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Burkina Faso/Région du Centre-Nord : Salles de classe insuffisantes pour les élèves déplacés internes 

Kaya, la “Cité des cuirs et peaux”, fait partie des grands centres d’accueil de déplacés au Burkina. Elle figure dans le top 5 des communes d’accueil, classée 3e, avec 6,03% du nombre total de personnes déplacées, selon les derniers chiffres publiés par le Secrétariat permanent du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR). Ici, l’accès à une salle relève d’un parcours du combattant. Même pour les tout-petits. Le Programme de réalisation des infrastructures socio-économiques (PRISE) s’est donné pour mission de venir en appui aux écoles. En réalisant notamment des infrastructures socio-éducatives dont des salles de classe. Si cela constitue, à certains endroits, un ouf de soulagement, le défi demeure dans certaines écoles où les cours se tiennent toujours sous paillotes. D’autres écoles procèdent par alternance afin de permettre à des élèves de deux classes d’utiliser la même salle de cours. Les effectifs sont également élevés du fait de l’insuffisance des salles de classe. 

L’école primaire publique Kouim-Kouli C est l’une des écoles qui accueillent en majorité des élèves déplacés internes dans la ville de Kaya. Située au secteur 6, cette école, selon la Directrice adjointe, Viviane Ouédraogo, compte sept classes. Avec un effectif de près de 1000 élèves. Les quatre autres écoles de Kouim-Kouli, situées côte à côte, ont un effectif semblable.

@LK

“Les élèves sont nombreux”, affirme Viviane Ouédraogo. L’école Kouim-Kouli C existe depuis trois ans.

Les élèves de l’une des classes reçoivent les cours sous paillote. Les effectifs sont considérables. Par exemple, la classe de CM1 compte 120 élèves contre 140 au CE2 et 140 au CP1. Certains élèves sont assis à quatre ou cinq par table-banc.

Selon la Directrice adjointe, l’idéal serait de scinder les classes. Mais les salles ne sont pas suffisantes du fait du nombre élevé de déplacés internes. Plus de 90% des élèves sont en effet des déplacés internes. Le besoin en salles augmente chaque année du fait des déplacements de populations, affirme-t-elle.

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“Chaque année, il faut une nouvelle école du fait des déplacés internes”, a-t-elle indiqué.

Ici, le PRISE a construit un bâtiment de trois classes, des toilettes et un forage. Elle a également installé un système solaire pour alimenter les salles de classe. Ces infrastructures sont bien appréciées par les enseignants et les élèves.

Abdoul Kader Bamogo a quitté Dablo, à une centaine de kilomètres de Kaya, en 2020. Il était alors en classe de CP2. Aujourd’hui, en classe de CM1, le petit Abdoul a en mémoire ses proches tombés sous les balles assassines des groupes terroristes.

Il se réjouit toutefois d’avoir accès à l’école dans cette ville d’accueil. Avant la réalisation de ces infrastructures par le PRISE, les élèves recevaient les cours sous une tente.

Il exprime ainsi sa reconnaissance à l’endroit des acteurs du Programme. Mais plaide pour la construction d’autres salles de classe, car, dit-il, les effectifs sont élevés. Même son de cloche chez ses camarades, Madinatou Maïga et Moussa Bamogo. Ce dernier a quitté Arbinda en 2018. Un membre de sa famille y a perdu la vie lors d’une attaque terroriste. Cela demeure une “plaie” dans son âme qui n’entrave cependant pas son désir de réussir à l’école.

Inscrit dans cette école dès son arrivée à Kaya, il suivait les cours sous une tente communément appelée espace temporaire d’apprentissage (ETA). La réalisation des infrastructures par le PRISE lui a permis, ainsi qu’aux autres élèves de sa classe, de suivre désormais les cours dans une salle de classe. Il plaide cependant pour des salles de classe supplémentaires au profit de ses camarades. Pour une dotation en fournitures scolaires également.

La Directrice adjointe de l’école espère également de nouvelles salles de classe afin de permettre aux enfants d’étudier dans la sérénité.

La gestion des élèves déplacés internes, selon la Directrice adjointe de cette école, n’est pas aisée. “Ces élèves souffrent”, a-t-elle confié. Par exemple, ils ont des problèmes pour payer la scolarité. Des difficultés également pour se nourrir. “Certains n’ont rien à manger à la maison; ils ne comptent que sur la cantine scolaire. Ils ont des difficultés pour se restaurer les jours où la cantine scolaire n’est pas ouverte ”, a-t-elle expliqué.

La cantine n’est pas permanente, dit-elle. Il faut parfois attendre qu’elle soit offerte.

Autre difficulté concernant les élèves déplacés internes : le niveau scolaire. Certains, après avoir quitté leurs localités du fait des attaques terroristes, ont passé plusieurs “années blanches”, donc sans cours.

Zèga Sawadogo est le président de l’association des parents d’élèves de l’école Kouim-Kouli C. Il estime que les infrastructures réalisées par le PRISE sont d’une importance capitale.

“Avant, nos enfants suivaient les cours en plein air. Le vent les empêchait de travailler. Aujourd’hui, ils le font dans une classe. Cela facilite leur apprentissage. En plus des salles de classe, l’eau est disponible sur place”, a-t-il expliqué. Il apprécie également la qualité des bâtiments réalisés. Ainsi que les équipements. Il plaide cependant pour la construction d’autres salles de classe afin de permettre à ces élèves qui étudient sous des tentes d’avoir accès à des salles de classe.

