Acteurs Politiques

« Si on recouvre le territoire à 75 %, on peut déjà tenir des élections » (Serge Daniel Bazié du PPS)

Le contexte sécuritaire actuel du Burkina Faso préoccupe aussi bien les autorités de transition que les acteurs politiques qui ont déjà leurs yeux rivés sur les prochaines échéances électorales. Dans un entretien accordé à 24heures.bf, le Secrétaire général provincial de la jeunesse du Parti panafricain pour le salut (PPS), section Houet, Serge Daniel Bazié, donne sa lecture des derniers évènements de l’actualité au Burkina. Il commence par décrypter la situation actuelle des partis politiques.

24heures.bf : Que pensez-vous de la suspension des activités politiques ?

Serge Daniel Bazié : Le Burkina Faso traverse une situation difficile depuis plusieurs années. La situation sécuritaire de notre pays s’est fortement dégradée; ce qui a justifié les différents coups d’Etat. Les nouvelles autorités en place ont jugé nécessaire de suspendre les activités politiques en vue de mener la lutte contre le terrorisme. En tant qu’acteurs politiques, nous ne pouvons que les accompagner dans cet élan pour qu’ils puissent réussir leur mission. Avant d’être politiques, nous sommes d’abord des citoyens burkinabè. Donc, vu la situation du pays, aucun sacrifice n’est de trop. 

Nous sommes tous préoccupés par la situation actuelle. Si le fait de suspendre les activités politiques permet aux autorités de transition de bien mener leurs activités de sécurisations du territoire, nous ne pouvons que les accompagner dans cette dynamique. Si les autorités ont décidé de suspendre les activités, ils ont certainement leur stratégie. Peut-être que cela leur permettra de bien mener la lutte. Nous allons donc les accompagner.

Cette mesure n’est-elle pas contraire aux dispositions de la Constitution ? 

Concernant la Constitution, c’est à la jurisprudence de statuer sur cette question. Nous savons que le Burkina traverse une situation délicate et cela touche l’existence de la Nation. Le gouvernement actuel est issu d’un régime d’exception. Ils ont été drastiques au début, mais après la Constitution a été rétablie. Quoi qu’on dise, nous demeurons dans un régime d’exception dirigé par un pouvoir militaire. Ce n’est pas un pouvoir démocratiquement élu. Qu’à cela ne tienne, même la Constitution le dit, c’est le peuple qui est souverain. Donc si la grande masse trouve son bonheur dans cette mesure, nous, nous la suivrons. Et cela jusqu’à ce que la situation sécuritaire soit rétablie et que les élections puissent être programmées.

Que pensez-vous du recours de l’UPC à la justice contre l’Etat ?

Je fais entièrement confiance aux institutions judiciaires de notre pays. Je pense qu’ensemble avec les différents partis, une bonne formule sera trouvée pour la bonne marche de la transition et pour l’intérêt supérieur de la nation. 

C’est l’intérêt supérieur de la nation qui prime dans ce genre de cas. J’espère que les deux parties pourront trouver un compromis et passer à autre chose. Actuellement, le pays a besoin de tous. Il serait donc bon que militaires et politiques puissent unir leurs forces pour sortir le pays du gouffre. Le Burkina a besoin d’unité nationale, et non de divergences dans le contexte actuel.

Les partis politiques espèrent l’organisation d’élections en 2024. Quel est votre avis?

Nous restons convaincus que le Burkina va sortir de cette situation difficile. Les autorités actuelles s’attèlent à cela. Ils nous ont rassuré qu’ils sont en train de ratisser le terrain, pour qu’à la fin de la transition, on puisse aller à des élections libres et transparentes. Je pense que si le combat contre le terrorisme continue, cela est bien possible. 

Si on recouvre le territoire à 75 %, on peut déjà tenir des élections. En 2020, il y a eu des élections alors qu’on avait cumulé beaucoup d’années de crise. Si nous nous mettons davantage au travail, on peut le faire. D’autres pays l’ont fait, donc il faut voir les choses de façon positive, et continuer à ratisser large pour que les PDI (Personnes déplacées internes – NDLR) rentrent chez eux dans la sécurité, que certains services administratifs puissent rouvrir. Si on arrive à atteindre certains résultats, on peut aller aux élections sans problème.

Quelle est votre analyse de la gestion actuelle du Capitaine Ibrahim Traoré ?

Je pense que beaucoup d’efforts ont été faits. Il est là il y a quelques mois et on remarque des efforts considérables. Le drapeau du pays a flotté dans plusieurs localités qui étaient sous emprise terroriste, comme Solenzo. Des efforts sont faits avec la flotte aérienne qui arrive à opérer. Nous les encourageons à continuer dans cette dynamique afin de booster complètement le terrorisme.  

Quel regard portez-vous sur les dernières attaques à Déou ?  

Je m’incline devant la mémoire des 51 soldats tombés à Déou. Cela nous interpelle sur le fait que l’ennemi ne dort pas et qu’il essaie de remonter la pente. Depuis un certain temps, on n’avait pas entendu parler d’attaque d’une telle envergure. Il nous faut donc redoubler d’efforts. L’attaque est survenue à un moment où les populations étaient de plus en plus rassurées. 

Cela se déroule au moment où la Force Sabre de l’armée française quitte le Burkina…

Pour le départ de l’armée française, les autorités en place ont sans doute opéré de nouvelles options. La relation bilatérale est assez complexe. Les autorités ont sûrement d’autres partenaires. Elles ont sûrement les moyens de leur politique afin de lutter contre le terrorisme sans la France. Je n’ai pas un parti pris concernant la question, mais je priorise l’intérêt supérieur de la nation burkinabè dans les relations bilatérales.

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