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Lutte contre le terrorisme : 60,5 milliards FCFA octroyés aux États de l’AES (Cédéao)

Le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a été à l’ordre du jour du sommet extraordinaire tenu ce 24 février, à Abuja, au Nigéria. Dans son communiqué final, l’instance régionale rappelle sa préoccupation concernant le retrait des pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Elle alerte notamment sur les conséquences socio-économiques, politiques, sécuritaires et humanitaires de cette décision, surtout pour les citoyens de ces trois États. Pour le processus d’intégration régionale également. Sur le plan économique, la Cédéao affirme avoir mobilisé, entre autres, la somme de 100 millions de dollars américains (plus de 60,5 milliards F CFA) pour les trois États dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. 

Selon la Cédéao, le retrait des États membres de l’AES aura des implications sur les plans politique, socio-économique, financier et institutionnel pour ces pays. Mais aussi pour la Cédéao en tant qu’organisation.

Dans le cadre de la coopération régionale pour la lutte contre le terrorisme, contre l’extrémisme violent et la criminalité organisée, ces trois pays ont bénéficié, selon la Cédéao, d’une enveloppe de plus de 60,5 milliards F CFA. Cette somme a été mobilisée, dit-elle, par l’Uémoa, au titre du Plan d’action de la Cédéao contre le terrorisme.

D’autres montants ont été également alloués à ces pays, notamment 7,5 millions de dollars américains (plus de 4,5 milliards de F CFA). Cela devrait permettre l’acquisition d’équipements destinés à aider ces pays à lutter contre le terrorisme.

@DR

Selon la Cédéao, “le retrait des trois États aura des incidences sur la coopération en matière de sécurité, d’échange de renseignements et de participation aux initiatives régionales de lutte contre le terrorisme, notamment l’initiative d’Accra et les activités de la Force multinationale mixte”.

Ce retrait pourrait également conduire à “un isolement diplomatique et politique sur la scène internationale”.

La Cédéao note par ailleurs des implications socio-économiques. “Le retrait des trois États membres affecte automatiquement le statut de leurs citoyens en matière d’immigration”, indique le communiqué. Les citoyens de ces pays devraient donc obtenir un visa pour voyager dans la région. Le droit de résidence ou de création d’entreprise pourrait également être affecté.

De plus, les trois pays cesseront d’utiliser le passeport, la carte d’identité nationale biométrique de la Cédéao et l’assurance automobile « Carte brune de la Cédéao » à l’échelle de la région.

Ce retrait aura également des conséquences sur la Cédéao elle-même. Le Burkina, le Mali et le Niger représentent 17,4% des 425 millions d’habitants de l’espace Cédéao et 10% du PIB de la région.

Ph. d’illustration

“Leur départ entraînera une réduction de la taille du marché de la Cédéao”, note l’organisation régionale. Le commerce intracommunautaire sera donc affecté.

Le retrait des trois États pourrait également entraîner l’arrêt ou la suspension de tous les projets et programmes régionaux.

Ces projets, selon l’institution, se chiffrent à plus de 500 millions de dollars américains (environ 302 milliards de FCFA).

Il s’agit notamment de la réserve régionale de sécurité alimentaire. À ce titre, les trois pays accueillent, dans le cadre de la réserve régionale, des stocks de près de 17 000 tonnes, soit 52% du stock régional. Également le Programme régional d’appui au pastoralisme au Sahel (PRAPS). Ce programme est financé par la Banque mondiale à hauteur de 215 millions de dollars américains (plus de 130 milliards de F CFA).

Et il n’y a pas que ça. Les deux institutions financières régionales, la BIDC et la BOAD, ont des engagements dans les trois pays. La BIDC a actuellement, selon la Cédéao, 27 projets du secteur public en cours dans les trois pays : 9 au Burkina Faso, 8 au Mali et 10 au Niger. Et un total de 20 projets du secteur privé (5 au Burkina Faso, 13 au Mali et 2 au Niger). Ces projets sont collectivement évalués à environ 321 634 253 dollars américains (plus de 194 milliards de F CFA).

Si la décision de retrait est mise en application, elle n’épargnera pas non plus le domaine des emplois : fermeture de quatre agences régionales au Burkina Faso, de deux organismes régionaux au Mali et d’un bureau régional au Niger. Elle affectera aussi la sécurité des emplois d’environ 130 membres du personnel de la Cédéao, citoyens des trois pays. Soit 77 du Burkina Faso, 23 du Mali et 32 du Niger.

La Cédéao invite donc “instamment les trois États membres à recourir au dialogue, à la négociation et à la médiation pour répondre à leurs préoccupations”. Elle les exhorte également à “reconsidérer leur décision”. Et “attire leur attention sur les dispositions de l’Article 91 du Traité révisé de la Cédéao de 1993, relatif aux procédures à suivre en cas de retrait”.

Lire aussi | Niger : La Cédéao lève les sanctions économiques

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