La question du retard dans les structures académiques a été abordée à l’Assemblée législative de transition ce 2 juin. Le ministre chargé de l’enseignement supérieur, Adjima Thiombiano, a exposé les causes de ce retard dont le manque d’infrastructures, la question sécuritaire dans certaines universités et les mesures prises pour rattraper ces retards afin d’alléger les souffrances des étudiants dans les différentes facultés.
Les causes du retard dans le calendrier académique au sein des universités publiques sont multiples. Toutes les universités publiques au Burkina sont affectées par le retard, mais cela varie selon les universités, les unités de formation et de recherche (UFR) et les filières. De manière globale, les retards vont de 6 à 24 mois dans les filières et universités avec de gros effectifs et de 3 à 6 mois dans les universités et filières à effectifs minimes. Ils sont généralement dûs au manque d’infrastructures adéquates pour accueillir les étudiants dont les effectifs ne cessent de croître. « Pour une population estudiantine estimée à 190 000, le nombre total de places assises n’excède guère 80 000 places assises », a declaré Adjima Thiombiano.
Outre le manque d’infrastructures, celles qui sont disponibles sont dans un état de dégradation avancée dû à l’ancienneté de certains bâtiments. A cela s’ajoute l’insuffisance du corps enseignant, l’absence d’internet au sein des établissements académiques, la gouvernance administrative et bien d’autres.
Les causes citées ont entraîné un endettement des universités depuis plus de 4 ans qui s’élevaient à plus de 7 milliards de francs CFA à la date de novembre 2022. Si l’on considère les autres dettes du ministère, la dette totale s’élève à 17 milliards de francs CFA. « La conséquence immédiate était un ralentissement des activités pédagogiques (dans le meilleur des cas) ou un arrêt total pour certains acteurs qui ne vivaient que de ces sources de revenus.Les dettes sociales (actes académiques, salaires, avancements, reclassements, primes de recherche) cumulées des universités en novembre 2022 s’élevaient à plus de 7 milliards. En prenant en compte toutes les autres dettes (restauration, aide FONER, factures d’eau et d’électricité), les dettes du MESRI s’élèvent à plus de 17 milliards », a-t-il déclaré.
La crise sécuritaire, facteur aggravant des retards académiques
Parmi ces multiples causes, la cause sécuritaire. En effet, la situation sécuritaire du pays a porté un gros coup aux universités et centres universitaires de Fada, Ouahigouya, Dédougou et Dori. « L’un des impacts importants reste les difficultés pour les enseignants de se déplacer dans certaines zones à fort défi sécuritaire. Le CU (Centre Universitaire, ndlr) de Dori reste l’un des centres qui ont subi les effets avec l’arrêt des activités de juin 2022 à avril 2023 », a-t-il affirmé.
Cette crise sécuritaire a entraîné un autre problème qui est celui des étudiants déplacés internes (EDI). Il faut aussi noter que les universités et centres universitaires concernés ont été la cible de plusieurs attaques terroristes. Elles ont eu pour conséquence, l’abandon des établissements par certains encadreurs et les difficultés d’accès aux établissements par les enseignants.
L’internet, une mesure palliative au retard académique
Plusieurs initiatives gouvernementales sont mises en place afin de pallier cette difficulté. Mais l’internet est présenté par le ministre comme une solution miracle au retard académique. En effet, l’encadreur, avec une bonne connexion internet peut dispenser les cours à distance sans se soucier de l’insuffisance des salles de classes. Elle pourrait également permettre à l’apprenant d’avoir accès aux ressources documentaires plus facilement.
De plus, cette solution réduit les risques que les acteurs de l’enseignement supérieur pourrait prendre en se rendant dans les zones à fort défi sécuritaire. De ce fait, environ 10 000 étudiants seront orientés à l’Université Virtuelle du Burkina Faso (UV-BF) dès la rentrée prochaine afin de réduire le retard causé par le manque d’infrastructures. Pour cela, dans le cadre du programme d’appui à l’enseignement supérieur, le gouvernement a initié depuis quelques années des travaux d’interconnexion de la fibre optique. Ainsi, la connexion internet dans les universités sera bientôt une réalité. « A l’issue de l’exécution dont la réception est prévue en fin d’année, la connexion devra être une réalité sur la quasi-totalité des campus et certaines cités universitaires », a-t-il assuré.