A la UneSociété et Culture

Burkina Faso : le sacerdoce des fonctionnaires dans les zones rouges

La crise sécuritaire que traverse le Burkina Faso a entraîné son corollaire de conséquences.  Plusieurs villes sont sous blocus des groupes armées terroristes (GAT).  Malgré la hantise de se faire tuer à n’importe quel moment par les terroristes, des agents de la fonction publique ont décidé de rester pour représenter l’Etat et venir en aide aux populations  vulnérables. Joint au téléphone par 24heures.bf, des fonctionnaires confient leurs quotidiens tumultueux.

Représenter l’Etat burkinabè dans les confins du territoire, c’est l’une des missions des agents de la fonction publique. Auparavant adulés par les populations hôtes, ils sont depuis quelques années les cibles premières de la furie des terroristes. Mues par l’instinct de survie, plusieurs fonctionnaires ont déserté leurs postes, alimentant ainsi le désespoir des populations qui se sauvent également loin de leurs terres natales. 

D’autres, malgré la pression, restent et décident d’accompagner, à leur manière, les Forces de défense et de sécurité et les Volontaires pour la défense de la patrie. 

Le Sahel est l’une des régions les plus touchées par la crise sécuritaire. Alex (nom d’emprunt) est resté dans cette région pour exercer son métier de médecin. Malgré la détérioration de ses conditions de travail, il reste fidèle à son serment. « J’ai décidé de rester pour soigner les malades; ils ont besoin de nous. Sans médecin, c’est la catastrophe. Et si on fuit tous, c’est comme si on libérait les zones pour les groupes armés terroristes », confie-t-il.  « Les nuits, quand nous sommes  seuls, nous avons peurs que des terroristes viennent nous enlever, mais nous restons pour contribuer  au  retour de la paix », renchérit-il.

Antoine, lui, est professeur dans un village menacé par les terroristes dans la région des  Hauts-Bassins. Son choix de rester pour accompagner ses élèves dans la préparation des examens scolaires lui coûte cher . «  Ici, nous n’avons plus de réseau téléphonique burkinabè; nous utilisons les puces et le  réseau d’un pays voisin pour être en contact avec nos proches. Je peux passer des jours sans nouvelles d’eux.  Parfois, ils ont peur que quelque chose m’arrive », déclare-t-il, la voix enrouée.  La situation sécuritaire est délétère dans ce village. «Une fois en classe, nous ne sommes pas  tranquilles; le moindre bruit de moto fait naître la peur. La nuit également, nous avons  peur de fermer l’œil de peur de nous faire attaquer ». 

Ses motivations, c’est le fait de penser à ces élèves qui comptent sur lui et qui suivent les cours malgré la peur. Il affirme également que le combat contre le terrorisme n’est pas uniquement sur le plan militaire. «Tous ensemble, nous devrions contribuer à ce que le pays ne tombe pas. Nous soutenons le pays à notre manière ».

« La détermination des Forces combattantes nous galvanise davantage »

Afin de venir à bout du terrorisme, le président de la transition, l’Etat avait procédé a un  recrutement massif de Volontaires pour la défense et la patrie (VDP). Aux côtés des  Forces de défense et de sécurité (FDS ), ils  mènent des actions, rivalisant en bravoure, permettant ainsi le démantèlement de plusieurs bases terroristes et le retour de certaines populations  dans leurs localités d’origine. Cette hargne de vaincre des forces combattantes rassure Antoine, professeur dans la région des Hauts Bassins:  » Nos FDS et VDP font du bon boulot, leur détermination nous galvanise davantage à ne pas baisser les bras ».

Au début de l’année scolaire 2022-2023, l’école où enseigne Antoine et plusieurs autres établissements scolaires de la région des Hauts-Bassins ont été fermés à cause de la détérioration de la crise sécuritaire. Mais depuis quelques mois, grâce aux actions de sécurisation du territoire,  » nous avons pu réouvrir les portes de nos établissements. On ne s’imaginait pas qu’on allait revenir « , declare-t-il.

Pour Alex, médecin dans la région du  Sahel, les efforts de l’armée sont visibles et sont encourageants, même si les GAT mènent des représailles sur les civils. « Il y a eu un moment où il n’y avait ni  électricité, ni eau à cause des sabotages des GAT. Les FDS ont permis la sécurisation des sites pour que les techniciens puissent faire les travaux.  » 

Grâce également à l’accompagnement des FDS et des VDP, la ville de Alex a pu être ravitaillée plusieurs fois en vivres. 

Ils sont souvent oubliés, mais les fonctionnaires  qui se battent entre la terreur et la ferme volonté de représenter l’Etat dans les zones rouges sont nombreux. Leur souhait est que le pays retrouve sa paix d’antan. Et pour cela, ils jouent leur partition pour que le pays ne sombre pas entre des mains ennemies.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page