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Tribunal de Bobo-Dioulasso : un opérateur économique épinglé pour blanchiment de capitaux

Ouattara Bakoamé, opérateur économique de profession, a comparu le 17 avril 2023 devant les juges du pôle économique et financier du Tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso. Il lui est reproché des faits d’usure et de blanchiment de capitaux. Selon le parquet, l’accusé a créé illégalement une sorte de microfinance qui applique des taux d’intérêt non conformes aux prescriptions de la loi.

Les clients privilégiés de M. Ouattara étaient principalement des fonctionnaires ayant déjà contracté des prêts au niveau des établissements financiers et qui font toujours face à des difficultés financières. L’accusé se chargeait de leur octroyer des prêts de façon informelle avec un taux de remboursement allant de 40 à 60 %. 

Selon le procureur, cet acte est qualifié d’usure et de blanchiment de capitaux, car d’après les textes de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), les taux d’intérêts pour les prêts bancaires ne doivent pas dépasser 15 % pour les prestataires particuliers et 25 % pour les banques.

D’après l’accusé, les montants des prêts qu’il octroyait variaient entre 50 000 et 1 000 000 FCFA. A la barre, M. Compaoré, l’une des victimes, affirme qu’il a d’abord contracté un prêt de 50 000 FCFA qu’il a remboursé avec un surplus de 20 000 FCFA. « A la suite, j’ai pris un autre prêt de 280 000 F CFA. Mais finalement, c’est 400 000 FCFA que j’ai payé avec les intérêts y compris« , déclare-t-il. 

Selon le procureur, le jour de l’arrestation de M. Ouattara, plus d’une cinquantaine de cartes bancaires, cartes d’identité et de relevés bancaires ont été découverts à son domicile. Mais l’accusé affirme que ces pièces n’ont jamais été confisquées, mais plutôt oubliées par les souscripteurs eux-mêmes. 

Pour les juges, M. Ouattara a clairement profité de la vulnérabilité d’une certaine couche sociale pour se faire de l’argent de façon illicite. Mais les conseils de l’accusé ne partagent pas cette opinion des juges. « Au contraire, notre client a rendu service à des personnes qui étaient dans le besoin et qui n’avaient plus d’options. La preuve est qu’il ressort perdant de cette affaire, car certains n’ont toujours pas payé son argent« , avance l’un des avocats de la défense. 

Le procureur, dans ses réquisitions, a demandé au Tribunal de reconnaître Bakoamé Ouattara coupable des faits d’usure et de blanchiment de capitaux. Il appelle le Tribunal à condamner l’accusé à 3 ans de prison assortis de sursis et au paiement d’une amende de 4 140 000 FCFA ferme. Le délibéré du procès est prévu pour le 15 mai 2023.

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