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Burkina Faso/Affaire Vincent Dabilgou : les avocats de Jean Gabriel Séré plaide pour l’excuse absolutoire

Plus de deux semaines après le début du procès sur l’ « affaire Vincent Dabilgou », l’heure est à la plaidoirie des avocats de la défense. Les  avocats de Jean Gabriel Séré (ex-DAF du ministère des Transports)  sont les premiers à se prêter à l’exercice. Pour eux, leur client ne nie pas sa culpabilité et mieux, il dénonce les autres. Ils ont estimé qu’il peut bénéficier de l’excuse absolutoire.

Les avocats de Jean Gabriel Séré se sont appuyés sur l’article 335-2 du code pénal pour leur plaidoirie. Selon cet article, « bénéficie d’une excuse absolutoire dans les conditions prévues par le présent code pénal, quiconque auteur ou complice d’une ou de plusieurs infractions prévues par le présent chapitre, qui, avant toute poursuite, révèle une infraction aux autorités administratives ou judiciaires ou aux instances concernées et permet d’identifier les personnes mises en cause ».

Me Ouali, avocat de Jean Gabriel Séré,  explique que son client peut bénéficier des grâces de cet article : « depuis juin 2022, mon client a  été incarcéré à Ziniaré pour subornation de témoins dans le cadre de cette même campagne électorale. Durant son incarcération,  il a approché notre cabinet. Et il nous a dit que c’est maintenant qu’il comprend la politique.C’est à partir de cet instant qu’il a décidé de dénoncer. En août 2022, il nous a demandé d’approcher le parquet afin de l’informer que dans le cadre de cette même campagne électorale, il y a d’autres infractions ». Pour Me Ouali, c’est grâce à cette dénonciation que tous les prévenus dans cette affaire le sont. Son client aurait donc contribué à mettre la puce à l’oreille des enquêteurs.

Pour Me Bado, Jean Gabriel Séré a sauvé l’Etat burkinabè. « Il a épargné l’État du pire. Il nous a sauvé par son honnêteté, son courage, sa collaboration et sa repentance. Faut-il sévir contre le sauveur? », interroge-t-il. Il ajoute que son client a agi sur instruction de Vincent Dabilgou même si ce dernier « a tenté vainement de nier en produisant des pièces qui se sont avérées fausses ».

Affaire Vincent Dabilgou : « 80 motos ont été achetées pour le compte du NTD avec l’argent du ministère » (Jean-Gabriel Seré) 

« M Seré n’a t’il pas subi une contrainte morale? Nous pensons que c’est le cas. Nous savons que Vincent Dabilgou ne peut pas nommer quelqu’un sans le mettre dans une situation de dépendance », continue Me Bado. De ce fait, il plaide pour le bénéfice de la contrainte morale pour son client.

Pour Me Minoungou, membre du conseil de la défense de Jean Gabriel Séré, son client ne doit pas faire la prison. Selon lui, il a participé à la manifestation de la vérité. Sa relaxe sera encourageante et suscitera le désir d’autres personnes de dénoncer. « Il faut que les gens sachent qu’ils peuvent aider à la manifestation de la vérité. Si vous renvoyez ce monsieur à la Maison d’arrêt, le message ne va pas passer », déclare Me Minoungou. Il part plus loin en affirmant que Jean Gabriel Séré risque gros dans ce procès : « Il a mis sa vie en jeu dans ce procès. Est-ce qu’ après ça, il aura du travail; est-ce qu’il va conserver son poste? Imaginez le nombre de personnes qui sont fâchées contre Seré à  l’heure où je parle », déclare Me Minoungou à l’aide de grands gestes agrémentés par sa grande toge noire et blanche.

Pour les avocats de Vincent Dabilgou,ce procès permettra aux uns et aux autres de réfléchir,  encore et encore, sur leur manière d’utiliser l’argent public. 

En rappel, le procureur a requis une peine de 24 mois et une amende de 10 millions le tout ferme contre Jean Gabriel Séré. Il a également requis une dégradation civique de privation de son droit de vote et d’éligibilité ainsi que du droit de décoration pendant 5 ans et  un mandat d’arrêt à son encontre.

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