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Procès CGT-B contre Adama Siguiré : La partie civile réclame 20 millions de FCFA au titre des dommages et intérêts 

Le procès opposant l’écrivain Adama Siguiré à la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B) a repris ce 26 mars. Il porte sur des publications de l’écrivain concernant l’organisation syndicale ainsi que son Secrétaire général Moussa Diallo. L’écrivain a, entre autres, affirmé que ces derniers ont reçu de l’argent de l’impérialisme pour déstabiliser la Transition. Les avocats de la partie civile ont fait leurs plaidoiries aujourd’hui. Ils réclament, entre autres, le paiement de 10 millions de FCFA à chacun des plaignants. 

Dans leurs plaidoiries, les avocats de la partie civile sont revenus sur les différentes publications de l’écrivain, objet du procès.

Ces publications constituent, disent-ils, de la diffamation “avec intention de nuire”.

“Il a décidé de mal faire pour faire mal. Il a inventé des faits avec intention de nuire. Au regard de ces éléments, l’infraction de diffamation est constituée”, affirme Me Olivier Yelkouni, avocat de la partie civile.

Il demande donc au Tribunal de “punir M. Siguiré” conformément à la loi car, dit-il, Adama Siguiré a passé le temps à diffamer la CGT-B et son Secrétaire général.

Il demande également au Tribunal de condamner M. Siguiré à payer la somme de 10 millions FCFA à chacune des “victimes” au titre des dommages et intérêts.

Et ce n’est pas tout. Le prévenu devrait également payer, dit-il, au titre des frais exposés et non compris dans les dépens, 2,5 millions de francs CFA.

Ph.d’illustration

“Le Burkina est encore doux parce qu’on se réfère aux tribunaux pour résoudre les différends entre citoyens. Il est possible que cela ne puisse plus être possible un jour”, lance Me Séraphin Somé, également avocat de la partie civile.

Selon lui, au-delà des faits, c’est la personne de Siguiré qui est jugée. “Il faut individualiser la peine tenant compte de la personnalité de Siguiré”, préconise-t-il.

Il égraine ici les fonctions de M. Siguiré. Il cumule, entre autres, les fonctions d’écrivain professionnel, professeur de philosophie et soldat de la communication de guerre.

“M. Siguiré affirme être patriote, soldat de la communication. Il dit avoir une expertise dans la guerre et donne des conseils. Il faut tenir compte de qu’il est dans votre décision”, lance-t-il.

Et pour soutenir ses propos, Me Somé lit des publications faites par Adama Siguiré sur le réseau social Facebook. Ce dernier a soutenu, selon lui, que le gouvernement devrait travailler à ne pas donner la parole aux ennemis en période de guerre.

“M. Siguiré a affirmé que le gouvernement doit faire taire, par tous les moyens, toutes les voix discordantes. (…) Vous avez affaire à un prévenu qui clame avoir une mission messianique. Il fait l’apologie de l’extermination d’une partie des Burkinabè”, a-t-il indiqué.

Il affirme également que ce procès n’est pas dirigé contre la Transition. “Il n’a pas été intenté contre Siguiré parce qu’il se réclame soldat de la communication ou soutient le gouvernement. Mais parce qu’il a fait des publications diffamatoires et injurieuses”, a-t-ildéclaré.

Me Somé conclut que Adama Siguiré est “un délinquant primaire très dangereux”.

Ce qui met le prévenu hors de lui. Il veut s’exprimer mais la présidente du Tribunal lui demande de patienter.

Des voix se font entendre dans la salle. Le Tribunal demande du silence. Au même instant, un membre du conseil du prévenu s’approche de lui. Visiblement, il tente de faire comprendre à son client la conduite à tenir.

Mais Me Somé insiste : “Adama Siguiré est un délinquant primaire très dangereux”

“Si vous ne le condamnez pas, quel message vous donnez ? Le message serait qu’on peut exterminer une partie des Burkinabè”, lance-t-il au Tribunal.

Le terme extermination suscite la réaction de la présidente du tribunal. Elle lui demande de retirer le mot qui, selon elle, constitue une interprétation des propos de M. Siguiré qui a plutôt utilisé les termes “faire taire par tous les moyens”.

Selon Me Prosper Farama, ce procès a été à l’origine de “tensions terribles”.

“Si nous voulons que ce pays évolue, il faut dire la vérité surtout devant la justice. Pourquoi sommes-nous dans un pays où on jette l’anathème sur la justice ? Ce n’est pas parce que Siguiré dit soutenir la Transition qu’il ne doit pas répondre devant la justice. M. Siguiré veut déplacer le débat juridique vers un terrain politique.

Quand vous diffamez, mentez sur quelqu’un, qu’est-ce qui est politique dans cela?” s’interroge-t-il.

Selon lui, si Adama Siguiré est devant le Tribunal, c’est parce qu’il a diffamé la CGTB et son Secrétaire général. Il a précédemment soutenu qu’il s’agissait d’une communication de guerre. Ce qui ne passe pas chez la partie civile.

“Le Burkina est en guerre, mais en quoi vous et moi sommes en guerre ? Dans ses publications, il ne parle jamais des terroristes Sa guerre, c’est plutôt contre d’autres citoyens. On peut se tromper mais persister dans l’erreur est diabolique et le diable n’a pas sa place dans notre société”, a soutenu Me Farama.

Il cite ici une publication de l’écrivain dans laquelle ce dernier affirme que Facebook n’est pas un espace de non droit et que les auteurs de propos diffamatoires devraient répondre devant la justice.

“C’était en 2022. Aujourd’hui, Adama Siguiré demande de supprimer la justice parce qu’il estime que le pays est en guerre. Si M. Siguiré défend quelque chose, ce n’est pas pour l’intérêt de ce pays (…) Pense-t-il être plus patriote que nous tous ? Il a le droit de penser ainsi mais cela ne lui donne pas le droit d’injurier les autres”, conclut Me Prosper Farama.

Après les plaidoiries de la partie civile, place a été faite au ministère public pour ses réquisitions.

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