La fin du G5 Sahel est-elle actée? C’est ce que laissent penser le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Trois retraits sur les cinq membres au départ. Dans un communiqué conjoint publié ce 6 décembre, la Mauritanie et le Tchad, les seuls pays restant de l’organisation de coopération sécuritaire, prennent acte de la récente décision de retrait de Ouagadougou et de Niamey.
“La République Islamique de Mauritanie et la République du Tchad prennent acte et respectent la décision souveraine des républiques sœurs du Burkina Faso et du Niger”, indique le communiqué.
Nouakchott et Ndjamena “réaffirment leur attachement aux idéaux de l’intégration régionale africaine et aux objectifs du G5 Sahel”.
Pour les deux États, en dépit des difficultés et des différentes contingences, le G5 Sahel “a servi de mécanisme pertinent et d’instrument efficace de coopération entre les forces armées et de sécurité de la sous-région”
Ils entendent mettre en œuvre “ toutes les mesures nécessaires conformément aux dispositions de la Convention portant création du G5 Sahel, notamment en son article 20”.
Selon cet article, « le G5 Sahel peut être dissous à la demande d’au moins trois États membres ».
La Mauritanie et le Tchad entendent aussi “poursuivre leurs efforts, avec tous les pays du Sahel, pour relever les défis auxquels la région est confrontée”.
“Depuis l’annonce, en mai 2022, de la décision de la République sœur du Mali de se retirer des instances de notre organisation, nous n’avons ménagé aucun effort pour surmonter la crise engendrée par cette situation et donner corps à un cadre de coopération exemplaire”, ont-ils soutenu.
L’Alliance des États du Sahel (AES) comme alternative
“Les gouvernements de Transition du Burkina Faso et de la République du Niger, profondément attachés à la réalisation d’une paix durable dans l’espace sahélien, demeurent convaincus de la nécessité d’un engagement solidaire de nos Etats dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière ainsi que pour le développement”, ont relevé Ouagadougou et Niamey dans le communiqué annonçant leur départ.
Les deux États voient en l’AES, une alternative pour remplacer le G5 Sahel.
“Le Burkina Faso et le Niger maintiendront leur dynamique de coopération, notamment au sein de l’Alliance des Etats du Sahel, pour faire de notre espace sahélien, un espace de souveraineté assumée pour la reconquête de nos territoires et la restauration de la paix et de la sécurité, gage d’un développement partagé pour les peuples du Sahel”, ont-ils précisé.
G5 Sahel : un échec?
Créé lors d’un sommet du 15 au 17 février 2014 par cinq États du Sahel (Mauritanie, Burkina Faso, Mali, Niger et Tchad), l’institution s’est donnée pour mission, de coopérer pour une “lutte efficace” contre l’insécurité dans l’espace sahélien.
Elle fait l’objet, depuis plusieurs années, de critiques acerbes.
Le 15 mai 2022, le Mali a annoncé son retrait de cet espace de coopération, dénonçant une « perte d’autonomie de décision, une instrumentalisation et un dysfonctionnement des organes du G5 Sahel».
Bien avant le départ du Mali, le Tchad et la Mauritanie avaient dénoncé, en juillet 2018, “de graves carences militaires des autres pays”.
L’ex-président tchadien Idriss Déby Itno et son homologue mauritanien Abdel Aziz ont dénoncé “des carences militaires de leurs partenaires, considérés comme les « maillons faibles » de la chaîne G5 : le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
Le G5 Sahel se résume après les trois départs, à la Mauritanie et au Tchad, des Etats qui arrivent pour l’instant à contenir les incursions terroristes.
Ces derniers prennent acte des deux derniers retraits; ce qui donne la voie à une dissolution de l’organisation comme l’indique l’article 20 de la Convention.
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