hôpital Yalgado Ouédraogo.
Dr Zidwemba fait ressortir également que “la phacoalternative avec implantation en chambre postérieure occupe 75% des actes dans la chirurgie de la cataracte. Et la trabéculectomie 93,10% dans la chirurgie du glaucome. En post-opératoire, le traitement médical est fait d’antibiotique dans 62,66% des cas et d’AINS dans 55,70% des cas”.
Elle estime que la chirurgie ophtalmopédiatrique occupe une place importante dans l’activité chirurgicale du service d’ophtalmologie et exploration visuelle du CHU-B. D’où la nécessité de doter ce service d’un ophtalmopédiatre. Ce dernier contribuera à améliorer, selon elle, la prise en charge des patients pédiatriques.
Opérer les enfants en urgence à Bogodogo en ophtalmologie
Le jury de cette soutenance est composé de trois éminentes personnalités. Il s’agit de Dr Windinmanegdé Pierre Djiguemdé, Directeur de thèse, de Dr Jérôme Sanou (membre critique) et du Pr Zabsonré/Ahnoux Ahgbatouhabéba, présidente.
Cette dernière apprécie particulièrement le thème de recherche. Le jugeant très pertinent. Cela a permis, selon elle, de voir que les enfants doivent être bien surveillés pour éviter certaines pathologies. À côté de ces maladies évitables, elle mentionne celles héréditaires comme le glaucome congénital et la cataracte congénitale. Précisant que quelques-unes de ces pathologies comme la cataracte congénitale peuvent être évitées, à travers la vaccination.
Pr Zabsonré/Ahnoux Ahgbatouhabéba estime qu’il arrive que des enfants soient atteints par des pathologies qui pouvaient être évitées. “On doit mettre l’accent sur cela”, a-t-elle insisté.
Selon la présidente du jury, le travail de l’impétrante a mis en exergue le fait qu’il est souvent nécessaire d’opérer en urgence les enfants au service d’ophtalmologie de l’hôpital Bogodogo. Ce qui, souligne-t-elle, n’est pas possible actuellement. “On est parfois obligé d’attendre avant de les opérer parce qu’il n’y a pas assez de blocs opératoires. Il faut donc revoir cela”, plaide Pr Zabsonré.
Le directeur de thèse, lui, s’est dit satisfait de l’appréciation favorable du jury. Ce dernier a jugé le travail recevable. Il espère que les résultats de cette recherche permettront d’améliorer la prise en charge des pathologies des enfants.
Christine Sawadogo
