
Le Sénégal est déterminé à assumer sa souveraineté militaire. Le pays a annoncé, en février dernier, le départ des forces françaises. Les “Boys” du président Emmanuel Macron ont jusqu’à fin 2025 pour quitter le pays. Alors qu’il célèbre ce 4 avril, le 65e anniversaire de son indépendance, le pays de Léopold Sédar Senghor a annoncé un investissement de 35 milliards FCFA pour la construction d’une usine de véhicules militaires tactiques. La réalisation de l’infrastructure est prévue à Mbacké, dans la région de Diourbel (Centre-ouest du pays).
Ce projet, d’un coût global de 35 milliards FCFA, vise la production annuelle de 1 000 véhicules destinés aux Forces armées sénégalaises. Objectif : booster la souveraineté militaire du pays. “Le Sénégal franchit un cap décisif dans sa quête de souveraineté militaire avec la mise en place prochaine d’une usine d’assemblage de véhicules militaires tactiques à Mbacké”, se réjouit la télévision publique sénégalaise RTS.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large de renforcement de l’autonomie industrielle du pays en matière de défense. Le 7 novembre 2024, un protocole d’accord a été signé entre l’État du Sénégal et la société Industrie Sénégal de Véhicules Militaires (ISEVEM). Ce partenariat, selon le média d’État sénégalais, inclut également la République de Corée dans une logique de transfert de compétences et de technologie.
“Ce projet est considéré comme un levier de transformation industrielle visant à soutenir l’autonomie des Forces armées sénégalaises”, a indiqué, vendredi, le Colonel à la retraite Antoine Wardini, ancien Chef de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (DIRPA), dans un entretien avec l’Agence de presse sénégalaise (APS). Il estime que les initiatives de développement de l’industrie militaire au niveau national permettra, à long terme, de réduire la dépendance aux fournisseurs étrangers. Et renforcer ainsi, la souveraineté militaire du pays.
En outre, souligne-t-il, cette usine n’est qu’un maillon d’une chaîne plus vaste. Le Sénégal a multiplié ces dernières années les initiatives pour poser les bases d’une véritable industrie de défense. En plus de l’ISEVEM, d’autres partenariats, à l’image de l’initiative AIDB-Industries, permettent de renforcer les capacités locales de maintenance et d’innovation technologique.
Pour encourager cette dynamique, le Chef de l’État sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a institué un Prix pour l’innovation technologique et industrielle à vocation militaire. Affichant ainsi sa volonté politique de faire du pays un acteur capable de concevoir et produire ses propres équipements.

Par ailleurs, lors de son discours à la Nation, à la veille de la fête de l’indépendance, le Président Faye avait réaffirmé cette ambition en ces termes : “La modernisation technologique et industrielle des moyens logistiques et matériels de nos Forces de défense et de sécurité, essentielle à notre souveraineté et à notre sécurité collective, est inscrite au cœur de mes priorités.”
Ce qui corrobore le thème choisi pour la célébration du 65e anniversaire de l’indépendance : “Vers la souveraineté technologique et industrielle des Forces armées”.
Contrer la menace
Si ce pays constitue l’un des plus stables de la sous-région, il n’en demeure pas moins que la menace est permanente. Surtout que le Mali, l’un de ses voisins, subit le courroux des groupes armés terroristes, depuis plus d’une dizaine d’années.
Outre la menace terroriste, le Sénégal abrite sur son sol, des groupes armés ayant des velléités indépendantistes. En effet, la Casamance (sud du pays), séparée de la majeure partie du reste du territoire sénégalais par la Gambie, est le théâtre d’un des plus vieux conflits d’Afrique. Leur présence dans cette partie du pays remonte à 1982. Après avoir fait des milliers de victimes et ravagé l’économie, le conflit a persisté à petits feux.

Mais grâce à une médiation bissau-guinéenne, le Sénégal et la rébellion de Casamance ont signé, le 23 février 2025, à Bissau, “un accord important” pour la paix.
Cet accord vise une paix définitive dans cette région, théâtre d’un conflit de plus de 40 ans, avait indiqué la chaîne nationale sénégalaise, la RTS. L’accord a été signé par le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko lors d’une visite à Bissau où il a rencontré des membres du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), sous la médiation du Président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo.
Les deux parties ont conclu, “après trois jours de travaux, un accord important qui constitue un très grand pas vers la paix en Casamance”, a affirmé le Premier ministre Ousmane Sonko. Cet accord s’inscrit dans la continuité des efforts entrepris pour pacifier la région. Il prévoit notamment la démobilisation des rebelles et leur réinsertion effective dans “la société”. Cet accord va-t-il permettre d’obtenir, enfin, une paix permanente ? Rien n’est sûr.
Selon l’État sénégalais, le texte paraphé sous l’égide du Président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo, est une suite de l’accord signé en août 2022 par le gouvernement sénégalais avec César Atoute Badiate, chef de la troisième faction (Front Sud), qui s’était engagé à déposer les armes.