Selon lui, le vent et les passants empêchent les enfants sous paillotes d’être concentrés pour suivre les cours. Les enfants sont également exposés aux risques d’accident.

Ils attendent que leur camarades libèrent la salle de classe qu’ils partagent en commun

“De violents vents ont emporté les paillotes pendant les congés”, nous a-t-il confié. “Heureusement qu’à cette période, les enfants étaient en congés”.

Il plaide également pour une augmentation de la dotation de vivres dans la cantine scolaire afin de permettre aux élèves déplacés internes de se nourrir convenablement.

L’école primaire publique de Dimassa D entre reconnaissance et doléances 

Dans cette école, située au secteur 6 de Kaya, le PRISE a également fait parler de lui. Il a réalisé trois salles de classes, une pompe à eau, des latrines, un bureau et un magasin. Mais également un système solaire photovoltaïque afin d’améliorer les conditions d’études et de travail des élèves et enseignants. Cette école de quatre classes, ouverte au cours de l’année scolaire 2023-2024, compte 368 élèves dont 235 élèves déplacés internes (EDI). Les infrastructures réalisées par le PRISE sont bien appréciées par les responsables de cette école.

@LK

“Honnêtement, l’apport des infrastructures du PRISE est très considérable. Quand on regarde le standing, c’est formidable. Les latrines sont également bien réalisées. La pompe également. Les élèves sont vraiment à l’aise”, confie le Directeur, Adama Ouédraogo.

Cet enseignant apprécie particulièrement la présence d’électricité dans les bâtiments construits par le PRISE. Permettant ainsi aux élèves de poursuivre les travaux, même après la tombée de la nuit.

L’école Dimassa D a également des défis à relever. Elle est composée en majorité d’élèves déplacés internes. Ainsi, le Directeur Adama Ouédraogo plaide pour une dotation permanente de vitres pour la cantine scolaire.

La cantinière servant le repas aux élèves

Il espère également la construction de nouveaux blocs de latrines car, dit-il, l’effectif des élèves dépasse largement les toilettes disponibles. Doléances également concernant les poubelles : cela permettra d’apprendre aux élèves le sens de la propriété. Et ce n’est pas tout.

Le Directeur de l’École Dimassa D plaide pour la réparation de la terrasse. Dans certaines salles, elle est dégradée. Plaidoyer également pour la construction de salles classe pour l’école voisine, celle de Dimassa A qui utilise toujours des espaces temporaires d’apprentissage (ETA).

Concernant les effectifs par classe, M. Ouédraogo estime qu’il faut s’adapter. Surtout lorsqu’il s’agit d’élèves déplacés internes. Des instructions ont été données pour qu’ils soient reçus dans les classes, dit-il.

“Avoir plus de 100 élèves dans une classe, ce n’est pas facile si nous voulons un enseignement de qualité. Mais quand il s’agit des déplacés, il n’y a pas de demi-mesure. Il faut les intégrer au regard du contexte difficile que traverse le pays”.

Il espère que ses doléances soient prises en compte.

L’école primaire publique “Secteur 2 C” plaide pour la construction d’un forage 

Cette école située au secteur 2 de la ville de Kaya a bénéficié d’infrastructures réalisées par le PRISE.

Là, trois salles de classe, un bureau et un magasin ont été construits. Ce Programme a également réalisé des latrines et installé un système solaire photovoltaïque.

@LK

L’école compte 578 élèves. 98% sont des déplacés internes selon la Directrice Valérie Dianda. Ces derniers ont été confrontés à des problèmes d’intégration au début de leur inscription.

“Ils étaient réticents au début. Ils avaient peur. Mais aujourd’hui, avec la sensibilisation, ils ont compris qu’on est égal”, a-t-elle relaté. La responsable de cette école dit être reconnaissante au PRISE pour les infrastructures réalisées.

“Nous sommes heureux d’avoir bénéficié des infrastructures du PRISE. Sincèrement, ce sont des bâtiments pas comme les autres. Ces réalisations constituent un soulagement pour les enfants. Cela leur permet d’étudier dans la sérénité. Notamment les déplacés internes. Ces derniers ne pouvaient pas imaginer qu’ils travailleraient dans un joli bâtiment comme celui-ci, avec des brasseurs et de l’éclairage”, se réjouit-elle.

Des élèves en plein cours

La doléance principale est la réalisation d’un point d’eau. L’école ne dispose pas de forage. Les tentatives du PRISE d’en réaliser ont été vaines. L’eau semble éloignée de la surface.

“Nous n’avons pas d’eau. Les élèves sont obligés de venir à l’école avec de l’eau. Et lorsque cette provision finie, certains n’arrivent plus à suivre les cours”, explique Valérie Dianda.

Les responsables du PRISE disent être conscients de la situation. Et sont à pied d’œuvre pour permettre à cette école de bénéficier d’une pompe d’eau.

La recherche se poursuivra, disent-ils, afin de trouver le bon endroit pour réaliser cette infrastructure. D’autres expertises seront ainsi mises à contribution. La dernière option est celle de faire le raccordement depuis une autre école. Mais là, les dépenses pourraient être élevées.

Lire aussi | Réalisation d’infrastructures par le PRISE dans le Centre-Nord : “C’est de la qualité et cela donne envie de travailler” (Médecin-chef du district de Boussouma) 

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