L’élection présidentielle de 2025 en Côte d’Ivoire focalise déjà les attentions. L’ancien président Laurent Gbagbo (2000-2011) a lancé, le 14 juillet dernier, un appel pour “l’union des forces politiques de l’opposition contre le régime du président Alassane Ouattara”. “J’ouvre les bras. Tous ceux qui veulent un rassemblement politique clair et sain pour battre ce gouvernement en 2025 sont les bienvenus”, avait-t-il déclaré. Dans le camp de l’ancien président de l’Assemblée, Guillaume Soro, aujourd’hui en exil, cet appel trouve un écho favorable. “Il a fait l’objet d’une attention particulière par Générations et Peuples Solidaires (GPS)”, indique cette formation politique dans une déclaration datée du 9 août 2024.
Le parti de Guillaume Soro considère l’appel du président du Parti du peuple africain – Côte d’Ivoire (PPA-CI) comme une aubaine et un rêve de longue date. “Il est constaté que depuis sa création, GPS a constamment et de façon insistante plaidé pour l’unité de l’opposition. GPS a toujours spontanément soutenu chaque initiative visant à instaurer l’Etat de droit en Côte d’Ivoire”, a-t-il indiqué.
Cette organisation politique estime que la Côte d’Ivoire se trouve aujourd’hui “à un moment charnière”. Il est alors impératif de construire, dit-elle, “une coalition forte et cohérente, capable de proposer une alternative crédible à un régime sclérosé qui plonge notre nation dans la crise, la pauvreté, la violence et la corruption”. Ainsi, le GPS sonne la fin de la division dans l’opposition : “Il est temps de dépasser les atermoiements et les contradictions secondaires et futiles”.
“Dans ce contexte, l’appel du Président Laurent Gbagbo ne peut qu’avoir une résonance particulière au sein de GPS”, se réjouit-il.
Si le PPA-CI et le GPS affûtent leurs armes pour la prochaine échéance électorale, leurs leaders (Gbagbo et Soro) sont exclus des listes électorales du fait de précédents déboires judiciaires. Ce qui pourrait constituer une barrière pour leurs candidatures. Ils en sont d’ailleurs bien conscients.
“La situation actuelle, avec l’exclusion arbitraire et injuste de nos deux leaders des listes électorales pour les élections de 2025, renforce l’urgence de cette démarche. Nous soulignons que les présidents Laurent Gbagbo et Guillaume Soro sont les principaux signataires de l’Accord de Pretoria de 2005, qui a permis la participation de tous les opposants aux élections présidentielles sans exclusion”, lance le GPS.
Et de s’interroger : “Comment comprendre que Monsieur Alassane Ouattara, qui hier dans l’opposition se plaignait de l’exclusion et appelait de tous ses vœux, toute la communauté internationale à son secours, parce qu’estimant être lésé, soit celui-là même qui aujourd’hui, une fois au pouvoir refuse le droit à deux fils de la Côte d’Ivoire de jouir de leurs droits politiques ?”
Ainsi, le GPS dit regretter que le régime en place “fasse preuve de réticence malgré les bénéfices politiques évidents qu’il a tirés de cet accord”. Affirmant, avec forces détails, qu’une décision de la Cour africaine des droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) de 2020 “stipulent clairement que Messieurs Laurent Gbagbo et Guillaume Soro devraient être réinscrits sur les listes électorales et être éligibles aux élections en Côte d’Ivoire”. Selon lui, le gouvernement actuel a ignoré les recommandations de cette juridiction. Et cela place, dit-il, la Côte d’Ivoire “en marge de la légalité internationale, se caractérisant de facto comme un État hors-la-loi”. Le GPS dénonce alors une “exclusion systématique”.
Affirmant que “la seule voie possible est l’unité pour rétablir une compétition politique équitable, inclusive et transparente en Côte d’Ivoire”.
“Nous nous déclarons prêts à engager des discussions pour définir les modalités d’une collaboration sincère avec le PPA-CI ainsi qu’avec toutes les forces politiques de l’opposition qui jugent nécessaire de rétablir la pleine éligibilité de nos leaders et concourir à l’obtention d’élections transparentes et libres”, déclare le GPS.
Si ce parti tend ainsi la main à Laurent Gbagbo, il est également disponible pour un rassemblement avec le camp d’Alassane Ouattara. “Nous sommes partants pour tout ce qui est rassemblement, pour tout ce qui est union. Nous avons déjà fait le tour de toutes les formations politiques significatives. Nous avons même envoyé des émissaires au sein du Secrétariat exécutif du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP)”, a déclaré ce vendredi, Moussa Touré, conseiller en communication de Guillaume Soro lors d’une interview. La porte du parti au pouvoir a été, dit-il, close. “Nous avons trouvé porte close, mais nous sommes dans une optique de discussion, de renforcement, de réconciliation et toute initiative dans ce sens-là rencontre notre assentiment”, a-t-il conclu.