Prévenu pour homicides et blessures involontaires, Joseph Traoré, directeur des travaux, du chantier de l’aéroport de Donsin, Joseph Traoré, a répondu ce 23 février aux questions des juges. Il lui est reproché de n’avoir pas vérifié la qualité des « étais métalliques », d’avoir autorisé la poursuite des travaux sans la levée des réserves émises par le contrôleur APAV et d’être absent sur le chantier au moment de l’effondrement qui a fait 07 morts.
Âgé de 67 ans, Joseph Traoré dispose d’une expérience de 15 ans en tant que directeur des travaux. Il affirme avoir effectué, le jour du drame, tous les travaux qui lui étaient assignés comme d’habitude. Les « étais métalliques », selon lui, étaient de bonne qualité. La jauge se trouve au niveau du regard. La qualité est contrôlée à vue d’œil, dit-il.
Dans ses déclarations, le Tribunal a noté que monsieur Traoré, en l’absence de l’ingénieur en charge des travaux, a apposé sa signature au bas des rapports sur la qualité des œuvres, alors que ce dernier ne dispose d’aucune compétence requise en la matière. Pour sa défense, il déclare avoir quelques notions dans le domaine. Mais aucune qualification.
Concernant l’autorisation de poursuite des travaux sans le contrôleur APAV, monsieur Traoré affirme que l’absence du contrôleur n’a jamais retardé les travaux. Au contraire, de connivence avec eux, APAV leur demande souvent de prélever eux-mêmes le béton quand ils sont en retard ou absents.
Accusé d’avoir autorisé la poursuite des travaux sans la levée des réserves émises par APAV, Joseph Traoré dit avoir vu un rapport dans lequel les réserves étaient levées. Mais curieusement, le rapport en question ne figure pas dans les éléments du dossier dont dispose le Tribunal. Il est donc demandé à Monsieur Traoré de présenter ce « fameux rapport » lors de la prochaine audience, avec l’aide de son avocat.
Dans son récit à la barre, Joseph Traoré affirme que s’il était présent sur le chantier depuis 07 heures et s’il a eu la vie sauve dans ce drame, c’est parce qu’il s’est rendu dans le bureau du comptable pour prendre de l’eau fraîche, puisqu’il avait eu « soif ». Il dit être dans le bureau du comptable quand il a entendu un « bruit assourdissant ».
« J’ai pensé que c’était une attaque terroriste… J’ai demandé au comptable si ce ne sont pas les terroristes qui nous attaquaient. Quand je suis sorti du bureau et que j’ai vu la catastrophe, j’ai accouru sur les lieux en larmes », raconte-t-il à la barre.
Après ses longues années d’expériences, la seule explication plausible qui pourrait justifier l’effondrement, selon lui, c’est une éventuelle augmentation de la pression de la pompe qui coulait le béton.