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Exportation de céréales au Niger : ce que des citoyens burkinabè en pensent 

Le gouvernement burkinabè a autorisé, le 11 août, l’exportation de céréales vers le Niger en guise de solidarité à ce pays sous sanctions de la CEDEAO. Au regard de la situation humanitaire et sécuritaire qui sévit au Burkina, cette mesure s’imposait-elle ? 24heures.bf a recueilli l’avis de citoyens burkinabè sur les enjeux de ces exportations de céréales. 

L’exportation de céréales, interdite en 2021, est autorisée depuis le 11 août dernier, uniquement vers le Niger. Mais comment les citoyens burkinabè perçoivent-ils cette décision du gouvernement ? Pour Hamadou Diallo, jeune journaliste, ce geste est un acte de solidarité entre « putschistes » au pouvoir. Pour lui, cette solution n’est pas adéquate. « La pluviométrie ces dernières années au Burkina Faso n’est pas très bonne. Beaucoup de villageois ont quitté leurs localités, et nous sommes en manque de produits céréaliers. Personnellement, je ne vois pas comment le Burkina pourrait aider le Niger, surtout au niveau alimentaire », affirme-t-il. 

L’autosuffisance alimentaire a toujours été, dit-il, un défi pour les Burkinabè. Cela s’est accru avec la crise humanitaire actuelle. Environ 3,7 millions de Burkinabè ont besoin d’une assistance alimentaire selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). « Ce que nous produisons ne nous suffit même pas. Surtout en cette période de crise où bon nombre de Burkinabè n’ont plus la chance d’aller au champ pour produire. Ils ne dépendent que de l’aide alimentaire », déplore le jeune journaliste.  

L’autorisation d’exporter des céréales au Niger est cependant perçue comme « une grande opportunité » par certains commerçants. L’un d’entre eux, un sexagénaire basé au marché de Tanghin, à Ouagadougou, dit avoir accueilli la nouvelle avec joie. « Le trafic commercial avec le Niger va pouvoir reprendre. Nous ne souhaitons que cela. Si cette marque de solidarité envers les Nigériens est bénéfique aux Burkinabè, nous ne pouvons que nous en réjouir », dit-il. 

« Acheminer les céréales, l’autre défi à relever »

Ces citoyens se posent des questions quant aux infrastructures routières qui serviront à rallier les deux pays, les voies terrestres n’étant pas vraiment praticables. Les routes nationales n°3 et n°4, qui permettent de rallier Ouagadougou à Niamey, sont dans un état de délabrement très avancé. Ces axes sont également redoutés du fait des attaques. « Nos populations peinent à avoir des ravitaillements par manque de voies praticables et à cause de l’insécurité. Je me demande donc comment ce défi (les exportations de céréales vers le Niger, ndlr) sera relevé », se questionne Hamadou Diallo. 

Brigitte Syan/Ouoba, juriste, n’est pas de cet avis. Pour elle, cette décision pourrait motiver les autorités à trouver d’autres alternatives pour exporter ces céréales. « La portée de la mesure est plus forte que les défis d’infrastructures routières. J’imagine que des mesures spécifiques seront déployées pour accompagner ces opérations d’exportation », souligne-t-elle. La mise en œuvre de cette décision permettra, selon elle, de trouver des solutions pour lutter contre l’insécurité qui règne le long de la frontière avec le Niger. « Je crois fermement que des solutions seront trouvées pour le succès de cette décision, un peu à l’image des opérations de ravitaillements, conduites par les Forces de défense et de sécurité », se convainc la juriste. 

3 commentaires

  1. Qu’on se le dise. Le gouvernement autorise l’exportation mais ne dit pas qu’il va s’en charger. Il s’agit dr la levée d’une mesure.
    C’est donc aux commerçants exportateurs de s’assumer. Il demeure que toutes les voies habituelles d’accès au niger sont soi praticables soi bloquées par les terroristes. Enfin c’est une décision qui ne tient pas compte du contexte national en rapport avec notre perspective pour la campagne agricole. Dans beaucoup de régions le retour au champ n’est pas certain

  2. Il ne faut surtout pas que le problème du Niger nous cause un problème alimentaire chez nous.On peine à nourrir nos déplacés donc on ne doit pas exporter au Niger!

    1. Patro. DAVID il y a sacrifice de soi à faire. Nous ne devons pas toujours être rassasiés avant d’inviter au repas. Tu connais ce moeurs chez nous. Ce qui est sûr on ne pourra jamais finir de distribuer des vivres chez nous. Gariboutage. Donc pensons aux autres personnes en nous forçant le jeûn. Ça ne tue pas. C’est l’amour 💕.

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