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Cybercriminalité au Burkina Faso : voici comment ils procèdent !

Avec l’expansion des technologies de l’information et de la communication (TIC), une nouvelle forme de criminalité s’est développée : la cybercriminalité. Un phénomène récurrent qui n’épargne aucune couche sociale. Il est cependant méconnu par bon nombre de Burkinabè, occasionnant ainsi des dégâts. Les arnaques liées à la crypto-monnaie, à la vente en ligne, aux transactions monétaires en passant par le chantage via la webcam. Les fonds extorqués sont estimés à plus d’un milliard de francs par an.

Juridiquement parlant, la cybercriminalité, “c’est l’ensemble des infractions en matière informatique et/ou au moyen des technologies de l’information et de la communication. Dans cette définition, il y a deux volets. Tout ce qui est infraction en matière informatique, c’est-à-dire lorsque l’outil informatique ou les systèmes informatiques font l’objet d’attaque ; cela s’appelle une cyberattaque. Le deuxième volet de la définition, c’est lorsque les TIC ont facilité la commission d’une infraction”, explique Aimée Césaire Ouédraogo du service Communication de la Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC).

La cybercriminalité englobe plusieurs autres types d’infraction ; il s’agit entre autres des arnaques liées au commerce en ligne, des escroqueries liées aux transactions monétaires, des fausses offres d’emplois, des arnaques liées aux crypto monnaies, du chantage via la webcam, etc. Autant de subterfuges auxquels les citoyens lambda sont souvent victimes. Mais le plus récurrent au niveau de la BCLCC, c’est le chantage via la webcam qui a une ampleur disproportionnée. Reste à connaître les modes opératoires afin d’éviter de tomber dans le piège.

Méthodes d’arnaques

Les modes opératoires diffèrent selon les types d’infractions. Pour le chantage via la webcam par exemple, un individu cible un profil Facebook bien particulier. Il a déjà eu le temps d’étudier les tendances et les goûts de sa victime dans le but de lui soutirer de l’argent. Par conséquent, si le profil de sa victime est un profil de femme, ce sera un « homme » qui lui enverra une demande d’invitation. Si le profil est un profil masculin, alors ce sera bien évidemment une invitation d’une « femme » qu’il recevra.

Sous un faux compte Facebook, il tisse une amitié avec sa victime et lui propose ensuite d’approfondir leur relation, généralement via le réseau social WhatsApp. Là, il met sa victime en confiance et lui propose de s’échanger des images plus ou moins intimes. Tout cela sans qu’ils ne se soient encore vus physiquement. Après avoir reçu ces images très compromettantes de sa « proie », il la fait chanter afin de lui soutirer de l’argent. Si elle refuse, il menace d’envoyer ces images aux proches de sa victime. Des proches avec qui il a pris le soin de tisser des liens d’amitié sur Facebook et à travers d’autres médias sociaux. Cette forme de cybercriminalité cible le plus souvent les hommes d’un âge avancé.

Le même procédé, ou presque, est appliqué aux escroqueries liées aux transactions monétaires. Après avoir mis sa victime en confiance en lui faisant très souvent la cour sur WhatsApp, il lui propose de lui faire un dépôt d’argent ou demande un dépôt d’argent pour mettre en place un projet ou utiliser ces fonds afin de rejoindre sa/son bien-aimé (e). Après la transaction, l’individu disparaît dans la nature avec l’argent de sa victime.

« Il m’a fait croire qu’il me fallait faire un dépôt sur un numéro « bancaire » afin de rentrer en possession d’une somme de 325 000 francs CFA qu’il m’avait envoyée. Et sous aucun prétexte, je ne devais en parler autour de moi. J’ai exécuté, et je me suis retrouvée avec 325 000 francs à rembourser à la caissière de l’agence de Mobile Money. 325 000 francs que je n’ai pas reçus » raconte Germaine Nanéma, victime d’arnaque via les transactions monétaires. « Il m’a fait la cour, et sans que je lui demande quoi que ce soit, il m’a proposé de financer un projet qui me tenait à cœur en m’envoyant 500 euros depuis la France. Et je l’ai cru », poursuit-elle.

Et généralement, il n’y a plus moyen de mettre la main sur lui, à moins de porter plainte auprès des autorités compétentes. Ce type d’arnaque cible essentiellement la gent féminine à la recherche des hommes étrangers pleins aux as.

