« Laabli l’insaisissable ». C’est le titre du film documentaire en hommage à Moustapha Thiombiano, homme aux multiples casquettes. Musicien, acteur, professeur d’anglais, animateur radio, journaliste, homme de culture, le documentaire retraçant son glorieux passage sur la terre a tenu en haleine les cinéphiles à la grande salle de la mairie centrale de Ouagadougou ce 28 février 2023. Il a été projeté dans le cadre de la 28e édition du FESPACO qui se déroule actuellement à Ouagadougou.
Rires à gogo, Tristesses, larmes, les cinéphiles sont passés par plusieurs émotions lors de la projection de ce film documentaire. Moustapha Thiombiano y est peint en long et en large. Tous les pans de sa vie ont été passés en revue. On retient la vie d’un homme qui a voulu innover, qui a voulu apporter sa pierre à la construction du Burkina Faso, pays qu’il a adopté. Il est originaire d’un pays voisin. « Son pays d’origine est le Togo, son vrai nom est Dablé Moustapha Célestin », selon son ami intime Franck Ouédraogo quelques minutes après le début du film.
Laabli Thiombiano, le génie créateur
Laabli, comme il voulait qu’on l’appelle, a initié plusieurs projets dans le but de distraire les Burkinabè. Son imagination était débordante. Il crée le rallye des mobylettes de Ouagadougou (ramo) en 1997. C’est une course à haut risque avec peu de mesures de sécurité. Le « ramo » est suspendu quand un participant y perd la vie.
En 1993, il décide de magnifier la beauté burkinabè à travers « Miss Burkina » ; une initiative beaucoup osée et beaucoup controversée à l’époque. Il crée également en 1986 la première radio privée d’Afrique « Horizon FM », fréquence 104.4. La radio connaît un véritable succès auprès des auditeurs. A la mort de Thomas Sankara, la radio ferme ses portes pour rouvrir en 1990. En 2007, il met en place la télé TVZ Africa.
En 2001, il lance la course des pirogues sur le barrage de Tanghin. Il profite de la saison pluvieuse, de la crue débordante, du beau paysage pour drainer du monde. On peut voir sur les images du film documentaire les quatre coins du barrage plein de monde. S’étant rendu compte que les professionnels du cinéma à chaque passage au FESPACO voulaient acheter le Faso Dan Fani et le chapeau de Saponé en vain, il initie en 1987 une rue marchande à ce Festival, sous la houlette de Thomas Sankara avec qui il s’était lié d’amitié.
A jamais dans les cœurs !
Moustapha Laabli Thiombiano s’éteint le 6 avril 2020 en plein covid-19. Il laisse derrière lui un héritage riche de tous ceux qu’il a marqués positivement. Pour Luc Damiba, le réalisateur du film documentaire, ce qu’il a fait pour le Burkina Faso est incommensurable. Il retient de Laabli, un homme infatigable. « On ne pouvait pas le saisir dans un film. Sa vie est immense. Je ne connais pas son âge exact, je lui donne au moins 95 ans. C’est un ensemble de curiosités qui m’a amené à vouloir l’immortaliser dans ce film», explique-t-il.
Dieudonné Lankoandé, cinéphile, affirme avoir fait le bon choix en décidant de suivre ce documentaire : « Ce film retrace réellement la vie de l’homme. Son parcours est un parcours hors pair, qui donne de l’espoir à la jeunesse».
Le film documentaire « Laabli, l’insaisissable » est sélectionné pour le FESPACO dans la compétition catégorie « Burkina ».