Le paludisme est la première cause de consultation et d’hospitalisation dans les hôpitaux au Burkina Faso, malgré les multiples campagnes de lutte et de sensibilisation. En 2021, le pays a enregistré 12 231 886 cas de paludisme, dont 4 355 décès, selon l’organisation internationale GAVI. Face à cette situation alarmante, la distribution du premier vaccin antipaludique, le RTS,S, devrait permettre de protéger la population, en particulier les enfants vulnérables.
En octobre 2021, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a autorisé le déploiement du premier vaccin antipaludique, le RTS,S en Afrique. Ce vaccin a été développé par des chercheurs de l’Université d’Oxford au Royaume-Uni et de l’Institut de recherche en sciences de la santé de Nanoro au Burkina Faso. Il a été démontré qu’une injection de rappel du candidat vaccin avait une efficacité de 80 % sur les enfants qui ont reçu la dose la plus élevée après un premier traitement en trois doses. Cette efficacité a été maintenue pendant deux ans après l’administration du rappel selon GAVI.
Le Burkina Faso compte sur l’aide de ses partenaires, notamment Gavi, l’Alliance du vaccin pour l’acquisition du vaccin RTS,S. En collaboration avec ces partenaires, le pays envisage de vacciner au moins 250 000 enfants à partir de 2023, afin d’accélérer l’agenda de déploiement à grande échelle de ce vaccin en Afrique.
18 millions de doses au profit de 12 pays africains
Pour répondre à la forte demande, 18 millions de doses du vaccin RTS,S/AS01 ont été envoyées à 12 pays d’Afrique pour la période 2023-2025, dont le Burkina Faso, selon l’Unicef. Les premières doses devraient arriver dans le dernier trimestre de l’année 2023 pour être administrées en début d’année 2024.
La priorité est accordée aux régions où les enfants sont exposés au risque le plus élevé de contracter la maladie et d’en décéder. Cette étape est essentielle pour lutter contre le paludisme et réduire le nombre de décès liés à la maladie. « Cette première distribution de doses de vaccin antipaludique vise en priorité les enfants exposés au risque le plus élevé de décéder du paludisme. La forte demande suscitée par le vaccin et la portée considérable de la vaccination infantile permettront d’accroître l’équité en matière d’accès à la prévention du paludisme et de sauver de nombreuses vies d’enfants. Nous travaillerons sans relâche pour augmenter l’offre jusqu’à ce que tous les enfants à risque puissent bénéficier de ce vaccin », pense Kate O’Brien, directrice du département de l’OMS chargé de la vaccination, des vaccins et des produits biologiques.
Depuis 2019, le Ghana, le Kenya et le Malawi ont administré le vaccin antipaludique dans le cadre du Programme de mise en œuvre de la vaccination antipaludique. 1,7 million d’enfants ont bénéficié de ce vaccin dans ces pays. Il s’est avéré « sûr et efficace, entraînant une réduction considérable des cas graves de malaria et du nombre de décès chez les enfants ». Au moins 28 pays africains ont manifesté leur intérêt pour recevoir ce vaccin.
Cette première distribution de doses du vaccin RTS,S/AS01 permettra à neuf autres pays, notamment le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, le Libéria, le Niger, l’Ouganda, la République démocratique du Congo et la Sierra Leone, d’introduire pour la première fois le vaccin dans leurs programmes de vaccination de routine. Les premières doses de vaccin devraient être délivrées dans ces pays d’ici le dernier trimestre 2023 et administrées au à partir de janvier 2024.
Le vaccin antipaludique constitue une avancée majeure dans la lutte contre le paludisme, offrant aux enfants une meilleure chance de survie dans les régions à fort taux de prévalence comme le Burkina Faso. « Ce vaccin a le potentiel de marquer un tournant dans la lutte contre le paludisme et, s’il est largement déployé en parallèle d’autres interventions, de prévenir des dizaines de milliers de décès chaque année », renchérit Kate O’Brien.