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Burkina Faso/Procès détournement de 3 milliards FCFA : Amidou Tiégnan explique comment il a investi l’argent soustrait des caisses de l’Etat

« Dans ce que j’ai reçu, j’ai acheté un terrain à Bama (région des Hauts-Bassins), en face du goudron. Il s’agit d’un terrain de 1000 m2 sur un total de 3000 m2, chez un certain Compaoré Ousmane qui a, en sa possession, un permis. Nous sommes sur la procédure de morcellement qui n’a pas abouti jusqu’à présent. J’ai acheté les 1000m2 à 45 millions de francs CFA », a-t-il le prévenu Amidou Tiégnan ce 16 novembre lors de l’audience ECOFI au Tribunal de grande instance Ouaga 1. Et ce n’est pas tout. « Je reconnais les faits de blanchiment de capitaux », a-t-il déclaré.

« J’ai acheté un autre terrain à Bama. Je pratiquais des activités parallèles avec mon papa : de l’élevage et de l’agriculture. J’ai d’abord acheté 3ha. Et d’autres hectares ensuite. Au total 8 ha et demi. J’ai acheté le terrain avec les revenus de ces activités. Mais l’investissement sur le terrain, c’est issu du produit du détournement. Il y a quatre forages dont trois sont en bon état. J’ai investi environs sept millions FCFA par forage. J’ai également réalisé une ferme avec deux chambres salons, deux hangars et une maison de transformation de produits pour bétails. J’ai investi 120 millions FCFA pour la ferme. Également une auberge avec une vingtaine de chambres en construction, des piscines en construction, des groupes électrogènes, la clôture, des hangars, des WC. Tous les huit hectares ont été clôturés. J’estime l’investissement à 150 millions FCFA à ce niveau.

Il y a également deux piscines en construction d’une valeur totale de 50 millions FCFA.

Les animaux de la ferme (18 autruches, 6 porcs épics, deux antilopes, un coba, huit pans, 23 canards sauvages, 16 bœufs dont 14 pour moi et 2 pour mon père et deux grues couronnées. La valeur des bœufs est de 4 200 000 FCFA dont 300 mille par tête. L’ensemble des autres animaux a coûté environ 10 millions.

A Bobo Dioulasso, j’ai acquis une parcelle en 2014 grâce à un prêt bancaire et des activités de l’embouche bovine. J’ai régularisé la situation en 2017 pour avoir les papiers en mon nom. J’ai investi environ 20 millions FCFA sur cette parcelle.

J’ai aussi une cave en construction sur deux terrains, l’un à 10 millions et l’autre à 5 millions.  L’investissement réalisé tourne autour de 25 millions FCFA. J’ai obtenu avec CGE immobilier trois parcelles à Koubri. Chaque parcelle a coûté 4 millions 750 mille.

Il y a également le maquis « Siguin voussé », bâti sur un terrain de 0,25 hectare dans une zone non lotie, acquis en 2023. L’investissement total est estimé à 72 millions FCFA. Un ami a également participé à cet investissement.

J’ai acheté un véhicule Lexus à environ 30 millions FCFA. Un autre véhicule Lexus à 8 millions FCFA, un véhicule Mercedes à 13 millions. En plus, un véhicule Chevrolet accidenté que mon ami a envoyé des Etats-Unis mais je n’ai pas encore acheté ce véhicule. Le véhicule, d’une valeur de 27 millions, a été dédouané. J’avais un hôtel (une auberge R+2) en construction à Rayongo et je devais le rembourser à partir des revenus générés par cette auberge qui nous appartiendrait tous les deux dès que la construction est terminée.

J’ai également construit un bâtiment R+1 à hauteur de 20 millions pour ma maman.

J’ai aussi acheté trois citernes. L’un est le produit de l’infraction. Le prix de chaque citerne est de 45 millions FCFA. J’ai deux camions bennes, 35 millions FCFA l’unité.

4 parcelles également à Bobo Dioulasso. 4,5 millions chacune. L’un est au nom de Sanou Ali. J’ai également comme biens, deux bus à 70 millions FCFA, un véhicule Ford à 10 millions.

Mon petit frère a acquis un véhicule Heilander mis en location à Bobo Dioulasso. Pour l’achat, j’ai complété ses fonds avec 7 millions FCFA. J’ai également acquis un véhicule de marque Ford d’une valeur estimée à 10 millions FCFA.

J’ai investi 7 millions dans la pisciculture au barrage de Samandéni.

J’ai aussi dépensé dans le maraboutage et dans le PMU-B (jeux de hasard, NDLR). J’ai tué beaucoup de bœufs pour les sacrifices. Chaque semaine, je faisais des sacrifices dans des endroits sacrés. J’ai tué des chameaux. Je ne peux pas estimer la valeur de tout cela. Je ne peux pas quantifier le nombre de bœufs que j’ai abattus. C’est trop. Je le faisais pour me préserver parce que j’avais plein d’ennemis »

Selon le parquet, Amidou Tiégnan a offert une dizaine de motos scooters à une catégorie particulière de personnes. « C’est l’occasion pour nous d’interpeler toutes ces personnes qui ont des cadeaux de monsieur Tiégnan de s’empresser d’aller les remettre auprès des autorités compétentes. S’ils attendent que le ministère public vienne vers eux, nous n’aurons pas d’autres choix que de les poursuivre pour recel. Pas seulement les motos, il y aussi des véhicules et certainement d’autres parcelles qui ont pu être acquises pour certaines personnes », a déclaré le Procureur. Qui indique également que les numéraires saisis à ce jour dans le cadre de l’enquête se chiffres à environ 174 millions FCFA. Pour l’essentiel, ce sont des gens qui avaient reçu des sommes d’argent de monsieur Tiégnan, soit pour une acquisition, soit pour des prestations qu’ils n’ont pas pu effectuer. Ils ont été interpellés et ils ont fait le versement au niveau de la police judiciaire. Nous avons reversé l’argent dans un compte « ANAGRAS ».

Le parquet rappelle certains biens mal acquis non cités par Tiégnan à l’audience. Par exemple une station d’essence. « Je peux estimer les investissements de cette station à 50 millions FCFA. J’ai aussi acheté trois scooters pour ma femme et ma fille (1 200 000, 900 000 et 800 000 FCFA) et une moto Winner pour mon petit frère étudiant (1 350 000 FCFA) », affirme le prévenu. Qui indique qu’il a un salaire situé entre 250 000 FCFA et 300 000 FCFA. Et qu’il a obtenu, au titre des biens mal acquis 900 millions FCFA seulement en 2024.

Tiégnan dit avoir été candidat, en 2020, pour la députation au titre de l’Union pour République et la Démocratie (URD). J’ai investi sept millions pour la campagne électorale, confie-t-il.

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