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Burkina Faso/25e anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo : “Le message reste le même : Vérité et justice”(AJB) 

Ce 13 décembre marque le 25e anniversaire de “l’assassinat” du journaliste d’investigation et Directeur de publication de l’hebdomadaire L’indépendant, Norbert Zongo. Des acteurs des médias, des défenseurs des droits humains et de la liberté de la presse, des organisations de la société civile et de nombreux citoyens lui ont rendu hommage et réclamé justice en sa faveur ce 13 décembre.

Ils ont été nombreux à se rendre au cimetière de Gounghin, Ouagadougou, pour rendre hommage à Norbert Zongo et ses trois compagnons assassinés le 13 décembre 1998. Depuis ces événements tragiques, leur engagement pour la justice n’a pas failli.

“25 ans jour pour jour que Norbert Zongo a été assassiné et brûlé à Sapouy ! C’est 25 ans aussi d’impunité et surtout de tergiversations judiciaires et politiques. Mais 25 ans, que le peuple du pays réel est débout avec la même détermination”, a déclaré le président de l’Association des journalistes du Burkina (AJB), Guezouma Sanogo.

Les organisateurs de cet hommage rappellent les circonstances de la mort du journaliste. Pour eux, les auteurs sont connus.

“Ce jour-là, un commando de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), la garde prétorienne de Blaise Compaoré, a tendu une embuscade à Sapouy au fondateur et Directeur de publication de L’Indépendant, journaliste émérite, et ses trois compagnons où ils ont été tués et brûlés”, relève Guezouma Sanogo.

Le président de l’AJB, Guezouma Sanogo, s’adressant à la presse/@LK

Le crime de Norbert Zongo est, dit-il, “d’avoir demandé vérité et justice pour David Ouédraogo, chauffeur de François Compaoré, torturé à mort au sein du Conseil de l’Entente”.

Justice

“Le commanditaire présumé du crime, François Compaoré refuse de se soumettre à la justice, malgré le mandat d’arrêt délivré contre lui”, indique l’AJB dans sa déclaration.

“Combien de temps les Burkinabè devront-ils encore patienter pour que justice leur soit rendue ?”, s’interroge le président de cette organisation.

Et il ajoute ceci : “Nous espérons le bout du tunnel pour très bientôt. Ce ne serait que justice, non seulement pour Norbert Zongo et ses compagnons, mais aussi pour les nombreuses victimes des répressions barbares qui ont émaillé les années de plomb de la lutte pour la vérité et la justice”.

“Les longues années de lutte, la répression, les tergiversations ne sont pas venues et ne viendront pas à bout de notre détermination”, a-t-il affirmé.

Restrictions de libertés

Le président de l’AJB dénonce une restriction des libertés dans le contexte actuel au Burkina.

“Que les nouveaux princes et leurs partisans prompts à applaudir toutes les restrictions à la liberté d’expression et de la presse en prennent de la graine. Que tous ceux qui se reconnaissant dans le sacrifice de Norbert Zongo, digne fils du Burkina et d’Afrique, cessent de hurler avec les loups”, a-t-il lancé.

À propos de restrictions des libertés, il cite la suspension de certains médias.

“Des médias étrangers et nationaux ont été suspendus, pire fermés. Des journalistes étrangers sont expulsés. Des journalistes, des défenseurs des droits humains, des activistes sont réquisitionnés pour le front”.

La tristesse demeure chez les proches et collègues des disparus/@LK

Pour lui, L’État burkinabè a lancé une traque contre les journalistes.

“ La volonté de traquer des journalistes et des défenseurs des droits humains est affichée depuis le sommet de l’Etat. Leurs relais, des activistes de la société civile et des réseaux sociaux, des analystes en tous genres, des experts et des intellectuels se font les apôtres de la diabolisation des médias et des journalistes. La haine contre les médias et les journalistes est telle que certains vont jusqu’à appeler à les guillotiner sur la place publique”, a-t-il déploré.

Et ce n’est pas tout. Des lois ont été, dit-il, taillé sur mesure pour régenter les libertés et les médias.

“La dernière loi en date, c’est la loi organique portant attributions, composition, organisation et fonctionnement du Conseil supérieur de la Communication (CSC). En vertu de cette loi, le Président du Faso nomme le Président du CSC; le Président du CSC dispose de pouvoirs exceptionnels. De même, les agents du CSC ont qualité d’Officiers de police judiciaire”, rappelle-t-il.

“Les temps sont réellement durs pour ceux qui, depuis huit ans, ne cessent de dénoncer les exécutions extra-judiciaires, les escadrons de la mort, les violations massives de droits humains. Les temps sont extrêmement durs pour ceux qui se mobilisent”, a-t-il alerté.

Le journaliste Norbert Zongo et trois de ses compagnons (Blaise Ilboudo, Ernest Zongo, Abdoulaye Nikiéma) sont morts le 13 décembre 1998 à Sapouy dans la province du Ziro (région du Centre-ouest) dans des circonstances non encore élucidées.

François Compaoré, frère cadet de l’ex-président Blaise Compaoré, actuellement en France, devrait être extradé dans le cadre de ce procès. Un mandat d’arrêt a été lancé contre lui. Ce dernier ne s’est pas soumis à la décision de justice.

La Cour européenne des droits de l’homme s’est finalement opposée à son extradition.

Raison invoquée : le gouvernement de Transition n’a pas réitéré les garanties d’une bonne justice au cas où il serait extradé.

Dépôt de gerbes en hommage aux martyrs de l’Insurrection populaire d’octobre 2014 et de la résistance au putsch de septembre 2015/@LK

À l’occasion de ce 25e anniversaire, les organisateurs ont procédé à un dépôt de gerbes de fleurs sur le tombeau de Norbert Zongo ainsi que celles des martyrs de l’Insurrection populaire d’octobre 2014 et de la résistance au putsch de septembre 2015.

Lire aussi| Burkina Faso/25e anniversaire de l’assassinat de Norbert Zongo : Un colloque scientifique en hommage au journaliste d’investigation

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