Le mouvement Servir et non se servir (SENS) s’est prononcé ce 27 juin concernant les récentes sanctions prises contre des médias. Mais également sur des cas d’“enlèvements”. Il mentionne ici le directeur de publication du bimensuel d’investigation L’Événement Serge Atiana Oulon et l’un des chroniqueurs de la télévision BF1, Kalifara Séré. Ainsi, le SENS invite le gouvernement de transition à libérer, “sans conditions, toutes les personnes enlevées”.
“Nous appelons à la libération immédiate et sans condition du Directeur de publication de L’Événement et du chroniqueur de BF1”, indique le SENS dans une déclaration publiée vendredi. Ce mouvement politique appelle également à la libération de “tous les citoyens arbitrairement détenus dans des lieux inconnus de leurs proches et de leurs avocats”.
Il dénonce des “menaces” sur la télévision privée BF1. En effet, des manifestants se présentant comme des soutiens du régime de transition se sont rendus dans les locaux de cette télévision privée le 25 juin dernier. Ils ont entre autres demandé au média de “changer de ligne éditoriale”. Cela fait suite à des propos du chroniqueur Kalifara Séré remettant en cause la date des images diffusées par des structures publiques concernant un don de sang effectué par le Chef de l’État, le Capitaine Ibrahim Traoré.
“Les médias burkinabè ont été la cible de plusieurs attaques de la part du régime du MPSR2”, déclare le mouvement SENS. A travers ses relais dans des institutions et dans la société, insiste-t-il.
Il estime que la suspension du journal “L’Evénement” le 20 juin dernier, pour un mois, est de trop. De même que celle de l’émission 7info de BF1 pour deux semaines. Sans oublier la mise en demeure du site d’information en ligne Lefaso.net.
“Ces décisions sont les dernières illustrations d’une presse sous cloche avec comme geôlier le nouveau CSC”, déclare le mouvement.
Tout en insistant sur le fait qu’une “réforme controversée” de 2023 ait permis la mise sous influence de la Présidence du Faso de l’organe de régulation des médias en lui ôtant, dit-il, toute son indépendance. Le mouvement évoque par là, l’adoption de la loi portant nomination du président du CSC par le Président du Faso le 21 décembre 2023.
En plus des sanctions, le régime de Transition a décidé, selon le SENS, de “s’attaquer aux acteurs médiatiques les plus critiques avec objectivité de sa gouvernance”.
“Kalifara Séré et Serge Atiana Oulon ont en commun d’avoir participé à la dernière émission 7 info de BF1”. Ces derniers, selon le SENS, se sont interrogés sur le silence du Président de la Transition après l’affaire dite « incident de la roquette à la RTB ».
Pour le mouvement, leurs analyses critiques n’auraient pas plu aux “princes du moment”, faisant référence aux membres du MPSR2.
Ce fait, selon SENS, justifie leur enlèvement et séquestration. Il rappelle que quelques jours plus tard, la télévision BF1 a vu son siège envahi par une “horde de manifestants pro-régime”. Des pratiques qui, dit-il, ne sont pas nouvelles sous le magistère du Capitaine Ibrahim Traoré. “Au contraire, elles tendent à devenir sa marque déposée”, insisté le mouvement SENS.
Il apporte, de ce fait, son soutien à l’ensemble des médias qui, dit-il, vivent l’une des pages les plus sombres de leur histoire. “Particulièrement aux médias injustement frappés par les sanctions du CSC”, précise-t-il.
Ces événements, selon le SENS, sont le “prolongement de la stratégie de monopolisation de l’espace public et de la volonté du régime du MPSR2, de contrôler l’opinion des Burkinabè”.
Par ailleurs, le SENS dit saluer le travail des médias engagés à informer les Burkinabè dans un contexte de “répression des libertés les plus élémentaires”. “Ces médias font preuve d’une exceptionnelle résilience qui mérite respect et considération”, souligne-t-il.
Il exhorte également le MPSR2 à “revenir dans le giron de l’État de droit, seul gage de l’unité et de la cohésion pour lutter efficacement contre tous les terroristes”. Il s’agit, selon ce mouvement, de la priorité du moment. “Des terroristes endeuillent nos vaillantes forces combattantes et nos populations civiles”, se lamente le mouvement.
Selon le SENS, “le peuple burkinabè a opté pour la démocratie et l’État de droit, où le rôle des médias est fondamental”. Il rappelle ici “l’importance” du respect de ce choix et de faire confiance aux médias. Ces derniers, selon le mouvement, n’ont “jamais été pris à défaut quant à leur professionnalisme depuis le début de la crise sécuritaire”. Ils ont toujours fait prévaloir, dit-il, leur responsabilité sociale pour préserver l’intérêt supérieur du pays.
Lire aussi : | Burkina Faso : L’émission “7Infos” de la télévision BF1 suspendue pour deux semaines, le média prend “acte”