
Le verdict du tribunal de première instance d’Abidjan Plateau est tombé ce 22 avril. Le Président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), candidat à la présidentielle d’octobre 2025, Tidjane Thiam, est radié de la liste électorale. Une plainte avait été déposée pour contester sa présence sur cette liste, remettant notamment en cause sa nationalité ivoirienne. Selon Me Ange Rodrigue Dadjé, l’un de ses avocats, la présidente du tribunal a estimé que son client avait perdu la nationalité ivoirienne quand il a acquis celle française en 1987. Et qu’au moment de son inscription sur la liste électorale, il n’était pas Ivoirien. Décision : Thiam est radié de la liste électorale. Mais la décision sonne comme une pilule difficile à avaler au sein du PDCI – RDA. Ce dernier estime qu’il s’agit de “la preuve évidente de l’instrumentalisation de la justice par le régime au pouvoir”. Et il ne se limite pas là : “Le PDCI – RDA prend à témoin la communauté nationale et internationale sur les risques graves d’instabilité et de menaces sur la paix qu’une telle décision fait courir à la nation ivoirienne”.
Le parti juge la décision surprenante. Elle traduit, dit-il, “la volonté de ce pouvoir d’exclure le candidat du PDCI-RDA, candidat majeur de l’élection présidentielle prévue en octobre 2025”. Selon lui, la nationalité ivoirienne de son président est incontestable. Et comme pour présenter les preuves de sa déclaration, ce parti brandit des chiffres : “Le président Tidjane Thiam a été élu président du PDCI-RDA au 8e congrès extraordinaire le 22 décembre 2023 à 96,48%. Il a été plébiscité à 99,50% le 16 avril 2025 à la convention élective comme candidat unique du PDCI-RDA à la présidentielle d’octobre 2025”. Cette formation politique dénonce donc “une décision purement politique qui menace gravement la démocratie et les libertés en Côte d’Ivoire”.
Il s’agit, selon elle, d’une stratégie savamment orchestrée de mise sous tutelle du PDCI-RDA en vue de sa liquidation.
“Nous condamnons fermement cette décision inique et inacceptable qui constitue un recul intolérable de la démocratie en Côte d’Ivoire”, martèle le parti de l’ancien Président Félix Houphouët-Boigny. Appelant à “la responsabilité du pouvoir judiciaire dans la préservation de la paix, dans la garantie des droits et libertés individuelles et collectives”.
Contester la décision
Le PDCI-RDA réaffirme “son soutien inconditionnel au président Tidiane Thiam”. Et invite ses militants et sympathisants à “rester mobilisés et en alerte pour défendre les droits et les libertés démocratiques de notre pays”.
Dans une déclaration publiée hier, Thiam donne également le ton. La décision judiciaire “n’est ni juste, ni légitime, ni acceptable”, proteste-t-il. “Les procédures intentées contre moi sont initiées par des militants du parti au pouvoir, représentés par des avocats du parti au pouvoir, devant des juges nommés par le parti au pouvoir”, dénonce-t-il. Affirmant craindre une nouvelle crise politique en Côte d’Ivoire.
“Je vous le dis clairement : je n’accepterai pas cette radiation. Elle est injuste, injustifiée et incompréhensible. Le PDCI ne l’acceptera pas non plus”, a-t-il martelé. Avant d’ajouter qu’il entend poursuivre la lutte : “Je suis déterminé à me battre pour que les Ivoiriens puissent choisir librement celui ou celle qui les dirigera (…) Il n’y aura pas de plan B, il n’y aura pas de plan C. Le candidat du PDCI, c’est celui que le parti a désigné démocratiquement et en toute transparence à 99,5 %”. Thiam se dit donc résolument engagé pour la présidentielle d’octobre.
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