Quant aux arnaques liées à la vente en ligne, le plus souvent, les contrevenants publient des articles qu’ils mettent en vente, le plus souvent sur Facebook. Lorsqu’un individu se déclare intérressé, ils le dirigent vers un réseau social tel que WhatsApp ou encore Messenger. Là, ils se renseignent tout d’abord sur votre lieu de résidence avant de vous faire croire qu’ils sont dans une autre ville que la vôtre.  Ils vous proposent ensuite de leur faire un dépôt pour confirmer votre achat afin qu’ils vous envoient l’article acheté par le biais d’une société de transport en commun. Article que vous ne verrez jamais arriver. Et c’est là que vous vous rendez compte que vous avez été arnaqués.  Cette forme de cybercriminalité touche pratiquement toutes les couches sociales.

En ce qui concerne les arnaques via les crypto-monnaies, le procédé est tout autre. Il vous est demandé d’abord d’investir dans le trading et on vous promet un gros bénéfice sur votre premier investissement. Et comme convenu, à la date d’échéance, vous percevez votre dû. C’est un premier pas généralement pour mettre en confiance leur victime.

Par la suite, ces individus vous demandent de faire un placement plus gros afin de gagner encore plus. Plus votre capital est important, plus vos bénéfices le sont également. Après l’investissement renouvelé, soit votre société de trading déclare « faillite », soit vos associés disparaissent dans la nature avec votre argent.

« J’ai investi 200 000 francs. Nous étions plusieurs. Le problème est que le promoteur de cette plateforme utilisait nos capitaux pour trader et nous payer en retour chaque semaine.  Il est arrivé un moment où il a perdu beaucoup d’argent dans ce trading et nos investissements avec. Difficile de porter plainte contre cette personne puisqu’il résidait au Cameroun », relate Armand Kiemdé, un autre « malheureux » de la cybercriminalité.

Préjudices

Selon les statistiques de la BCLCC, créée en mars 2020, le préjudice subi s’élève à plus de trois milliards de francs CFA. En 2020, la BCLCC a enregistré 556 plaintes, donnant suite à 148 plaintes en justice. Ces enquêtes ont permis de déférer 32 individus. Le préjudice subi par les plaignants en 2020 est de 1 109 323 606 francs

En 2021, la brigade a enregistré 2579 plaintes, a assisté 1500 personnes. 38 individus ont été déférés. Le préjudice en  2021 est de 1 016 535 045 francs CFA. Enfin, pour l’année 2022, la BCLCC a reçu 3 028 plaintes, donné suite à 2000 d’entre elles et 33 personnes ont été déférées. Le préjudice de l’année 2022 est 1 108 382 906 francs CFA. Ces chiffres concernent les données recueillies au plan national.

Comment éviter d’en être victime ?

Pour éviter d’être pris « dans les filets » de ces cyber-malfaiteurs, il faut apprendre à faire un bon usage des Tics et des différents réseaux sociaux. « Il faut que le Burkinabè apprenne à faire bon usage des TICS et de la toile pour le bien-être de tous », suggère Aimé Césaire Ouédraogo. Également, pour éviter toute situation embarrassante, il ne faut jamais envoyer de photos assez intimes à qui que ce soit à travers les réseaux sociaux. Il ne faut pas non plus courir derrière le gain facile à tout prix. Derrière ce gain facile, se cachent des réseaux de malfaiteurs prêts à tout pour vous faire perdre le peu que vous avez et que vous sous-estimez. Ne jamais conclure d’achat en ligne sans une certaine garantie de la part du vendeur.

Et si dans tous les cas, vous en êtes victime, la meilleure des choses à faire est de garder les preuves du préjudice subi comme pièce à conviction pour la police et aller le plus rapidement possible porter plainte auprès de la BCLCC.

L’avènement des TICS au Burkina Faso a apporté beaucoup d’avantages à ceux qui savent s’en servir. Ils sont pourvoyeurs d’emplois et de grandes opportunités et nous rattachent au reste du monde. Cependant, alors que certains l’utilisent comme moyen de distraction ou outil de travail, d’autres en ont fait une arme de haute criminalité pour déposséder les citoyens de leurs biens. Sous plusieurs formes, la cybercriminalité évolue chaque jour un peu plus avec une technologie toujours à la pointe et des ruses des plus élaborées. Face à ce phénomène, il revient aux citoyens d’être vigilants et savoir raison garder sous peine d’en « payer le prix fort ».

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