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Fermeture de l’institut français de Bobo-Dioulasso : élèves et acteurs culturels paient le lourd tribut

Suite au saccage de ses installations à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso lors des manifestations du 30 septembre 2022, l’Institut français a décidé de fermer ses portes au Burkina Faso jusqu’à nouvel ordre. Cinq mois après cette décision, élèves et acteurs culturels paient le lourd tribut ainsi que les employés. C’est le constat fait par 24heures.bf, à Bobo-Dioulasso, le 17 février 2023.

Des portes d’entrée hermétiquement fermées, des hangars de sécurité déserts, le tableau d’affichage d’informations, lui, ne laisse plus de traces, même pas une brochure. Plus de présence humaine comme cela se faisait constater auparavant. Toutes les activités de l’Institut français de Bobo-Dioulasso sont suspendues jusqu’à nouvel ordre.

Les répercussions se ressentent au niveau de la population de Bobo. C’est du moins, ce que pense Emmanuel Bationo, étudiant en année de Licence à l’Université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso. Avant la fermeture, il venait souvent lire et effectuer des recherches pour sa culture générale. Même s’il reconnait qu’il peut avoir d’autres bibliothèques dans la ville, l’Institut français était une référence, car il pouvait y bosser tranquillement.

Comme lui, Rodrigue Kini, élève en classe de Terminale D, venait sous recommandations de certains de ses professeurs, se documenter. « Avec la fermeture de l’Institut français, j’avoue que je lis moins, car j’avais pour habitude, d’y aller avant de rentrer à la maison. Maintenant, je rentre directement après avoir fini à l’école », explique-t-il.

Selon lui, les manifestants, en voulant faire du mal à la France, ont fini par faire du mal à leurs propres frères burkinabè. Il invite les premiers responsables de l’Institut, en collaboration avec ceux du Burkina, à mener des concertations pour résoudre cette situation qui « devient insupportable ». En plus des élèves et étudiants, les acteurs culturels sont affectés par cette fermeture. 

Répercussions sur les acteurs culturels 

Le 30 septembre 2022, si certains manifestants disent avoir agi pour renier le sentiment français, ils le regrettent aujourd’hui. Pour Rodrigue Kini, les conséquences se ressentent plus sur les Burkinabè eux-mêmes. Des emplois de certains nationaux sont suspendus, sans oublier les acteurs indirects comme les parqueurs et les journaliers.

Selon Éric Kienou, responsable du club artistique « Le Baobab »de l’Université Nazi Boni, il y avait beaucoup de projets que lui et son équipe devaient réaliser à l’Institut français et d’autres qu’ils devaient présenter à l’institut pour approbation. Mais présentement, « tout est arrêté », regrette-t-il.

Certains entraînements qu’ils faisaient également au sein de l’institut sont interrompus. En plus de cela, l’Institut français aidait gratuitement les artistes avec du matériel de sonorisation. Sans oublier les opportunités de collaborations avec des références artistiques d’autres pays, qu’il offrait aux acteurs culturels burkinabè.

De son côté, le président du club« Le Baobab » dit avoir trouvé une solution intermédiaire. Il s’entraîne, avec sa troupe, au centre « Siraba » en attendant que la collaboration avec l’Institut français reprenne. A l’entendre, les conséquences de la fermeture d’un tel centre ne sont plus à démontrer cinq mois après. Il espère l’ouverture très prochaine de cet espace culturel.

Les responsables de l’institut français de Bobo-Dioulasso, contacté par 24heures.bf, n’ont pas voulu répondre à nos questions. Il nous revient cependant que seuls les dossiers d’étudiants qui avaient postulé pour « campus France » sont recevables. « A titre exceptionnel », précise une source qui suit de près l’évolution du dossier.

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