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Opération 120 parcelles de la CNC : où sont passés les 100 millions des acteurs culturels ?

La Confédération nationale de la culture (CNC) avait initié, en collaboration avec la société immobilière Assistance technique et travaux publics Sarl (ATTP), l’opération 120 parcelles pour les acteurs culturels dans la localité de Koubri. Lancée depuis 2021, cette opération a vu la souscription plusieurs acteurs culturels à hauteur de 100 000 000 de francs CFA. Mais depuis plusieurs mois, les souscripteurs peinent à rentrer en possession de leurs parcelles. Une situation soulève des interrogations : Où en est le « projet 120 parcelles » ? Où sont passés les 100 millions des acteurs culturels ? Les parcelles seront-elles mises à la disposition des souscripteurs ?

Saïdou Ouédraogo, Directeur provincial de la culture, des arts et du tourisme du Ganzourgou, fait partie des souscripteurs qui en ont marre d’attendre en vain l’acquisition de leurs parcelles. « C’est en juin 2022 que la CNC a tenu une rencontre avec les souscripteurs. On nous a dit que les différentes parties seraient présentes, mais à notre grande surprise, il n’y avait que la CNC. Les représentants de la société immobilière ne sont pas venus. Ce jour-là, nous avons exposé à la CNC nos inquiétudes ; nous avons voulu savoir s’il y a un problème concernant les parcelles, mais nous n’avons pas eu de réponse convaincante », relate-t-il. Depuis lors, il n’a plus eu de nouvelles ni de communication officielle sur l’avancée de l’opération. « Nous voulons nos parcelles pour construire », affirme Saïdou Ouédraogo

Pour cette opération, 84 personnes ont souscrit. 62 d’entre elles ont pu solder l’entièreté du prix des parcelles. Un montant d’environ 100 000 000 de francs CFA a été recueilli au total. Mais plusieurs mois après la souscription, certains sont intrigués face au ralentissement du projet. Moumouni Savadogo, souscripteur, a indiqué avoir manifesté son inquiétude face à la durée de l’opération. Après plusieurs tentatives pour comprendre la situation auprès de CNC, la confédération a finalement tenu, en novembre 2022, une rencontre au cours de laquelle elle a expliqué avoir envoyé des cartons à la société immobilière pour qu’elle renseigne les numéros de parcelles de ceux qui ont soldé. 

« La CNC nous a expliqué le retard par un manque de consensus entre la société immobilière et les propriétaires terriens. Finalement, les parcelles ne sont pas encore attribuées aux souscripteurs. La CNC nous a rassurés que tout serait en ordre dès la semaine qui suit. Mais nous avons attendu en vain », explique Moumouni Savadogo. De quoi faire naître des suspicions de détournement des fonds de l’opération. 

« J’ai déposé une plainte pour détournement de fonds et abus de confiance », Moumouni Savadogo

Au regard de l’ampleur de la situation, certains membres de la Confédération nationale de la culture dont Moumouni Savadogo ont eu recours à la justice. « On a convaincu beaucoup de personnes à souscrire et par confiance, ces dernières l’ont fait sans même voir les parcelles. On se retrouve une année après sans ces  parcelles. Certains ont donc pris l’initiative de déposer chacun une plainte auprès du tribunal pour détournement de fonds et abus de confiance », confieMoumouni Savadogo.

« L’opération 120 parcelles se porte très bien », Télesphore Bationo, président de la CNC

Dans un entretien accordé à 24heures.bf, Télesphore Bationo, président de la CNC, indique que les parties ont tenu une rencontre le 26 janvier 2023 afin d’être situés sur la portée de l’opération. « A l’issue de cette rencontre, nous avons décidé avec la société immobilière de mettre les parcelles à la disposition des 62 personnes qui ont soldé leurs paiements et permettre à ceux qui ont fait une avance de solder et de boucler l’opération le 26 avril 2023. Nous engagerons la procédure de remboursement pour ceux qui ne pourront pas payer », rassure le président.

A l’en croire, les parcelles seront disponibles pendant le mois de février. « On nous invite à organiser une cérémonie officielle de remise, parce que l’image de la société immobilière a été entachée en faisant croire qu’on a résilié le contrat, qu’on a bouffé leur argent, qu’on est en conflit, qu’on est en justice. Ce sont des mensonges ! Je n’ai pas été convoqué en justice, peut-être qu’il s’agit d’une autre personne. On nous a accusés d’avoir effectué une fausse opération », affirme-t-il.

Cependant, Télesphore Bationo reconnaît qu’il y a eu un déficit de communication entre la CNC et les souscripteurs, et entre la CNC et la société immobilière. « Tout est en bonne voie pour que les uns et les autres puissent récupérer leurs parcelles et en profiter. L’objectif général de l’opération est noble. On n’aurait pu même ne pas l’initier, mais nous l’avons fait dans l’optique de permettre aux uns et aux autres d’avoir un toit. Nous sommes convaincus que tout est fin prêt. La société immobilière a voulu stopper l’opération et remettre les parcelles à ceux qui ont soldé et j’ai négocié l’échéance pour permettre à ceux qui n’avaient pas soldé de le faire. Je souhaite que cela se termine très bien. Ce sera une victoire, car cette opération aura permis à des créateurs de gagner un lopin de terre », déclare-t-il.

Nous avons contacté la société immobilière afin d’en savoir plus sur cette affaire. Mais elle n’a pas donné de suite à notre requête.

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