La Cour de justice de la Cédéao s’est prononcé, ce 17 novembre, sur la suspension de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko des listes électorales. Selon elle, le “Pays de la Teranga” n’a violé aucun de ses droits. Cette décision intervient dans un contexte où le camp Sonko scrute toutes les voies de recours possibles pour une éventuelle participation aux élections de février 2025. Elle a créé un tollé au sein de la défense du président du Pastef, parti suspendu en juillet dernier par le ministère de l’Intérieur pour « appel à insurrection et complot ».
La Cour de justice de la CEDEAO, basée à Abuja au Nigeria, « a jugé qu’aucun des droits de monsieur Ousmane Sonko n’a été violé et l’a débouté de ses demandes », indique l’un de ses avocats, Me Siré Clédor Ly.
L’opposant sénégalais a appelé ses partisans à se mobiliser, alors que la Cour suprême se réunit pour décider s’il peut être réinscrit sur les listes électorales afin d’être candidat à la présidentielle de février 2024.
Le gouverneur de Dakar a interdit le rassemblement de l’opposition en raison du « risque de trouble à l’ordre public ».
“La communauté nationale et internationale a suivi les événements qui se sont produits au Sénégal, le comportement de l’Etat du Sénégal et le traitement inhumain et dégradant subit par monsieur Ousmane Sonko ainsi que les barricades érigées autour de sa maison. En jugeant comme elle l’a fait, les dictateurs pourraient désormais agir comme l’Etat du Sénégal a fait et se prévaloir de la jurisprudence de la Cour. C’est dommage”, a martelé Ciré Clédor Ly.
L’avocat ne perd cependant pas espoir. Il espère que la population s’oppose à la suspension de l’opposant.
“Le peuple Sénégalais est un peuple martyr et il saura faire son propre destin. Il vaincra !”, a-t-il lancé.
“La Cour de justice de la CEDEAO donne blanc seing à Macky Sall pour détruire son opposant. Elle approuve la dissolution du principal parti d’opposition. Elle ne se prononce pas sur la radiation. Elle s’érige en gardienne du pouvoir sur une mer de cadavres”, déclare pour sa part Juan Branco, un autre avocat d’Ousmane Sonko quelques minutes après la décision de la Cour de la Cédéao.
La veille de cette décision, Sonko avait fait entendre sa voix depuis sa cellule de détention.
“Du fond de ma cellule, je continue à réclamer ma libération, car cette arrestation n’est, en fait, qu’une prise d’otage politique, pour empêcher ma candidature à la présidentielle de février 2024 et pour freiner l’élan d’adhésion et de prise de conscience des Sénégalais, dont les symboliques sont les foules immenses que nous drainons partout et qui sont insupportables pour ce régime en chute libre”, avait-il déclaré.
Son incarcération vise à l’empêcher, dit-il, de se présenter à l’élection présidentielle prévue en février 2025. Il s’en est pris, comme à son habitude, au gouvernement du Président Macky Sall qu’il accuse de fomenter un plan pour imposer “un candidat de la continuité”.
“Mes chers compatriotes, ce qui se joue cette semaine, et particulièrement demain, ce n’est pas l’avenir d’Ousmane Sonko, c’est notre avenir, notre volonté en tant que panafricains, en tant que Sénégalais de se réapproprier notre pays. C’est notre destinée en tant que nation qui se joue, mais surtout notre souveraineté. C’est pour cela que j’appelle tous les Sénégalais, épris de justice, à s’organiser sur toute l’étendue du territoire national pour exercer leur droit constitutionnel à la résistance et refuser le dictat d’une minorité.
Je lance un appel à cette jeunesse sénégalaise, sacrifiée par Macky Sall et son régime, aux familles décimées par l’immigration irrégulière et la répression sans nom de la part de ce régime, à nos mamans éprouvées par la détention arbitraire de leurs enfants, à nos pères obligés de reprendre une activité, parfois pénible, pour subvenir aux besoins de leurs progénitures parce que privés de tout soutien”, a lancé Ousmane Sonko.
Pour rappel, les avocats de l’opposant sénégalais ont déposé, le 19 septembre dernier, deux requêtes à la Cour de Justice de la CEDEAO. Ils lui demandaient d’ordonner à l’État du Sénégal de suspendre la dissolution du parti Pastef, et de rétablir les droits politiques du parti en vue de l’élection présidentielle prévue le 25 février 2024.