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Burkina Faso/Affaire Vincent Dabilgou : « J’ai remis plus de 10 millions FCFA à l’ex-ministre pour sa campagne » (Edouard Bado, témoin)

Edouard Bado, ami de l’ex-ministre Vincent Dabilgou, affirme à la barre, ce 30 juin, avoir soutenu financièrement son « ami » dans le cadre de sa campagne électorale en 2020. Il dit n’avoir pas compté le montant mais estime qu’il  « dépasse le seuil de 10 millions FCFA ». Les débats se sont cristallisés sur les preuves de ses affirmations.

« J’ai soutenu Vincent Dabilgou financièrement dans le cadre de sa campagne. Je ne me rappelle pas du montant exact. L’argent a été remis à plusieurs reprises. C’est plus de 10 millions. Peut-être même que ça atteint 20 millions », déclare le prévenu.

« Est-ce que vous avez des preuves ? », demande le procureur. Le temoin répond par la négative. « Non. J’ai donné à mon ami; je ne savais pas que j’allais être appelé ici un jour pour témoigner. Je n’ai pas de preuve ». Cette réponse ne satisfait pas le procureur. Pour lui, si l’argent provient d’un compte bancaire, les preuves ne peuvent pas manquer. 

Le témoin ne se laisse pas faire et défie pratiquement le procureur. « Est-ce que hier, vous avez demandé des preuves à Apollinaire Compaoré (homme d’affaires, Ndlr) quand il a dit avoir remis deux millions FCFA à Vincent Dabilgou? »

Burkina Faso/Affaire Vincent Dabilgou : « je n’ai pas soutenu Dabilgou dans le cadre de sa campagne électorale » (Mahamadou Bonkoungou, PDG de EBOMAF)

S’en suit une vive discussion animée par le procureur et le témoin. Le premier voulant expliquer pourquoi des preuves n’ont pas été demandées à Apollinaire Compaoré, et le deuxième, visiblement énervé, ne laisse pas le procureur aller au bout de ses propos. Exaspéré à un moment, le procureur tape du poingt sur la table. Tous les regards se tournent vers lui. Le président est obligé de ramener le calme dans la salle.

« Laissez-moi parler; pourquoi vous me coupez la parole? Vous pensez que nous avons peur de Apollinaire Compaoré ? On n’a pas eu peur de lui. Il a dit qu’il se pourrait qu’il ait  remis de l’argent. Il n’a pas été formel. C’est pour cela que nous ne lui avons pas demandé de pièces », lance le procureur,visiblement remonté.

Il ressort également que Édouard Bado a rendu une visite à Vincent Dabilgou pendant sa détention à la gendarmerie avant d’être entendu par l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC). Pour le procureur, ce fait entache la véracité des affirmations du témoin.

Après les tractations entre le témoin et le procureur, le ton monte une fois de plus entre le témoin et Me Ouali, un avocat de la défense de l’ex-DAF du ministère des Transports, Jean Gabriel Séré. Me Ouali doute des affirmations du témoin. Pour lui, sans preuve, c’est difficile de croire. Il revient sur la somme de 20 millions évoquée par Édouard Bado.

Malgré le poste du témoin dans une entreprise française, Me Ouali « estime que c’est difficile d’avoir 20 millions, à moins qu’il ait volé ». « Ne me traitez pas de voleur. Je peux vous payer » lance le temoin en rejoignant sa place. 

Les murmures inondent la salle d’audience. Édouard Bado, visiblement remonté par le qualificatif « voleur » ne veut pas se rasseoir facilement. Le président suspend l’audience pour cinq minutes afin de calmer les tensions.

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