On croyait que le procès se tiendrait, enfin, ce 29 novembre. Mais c’était peine perdue. Le principal protagoniste de cette affaire, Amidou Tiégnan, s’est présenté à la barre, visiblement malade. Mais il y a eu un gros doute sur son état de santé. Le tribunal a finalement ordonné une expertise afin de savoir ce qu’il en était exactement. La Direction générale de l’hôpital Yalgado, où le prévenu a déjà reçu des soins suite l’audience du 26 novembre, a un délai de 48 heures pour fournir un rapport d’expertise sur son état de santé. Dans ce contexte, le dossier a été renvoyé au 3 décembre.
Il fallait avoir le cœur net sur l’état de santé du prévenu Tiégnan. Un infirmier de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) est appelé à la barre. Invité par le tribunal à donner des détails sur l’état de santé de l’intéressé. Est-il en état d’être jugé ? L’infirmier affirme ne pas pouvoir répondre à cette question, prétextant que le prévenu avait été pris en charge à l’hôpital Yalgado et non à la MACO. Et que les spécialistes de cet hôpital étaient habilités à donner des détails en la matière.
Le parquet, se basant sur des informations préalablement reçues de l’infirmerie de la MACO, affirme que « ses constantes sont normales ». Et que de ce fait, il est en état d’être jugé. Il s’est donc opposé à un report. Ajoutant même que le prévenu simule sa maladie. « Si on présentait un film au festival de Cannes, Monsieur Tiégnan en sortirait vainqueur. Depuis le début du procès, il a passé son temps à nous leurrer. C’est un très bon acteur », a-t-il déclaré.
L’Agent judiciaire de l’État (AJE) s’est, lui aussi, opposé à un autre renvoi du dossier. Estimant que l’attitude du prévenu était assimilable à une « stratégie dilatoire ». « Depuis le début du procès, monsieur Tiégnan invoque son état de santé pour retarder l’avancée du dossier. Il faut qu’on nous dise clairement de quoi il souffre ; car à ce jour, nous n’avons aucune information précise à ce sujet », a-t-il déclaré.
Parole maintenant au Réseau national de lutte anti- corruption (REN-LAC). Son représentant, Me Prosper Farama, insiste plutôt sur la nécessité de garantir un « jugement équitable » pour l’ensemble des parties. Il déplore cependant que l’infirmier de la MACO n’ait pas délivré de certificat médical. Surtout qu’à l’audience du 26 novembre, le prévenu avait invoqué des problèmes de santé. Et que cela avait conduit au report du procès. Un certificat médical aurait permis de savoir, dit-t-il, avec exactitude « l’état de santé du prévenu ». Et ainsi décider si le procès devrait avoir lieu ce 29 novembre. Ou s’il fallait solliciter un renvoi du dossier comme l’ont souhaité, avec instance, les conseils du prévenu.
Finalement, le tribunal a ordonné une expertise. Et donné 48h à la direction générale de l’hôpital Yalgado pour fournir un rapport à ce sujet. Le dossier a ainsi été renvoyé au 3 décembre. Affaire à suivre.