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Procès Marcel Tankoano et autres : un présumé complot de déstabilisation du pouvoir dévoilé

Le tribunal de grande instance Ouaga 1 a dévoilé un présumé complot contre le pouvoir en place. Dans des extraits de messages téléphoniques lus, le 22 juin, par le président du tribunal, le prévenu Abdoul Karim Baguian a échangé avec plusieurs leaders et journalistes, à qui il a indiqué qu’il est temps d’agir pour lancer « l’assaut afin de déguerpir les pro IB ».

Parmi ces personnes figurent, entre autres, Aminata Rachow, Alain Alain, Lookman Sawadogo et Pascal Zaïda. «Il est temps qu’on agisse. Voici le mode opératoire. Il faut déguerpir les pro-russes et les pro IB qui sont au niveau de la place de la Nation. Il faut mobiliser les bouchers des marchés et yaars », indique l’extrait lu par le président du tribunal.

«Concernant le travail, on doit commencer.  Il faut qu’on accélère, soyons rapides. Le travail doit commencer à la Place de la Nation. Il faut qu’on enchaîne rapidement parce que demain c’est le 1er», a écrit Aminata Rachow à Abdoul Karim Baguian dit Lota. Ce dernier répond : « Il faut leur dire de mieux agir »

« Il est temps qu’on agisse. Voici le mode opératoire. Il faut déguerpir les pro-russes et les pro IB qui sont au niveau de la place de la Nation. Il faut mobiliser les bouchers des marchés et yaars », a-t-il poursuivi. 

Une autre capture d’écran expose les conversations entre Lookmann Sawadogo et Lota. « Ils ne savent pas que si IB tombe, ils seront enterrés. On se donne un mois pour s’organiser. Tu es sûr que si on lance une mobilisation les gens vont sortir? », écrit Lookmann Sawadogo. Lota répond : « Au passage, je tiens à te féliciter pour cette volonté que tu manifestes. Tu es vraiment un grand homme. Zeph est un allié, t’inquiète. Les autres politiciens sont des faux, on ne va pas les impliquer. Mais qu’est-ce qu’on peut faire comme actions? ».

« On peut commencer par brûler les pneus dans les marchés et yaars, on n’a pas le choix; sinon, ils vont tous nous embastiller », poursuit Lookmann Sawadogo.

Selon les extraits des échanges, il était prévu un budget de vingt millions pour les actions et cinq millions pour les leaders d’opinion. Il était également question de mobiliser une centaine de jeunes.

« Ces messages sont des copier-coller » 

Prenant la parole pour s’expliquer, Lota met en cause l’authenticité des images présentées au tribunal. « En aucun moment,  on n’ a été impliqué au projet « d’incendie du palais du Mogho Naaba. Je vous prie de le faire noter par les greffiers », dit-il.  Pour lui, les preuves présentées n’ont aucun lien avec les charges qui lui sont reprochées. « On peut discuter durant toute une semaine, le parquet ne pourra pas prouver que moi Lota j’ai provoqué un attroupement devant le palais royal », affirme-t-il.

« Les images ne comportent pas de dates. C’est du copier-coller de la part des enquêteurs pour salir mon image », hurle-t-il à la barre, aussitôt recadré par le président du tribunal.

« Ces messages datent de 2020 » (Me Kéré)

Selon Me Paul Kéré,  avocat de Lota, les conversations exposées par le juge sont d’anciens éléments, car ils datent de 2020, d’il y a 3 ans. « On voit qu’il y a des messages qui n’ont absolument rien à voir avec ce qui lui est reproché, à savoir l’attroupement au palais du Mogho Naaba. Comme il l’a expliqué, il a des liens historiques avec le Mogho Naaba, il ne peut appeler quiconque à aller brûler le palais », indique-t-il. 

A l’en croire, les déclarations qui ont été faites à travers les procès verbaux sont des messages qui datent de 2020. « Donc ces messages ne peuvent pas venir aujourd’hui servir de base pour le présent procès », déclare Me Kéré avant de poursuivre : « en tant que leader d’organisation de la société civile (OSC), qu’il puissent échanger avec d’autres OSC, il n’y a pas à priori d’infraction pénale ».

Dans les extraits lus par le tribunal, il est question d’appel à un assaut lancé par Lota. « Il a un titre de Colonel mais il n’est pas un militaire, l’assaut ne peut être qu’un  abus de langage », affirme Me Kéré.

L’audience se poursuit  au TGI Ouaga 1.

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