L’Armée burkinabè célèbre, le 1er novembre, la 63e année de sa création. En prélude à cet événement, l’État-major général des armées a organisé, ce 29 octobre, une séance de don de sang et de consultation dentaire au bénéfice de la population. L’activité s’est déroulée à la Place de la Nation, à Ouagadougou. Objectif : aider les personnes dans le besoin, surtout dans un contexte où, du fait de l’épidémie de dengue et de la crise sécuritaire, la demande est de plus en plus importante.
Ils ont été nombreux à se rendre à la Place de la Nation de Ouagadougou ce dimanche. Les uns pour donner leur sang, les autres pour se faire examiner les dents.
« Cette séance de don de sang a été organisée pour permettre de renforcer la disponibilité en sang des structures sanitaires », note le Colonel Doléan Minoungou, président du Comité d’organisation. « Le don de sang est un acte de solidarité. Nul ne devrait mourir par manque de sang », ajoute-il.
Le Chef d’État-major général des armées, le Colonel-major Célestin Simporé, qui était sur les lieux, a bien voulu montrer le bon exemple en donnant ce liquide précieux.
La méthode est simple, explique un agent de santé : le bénévole donneur de sang renseigne une fiche. Par la suite, un agent de santé se charge de prendre son poids et sa tension. Il sera reçu par un autre agent de santé pour un entretien médical, question de vérifier si ses antécédents médicaux lui permettent de se prêter à l’exercice.
Cet examen prend aussi en compte les récents comportements à risques développés par le donneur de sang. La possibilité ou pas de faire le prélèvement dépend des résultats de l’ensemble de ces données.
Issa Niamba fait partie des dizaines de personnes qui ont effectué le déplacement à la Place de la Nation pour donner leur sang.
« Si mon sang peut sauver des vies, j’accepte de le faire. Peut-être qu’un jour, j’en aurai besoin, et quelqu’un d’autre pourra me venir en aide », déclare-t-il avant d’inviter ses concitoyens à venir donner leur sang car, dit-il, « en donnant, vous créez la possibilité de pouvoir en recevoir en cas de besoin ».
Harouna Ouédraogo, ressortissant du Nayala, est également là pour donner son sang. A ses côtés, son jeune frère, venu aussi ce matin pour la même raison. Il confie cependant être à Ouagadougou pour chercher des opportunités d’enrôlement au sein des Volontaires pour la défense de la Patrie (VDP).
« On nous a dit que le sang que nous donnons permettra d’aider nos aînés qui sont sur le champ de bataille, et c’est ce qui nous a motivé », précise-t-il.
Wilfried Garané, Bagamzaré Drissa et plusieurs dizaines de personnes de leur génération ont quitté d’autres provinces pour Ouagadougou avec le même objectif : s’enrôler aux sein des VDP. L’opération de don de sang, organisée par l’Armée, est une opportunité pour eux de contribuer, disent-ils, à l’effort de guerre. Ils espèrent également, au moment opportun, leur recrutement et leur incorporation au sein des VDP.
Des femmes sont également présentes. Même si elles ne sont pas nombreuses ce matin du 29 octobre. Amandine Ouelé en fait partie.
« Nous sommes dans une situation de guerre; notre sang peut aider à sauver des vies. Notamment les éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) blessés sur le champ de combat. J’invite les Ouagalais à donner leur sang. C’est notre contribution pour l’effort de paix », lance-t-elle.
À côté de ces personnes venues individuellement donner leur sang, il y a celles qui ont été mobilisées par leur association. L’Association Djo Volontaire, par exemple, affirme avoir mobilisé une cinquantaine de ses membres pour l’activité.
« C’est un sentiment d’amour pour la patrie, un sentiment de reconnaissance à l’endroit des forces engagées sur le théâtre des opérations », déclare Abdala Youssef Coulibaly, président de l’Association Djo Volontaire.
Selon Gouwindmalgré Zagré, attaché de santé au Centre national de transfusion sanguine(CNTS), environ 1/13e du volume sanguin de l’organisme est prélevé, soit environ 400 ml. Après le prélèvement, « le bénévole reçoit, dit-il, une collation pour permettre à l’organisme de s’adapter rapidement et au bout de 15mn, l’intéressé peut vaquer à ses occupations ».
Peuvent donner leur sang les personnes bien portantes ayant un âge compris entre 18 et 60 ans. Pour les personnes de sexe masculin, le don de sang peut se faire tous les 3 mois. Et tous les 4 mois pour celles de sexe féminin.
En dehors des opérations spontanées, le CNTS a deux sites de collecte de sang : l’un à Paspanga, à côté de l’hôpital Yalgado Ouédraogo, et l’autre, près de l’hôpital Tengandogo (ex-Blaise Compaoré).
Le premier est opérationnel les jours ouvrables de 7h30 à 17 h et les samedis de 8h à midi. Le second, lui, accueille les donateurs tous les jours ouvrables de 8h à 14h.
« Nous invitons l’ensemble de la population à cultiver le don de sang de façon régulière; cela permettra de venir en aide aux malades. Présentement, l’épidémie de dengue et le paludisme font que les services de santé ont un besoin accru en sang. Il y a aussi les blessés de guerre », rappelle Gouwindmalgré Zagré.
Lors de cette collecte de sang initiée par l’Armée, le CNTS espère mobiliser 300 poches de sang, précise l’attaché de santé. L’affluence constatée devrait permettre, dit-il, d’atteindre cet objectif.
En plus de la séance de don de sang, se déroule une consultation bucco-dentaire gratuite.
Selon les organisateurs, l’objectif est de permettre à l’Armée de s’ouvrir aux populations en leur offrant des opportunités de consultation gratuite.
Kokou Mihesso, journaliste à la télévision LCA, qui était sur les lieux pour un reportage, a saisi l’occasion pour se faire examiner.
« Le diagnostic a été fait; on m’a dit le problème que j’avais. J’ai aussi été orienté par rapport au service où le mal peut être traité. Je traîne ce mal depuis longtemps. Aujourd’hui, les agents de santé m’ont conseillé de faire le traitement tôt pour éviter toute complication », a-t-il confié.