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Sahel : le trafic de médicaments contrefaits, un mal profond

La région du Sahel fait face à l’expansion d’un trafic de médicaments contrefaits ou de mauvaise qualité. Ce phénomène représente un grave danger pour les populations qui en sont les principaux consommateurs. Dans un article publié le 27 mai, l’Organisation des Nations Unies (ONU) et son département chargé de la lutte contre la drogue et le crime ont mis en garde les États du Sahel contre les dangers liés aux médicaments contrefaits dans cette région de l’Afrique.

L’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), dans un rapport rendu public en février 2023, avait sonné l’alerte sur les conséquences désastreuses des médicaments contrefaits et de mauvaise qualité. Environ 500 mille subsahariens perdent la vie chaque année à cause de ces médicaments. Ce sont généralement des antibiotiques et des sirops de contrebande pour nourrissons qui se révèlent par la suite  fatals pour ceux qui en ont pris une dose.

Selon l’ONU, ce trafic gagne du terrain, d’autant plus que les pays du Sahel sont confrontés à une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent où environ 7 000 centres de santé sont impactés par la situation sécuritaire. Ce qui occasionne la prolifération de certaines maladies nécessitant une prise en charge rapide et efficiente. Les services sanitaires se font désormais rares, surtout dans les zones rurales à fort défi sécuritaire. Le paludisme et les maladies infectieuses sont les principaux maux qui gangrènent les populations sahéliennes selon l’ONU. 

Les vendeurs informels de médicaments deviennent, de plus en plus, les seules sources d’approvisionnement en produits pharmaceutiques. Et cela rend la lutte contre ce phénomène particulièrement difficile. «Cette disparité entre l’offre et la demande de soins médicaux est au moins partiellement comblée par des médicaments fournis par le marché illégal pour traiter des maladies ou des symptômes auto-diagnostiqués », précise le rapport.

Selon l’ONUDC, environ 267 000 sahéliens passent de vie à trépas chaque année à cause de médicaments antipaludiques contrefaits. La prise en charge des personnes souffrant des conséquences des médicaments contrefaits en Afrique subsaharienne s’élève à plus de 26 milliards de francs CFA chaque année selon l’OMS.

Lacunes dans la législation 

À en croire l’ONU, les groupes armés terroristes ne sont pas en marge de ce trafic. Elle estime que ces derniers contribuent au trafic en prélevant des taxes douanières dans les zones où ils ont un certain pouvoir. Selon la Directrice générale de l’ONUDC, Ghada Waly, ce trafic se développe à cause des insuffisances dans la réglementation de cette activité. « Les groupes criminels organisés transnationaux profitent des lacunes de la réglementation et de la surveillance nationales pour vendre des produits médicaux de qualité inférieure ou falsifiés », déclare-t-elle dans le rapport.

Pour enrayer ce fléau, l’ONUDC recommande aux pays de la zone sahélienne de réviser leur législation en matière de trafic de produits pharmaceutiques contrefaits et douteux, qui sont « très obsolètes ». Elle recommande aussi de renforcer la coordination entre les parties prenantes afin d’atteindre de meilleurs résultats.

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