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Insécurité et conditions de vie au Burkina : à Dori, la situation devient insupportable

Au Burkina Faso, les régions du Sahel, de l’Est, du Nord et de la Boucle du Mouhoun sont les plus touchées par la menace terroriste. Si les chefs-lieux de régions sont jusque-là épargnés, la plupart d’entre eux subissent des répercussions qui dégradent fortement les conditions de vie des populations. C’est le cas à Dori, une ville située à plus de 260 km au nord de Ouagadougou.

Le 27 août 2022, la population de Dori a organisé une marche pour réclamer plus de sécurité et de meilleures conditions de vie. Six mois après, ces populations semblent être lassées de la situation qu’elles vivent au quotidien. A Dori, la majorité des activités sont en pause. Les robinets de l’ONEA (la société de distribution d’eau potable) peuvent faire au moins deux semaines, sans laisser couler la moindre goutte d’eau. Quant aux délestages, c’est devenu une habitude. 

Dans la ville de Dori, le carburant est devenu plus précieux que l’or. Pour avoir ce liquide, il ne suffit pas d’avoir de l’argent. Il faut nécessairement être armé de courage pour patienter plusieurs jours, soit avoir des contacts bien placés au niveau des stations-services. Le ravitaillement en carburant se fait quasiment une fois par mois. Dès que le stock arrive, il ne suffit même pas à ravitailler toute la population. Étant donné que le ravitaillement est rare et le stock très limité, il faut faire partie des premiers dans le rang devant la station-service de la ville, pour espérer avoir au moins un litre de carburant.

Ces conditions de vie à Dori deviennent de plus en plus insupportables pour les habitants. Joint par téléphone, Lassina S., un fonctionnaire de la ville, raconte son périple. Pour faire le plein de carburant dans sa motocyclette, il est obligé de faire jouer ses relations et débourser plus d’argent. « A Dori, il n’y a pas de carburant. Je suis obligé de négocier avec certains transporteurs, qui se rendent à Kaya. Au retour, il m’apporte de l’essence que je paye à 1 500 FCFA, le litre », confie-t-il. 

La pénurie de carburant dans la ville entraîne le dysfonctionnement des groupes électrogènes de l’ONEA et de la SONABEL (société de commercialisation de l’énergie électrique) ; ce qui occasionne des coupures répétées et parfois prolongées de l’électricité et de l’eau.

Mais il n’y a pas que la pénurie du carburant et les coupures d’eau et d’électricité. Il y a aussi et surtout la pénurie des produits de première nécessité. En raison de leur rareté, les prix explosent. « Certaines denrées de première nécessité qu’on peut payer à 10 000 FCFA à Ouagadougou, si à Dori, tu n’as pas 15 000 FCFA, le commerçant ne te regarde même pas. On a l’impression que chaque commerçant augmente le prix des produits en fonction de son humeur », regrette Lassina S.

Avoir le réseau de télécommunication à Dori est une grâce. « Nous pouvons faire des jours et des semaines successives sans avoir le réseau, même pour les simples appels téléphoniques. Souvent, cela peut être source d’inquiétude pour ceux dont la famille n’est pas sur place à Dori. Quand les parents appellent sans suite, ils s’inquiètent », avance notre interlocuteur.

Depuis l’avènement du terrorisme, la ville de Dori n’a pas connu d’attaque terroriste majeure. Mais la majorité de ses communes environnantes subissent des exactions terroristes.

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