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Université Norbert Zongo : quand les étudiantes doivent choisir entre leurs études et leur enfant

Le 3 mars 2023, l’Université Norbert Zongo a émis une note de service interdisant l’accès aux salles de cours, travaux dirigés, travaux pratiques et évaluations à toute personne accompagnée d’un enfant ou d’un nourrisson. Cette note de service suscite des interrogations quant à sa pertinence et sa légitimité. Les nourrissons ont-ils leur place dans une salle de cours ? Cette mesure n’est-elle pas discriminatoire envers les étudiantes qui ont la responsabilité de s’occuper de leurs enfants ? Quelle solution alternative pour permettre la prise en charge des enfants ?

La note de service interdisant l’accès aux salles de cours, travaux dirigés, travaux pratiques et évaluations à toute personne accompagnée d’un enfant ou d’un nourrisson peut être considérée comme normale. En effet, les salles de classe sont destinées à l’enseignement et à l’apprentissage, et la présence d’un enfant ou d’un nourrisson peut perturber ces activités. Les pleurs ou les cris d’un bébé peuvent distraire les étudiants et les enseignants, réduisant ainsi la qualité de l’enseignement dispensé. 

Supposons une salle de 300 étudiants dont 10 étudiantes mères venues au cours, travaux dirigés, travaux pratiques et évaluations avec leur nourrisson. Si aux pleurs de chaque enfant, le professeur doit faire une pause de 5 à 10 minutes pour permettre à la mère de se frayer un passage pour aller s’occuper de son enfant, un cours de deux heures serait donc finalement réduit à environ une heure, voir moins. 

De plus, la présence d’un enfant ou d’un nourrisson dans un amphithéâtre peut poser des problèmes de sécurité, tels que le risque d’accident ou de maladie. En effet, les salles contiennent parfois des centaines d’étudiants et sont équipées de chaises et de tables souvent en fer. Une bousculade dans une salle de cours de l’Université Norbert Zongo, suite à la présence supposée d’un reptile, avait déjà occasionné des blessures légères sur des nourrissons qui se trouvaient dans la salle.

La mesure est juste, mais discriminatoire !

Malgré la justesse de cette mesure, elle peut être perçue comme discriminatoire envers les parents étudiants qui ont la responsabilité de s’occuper de leurs enfants. Il peut être difficile pour les parents de trouver une solution de garde pour leurs enfants, en particulier s’ils sont étudiants eux-mêmes. Par conséquent, cette interdiction peut être considérée comme un obstacle pour les parents qui cherchent à concilier leurs responsabilités familiales et leurs études.

Elle peut également affecter les étudiantes qui ont des besoins spéciaux, notamment celles dont l’enfant est malade ou a un handicap qui nécessite une assistance constante. Dans ce cas, il peut être difficile pour les étudiantes mères de trouver une solution de garde pour leurs enfants. Par conséquent, cette interdiction peut être considérée comme un obstacle au droit à l’éducation pour tous au Burkina Faso.

Que faire face à la situation ? 

L’une des solutions pourrait être de créer une crèche dans l’enceinte de l’université. Cela permettrait aux parents d’avoir un endroit sûr et adapté pour la garde de leurs enfants, tout en leur permettant de suivre les cours ou activités pédagogiques sans interruption. Une crèche pourrait également offrir des avantages supplémentaires, tels que des activités pour les enfants et la création d’un espace de vie sociale pour les parents.

Une crèche peut aussi fournir un environnement propice au développement et à une meilleure construction du capital humain de l’enfant, en lui offrant des programmes éducatifs et des activités stimulantes pour les nourrissons et les jeunes enfants. La contribution des organisations de protection et de défense du droit des enfants à la création de cette crèche peut réduire les coûts de garde aux étudiantes.

Cette solution profiterait non seulement aux étudiantes mères,  aux enseignantes mères, mais aussi au  personnel administratif de l’Université qui souhaite laisser un enfant en sécurité proche du lieu de travail.

En somme, la note de service de l’Université Norbert Zongo interdisant l’accès aux salles de cours, travaux dirigés, travaux pratiques et évaluations à toute personne accompagnée d’un enfant ou d’un nourrisson peut être considérée comme normale pour des raisons de sécurité et de qualité de l’enseignement. Cependant, cette mesure peut être considérée comme discriminatoire, car elle affecte particulièrement les étudiantes qui ont des responsabilités familiales et les étudiantes ayant des besoins spéciaux. La création d’une crèche dans l’enceinte de l’université peut être une solution à ce problème.

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