A l’occasion de la 14ᵉ Assemblée parlementaire de la francophonie, section Afrique, tenue les 3 et 4 avril 2023 à Abidjan en Côte d’Ivoire, le président de l’Assemblée législative de transition (ALT), Dr Ousmane Bougouma, a tenu un discours plein de sens sur la passivité du Parlement au regard de la dégradation de la situation sécuritaire au Burkina Faso. Dans son intervention, il a rappelé la priorité de lutte contre le terrorisme et la nécessité pour les pays africains de soutenir le Burkina.
« Lorsqu’un pays est confronté à des difficultés pareilles, il est indiqué de venir comprendre quelles sont ces difficultés, comment on peut apporter un soutien au lieu de rester à distance et de donner des leçons. 40 % du territoire burkinabè sont occupés et nous avons une situation humanitaire insoutenable », déplore Dr Bougouma. « Nous avons mis une semaine pour ravitailler une ville dont la distance ne fait que 45 km, parce que sur le tronçon, les groupes armés terroristes ont mis des mines », ajoute-t-il.
Au regard de la gravité de la situation sécuritaire au Burkina, Ousmane Bougouma rappelle que les élections ne sont pas une priorité pour le pays. « Je ne suis pas un parlementaire de bureau. Je vais sur le terrain au contact des FDS qui combattent, pour voir les personnes déplacées internes. Et ces personnes sont des femmes et des enfants, des femmes souvent violées et des enfants déscolarisés. Nous allons construire quel pays avec ça ? Si vous voulez comprendre la situation au Burkina Faso, envoyez y une mission. (…) Je vous conduirai à Arbinda, à Djibo, à Barsalogho, Kelbo, à Dori afin que vous voyiez comment vivent nos populations avant de me parler d’élections », s’insurge le président de l’ALT.
Selon lui, la priorité pour le Burkina Faso, c’est la sécurité. « Le peuple burkinabè ne demande que la paix. Et si au niveau de la francophonie, vous n’êtes pas capable de comprendre cela et d’apporter un soutien au besoin, ne soyez pas étonné qu’à la fin de cette situation, le Burkina Faso vous tourne le dos parce que c’est dans ces situations difficiles que l’on connaît qui est son ami, qui est son frère », déclare-t-il.
Dr Bougouma appelle au soutien entre pays africains
De 2014 à 2022, le Burkina Faso a connu une instabilité politique marquée par la succession de six régimes à la tête de l’Etat. « Aucun pays n’a connu une instabilité pareille », regrette le président de l’Assemblée législative de transition. Saisissant l’occasion, il lance une invite à l’union sacrée entre les pays africains, car, dit-il, nul n’est à l’abri d’une telle situation. Pour lui, il est impératif que les africains comprennent que ce qui se passe au Sahel est une question de survie pour les pays africains.
« Le souhait que nous avons, c’est que plus jamais il y ait de transition au Burkina Faso. Nous avons conscience qu’il nous faut la démocratie, une vraie démocratie et pour ça, nous avons surtout besoin de l’appui de nos pays frères », conclut-il.
