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Sénégal/Présidentielle de février 2024 : L’ex-parti d’Ousmane Sonko désigne Bassirou Diomaye Faye candidat  

L’opposant sénégalais Bassirou Diomaye Faye a été désigné, ce 19 novembre, par les dirigeants du parti dissout “Pastef-Les Patriotes” comme candidat à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Ce choix a été validé par le président du parti Ousmane Sonko. Le Pastef a été dissous en juillet dernier par une note du ministère de l’Intérieur pour “appel à l’insurrection”. Sonko, lui, avait été éjecté des listes électorales. 

L’inspecteur des Impôts Bassirou Diomaye Faye, Secrétaire général du parti et proche de Ousmane Sonko, est le plan B du parti. Il remplace Sonko coincé par des déboires judiciaires. Ce dernier n’a pas réussi, malgré son recours à la justice, à réintégrer le fichier électoral, après avoir été radié des listes électorales suite à sa condamnation dans une affaire de mœurs l’opposant à une employée d’un salon de beauté de Dakar.

« Quatre personnalités proches de Ousmane Sonko, dont le député Guy Marius Sagna, ont déclaré dimanche avoir désigné Bassirou Diomaye Faye candidat à l’élection présidentielle du 25 février 2024 et demandé aux Sénégalais de parrainer sa candidature », rapporte l’agence de presse sénégalaise.

‘’Après nous être concertés tous les quatre et […] fait valider notre décision par le président Ousmane Sonko, nous demandons unanimement à tous les Sénégalais de lancer, à compter de ce lundi 20 novembre 2023, la campagne de parrainage du candidat Bassirou Diomaye Faye’’, ajoute la même source.

Ce parrainage, “nous le voulons, disent-ils, comme la meilleure réponse à la volonté du régime de confisquer les droits, le parrainage et la candidature du président Ousmane Sonko par de basses manœuvres.’’

Birame Souleye Diop, Abass Fall, El Malick Ndiaye et Guy Marius Sagna demandent aux Sénégalais d’aller ‘’massivement à la rencontre [des] collecteurs’’ des parrains en faveur de M. Faye.

Course contre la montre 

Les candidats à la candidature pour la présidentielle ont entamé, le 27 septembre, la course aux parrainages.

Les opérations de collecte de parrainages doivent s’achever au plus tard 83 jours avant le scrutin. La présidentielle étant prévue pour le 25 février 2024, la fin des opérations devrait tomber entre le 3 et le 5 décembre prochains, selon nos décomptes.

« Parrainer Diomaye Faye, c’est parrainer Sonko ». C’est le nouveau slogan des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) qui se lancent dans la campagne de parrainages à moins de trois semaines de la date butoir.

Le parti n’écarte cependant pas la possibilité d’une candidature d’Ousmane Sonko.

‘’Ses excellents avocats poseront tous les actes nécessaires à tous les niveaux juridictionnels, dans les heures et jours à venir’’.

Qui est ce successeur de Sonko?

Des membres du parti n’hésitent pas à faire l’éloge de cet “oiseau rare”, candidat à la tête d’un parti qui n’existe pas juridiquement avec, entre autres missions, de challenger le parti au pouvoir lors des prochaines échéances électorales.

Bassirou Diomaye Faye « a l’avantage d’avoir une légitimité forte au sein du parti », selon Ayib Daffé, député de l’ex-Pastef et coordonnateur de la campagne.

Il est le Secrétaire général du parti. Membre fondateur également de ce parti aujourd’hui dissout. Il est aussi un proche de Ousmane Sonko.

Cet inspecteur des Impôts est, tout comme Ousmane Sonko, derrière les barreaux.

En détention depuis avril 2023, il est poursuivi pour outrage à magistrat, diffamation et actes de nature à compromettre la paix publique, après avoir critiqué sur les réseaux sociaux, le comportement de certains magistrats. Mais son procès n’a pas commencé. La législation sénégalaise lui permet, tant qu’il n’est pas condamné, d’être candidat puisqu’il est jusque-là présumé innocent.

La formation Pastef appelle donc ses sympathisants à parrainer, en masse, ce candidat : c’est-à-dire recueillir au minimum 44 000 signatures à travers les six régions du pays. Pour le parti, récolter ces parrainages est une façon de montrer son poids politique et sa capacité de mobilisation.

C’est une façon aussi de revenir, dit-il, dans le jeu politique et la course à la présidentielle, dont le Pastef était exclu ces derniers mois, son candidat – radié des listes électorales – ne pouvant pas, pour l’heure, se présenter.

Péripéties

Le Pastef a été dissous en juillet dernier par une note du ministère de l’Intérieur pour “appel à l’insurrection”. Sonko, lui, avait été éjecté des listes électorales.

Le juge du Tribunal administratif de Ziguinchor, dans le sud du pays, avait ordonné en octobre dernier que Ousmane Sonko soit réintégré dans les listes électorales.

L’État sénégalais a interjeté appel. La demande de réintégration de Sonko était passée aux mains de la Cour suprême. Cette dernière a déclaré vendredi dernier avoir cassé et annulé la décision du tribunal de grande instance de Ziguinchor (sud du pays), ordonnant la réintégration de Sonko dans le fichier électoral.

Elle a également renvoyé les deux parties, M. Sonko et l’Agent judiciaire de l’État, devant le tribunal hors classe de Dakar.

Ce même jour, la Cour de justice de la CEDEAO a rejeté le recours déposé par les avocats d’Ousmane Sonko en vue de l’annulation de la dissolution du parti politique de l’opposant par l’État sénégalais.

La Cour de l’instance sous-régionale a estimé qu’aucun des droits d’Ousmane Sonko n’avait été violé.

Le tribunal de Dakar doit vider le contentieux dans les dix jours suivant le verdict de la Cour suprême. En cas de verdict favorable à Sonko, l’Agent judiciaire de l’État pourrait, une nouvelle fois, saisir la Haute juridiction. Dans ce cas, celle-ci devra définitivement vider le dossier. Le président de Pastef a choisi d’enclencher son plan B sans attendre cette éventualité.

L’opposant Ousmane Sonko est inculpé d’appel à l’insurrection, d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et d’atteinte à la sûreté de l’État, depuis le 31 juillet dernier. Il est placé en détention depuis le 28 juillet.

Il avait été déclaré coupable en juin 2023 pour “corruption de la jeunesse” et condamné par contumace à deux ans de prison ferme; ce qui le prive de ses droits civiques et politiques.

Pour le parti qui n’a plus d’existence légale aux yeux des autorités, une autre épreuve s’impose pour aller au bout de la logique de présence aux joutes de février prochain : trouver un parti politique ‘’sûr’’ pour être le ‘’véhicule’’ légal de la candidature de Bassirou Diomaye Faye, un parti en règle absolue avec les dispositions qui régulent le fonctionnement des partis politiques au Sénégal.

Certains analystes politiques estiment qu’il suffit “au plan B” de Pastef d’avoir une coalition ou un mouvement ou être indépendant pour être dans la course.

Le Pastef assure aussi que la candidature d’Ousmane Sonko n’est pas encore écartée, tant que tous les recours judiciaires ne sont pas épuisés.

Il laisse la porte ouverte à l’utilisation des parrainages des élus pour le soutenir, lui ou un autre candidat, ‘’jusqu’au jour même des dépôts’’.

Avec plus de 20 sièges à l’Assemblée nationale, le Pastef a largement les 13 députés nécessaires pour faire valider une candidature à l’élection présidentielle de février 2024.

Lire aussi |Sénégal/Élections de février 2024 : les représentants de Ousmane Sonko n’ont pas eu accès aux fiches de parrainage

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