Société et Culture

Cites abdoul services de Ouaga 2000 : Des résidents et acquéreurs de parcelles crient à l’arnaque

Les résidents du site de  Abdoul’Services  de Kamsontenga (Ouaga 2000) ne savent plus où donner de la tête. Après avoir interpellé à maintes reprises le responsable de la société immobilière sur la viabilisation du site, c’est toujours le statut quo. Les résidents disent ainsi vivre le calvaire dû au manque d’aménagement des voies, de caniveaux et d’électricité. Nous avons effectué un constat sur le site.

Grosse déception pour les résidents des sections 993 et 994 du site de Kamsontenga appartenant à la société immobilière  Abdoul’Services International SA. Ces derniers disent avoir été séduits par la publicité de l’entreprise. Certains ont  payé des terrains à usage d’habitation sur le site. D’autres ont fait le choix de la cité  des logements sociaux. L’entreprise, dans ses publicités, indiquait une viabilisation du site avec toutes les commodités qui vont avec. Mais ils ont très vite été désillusionnés. Ce que la société Abdoul’Services International leur a fait miroiter était tout simplement un leurre, déplorent-ils.

Les premiers résidents sont sur les lieux depuis 2016. Mais depuis cette date, les problèmes ne font que s’entasser. Ils ont attiré l’attention du premier responsable de la société sur leurs conditions de vie. Des réunions ont même été tenues entre les résidents et les responsables de la société. Des démarches restées vaines, soulignent-ils. Une  seule rencontre a d’ailleurs été tenue en 2019 avec Abdou Ouédraogo, le Directeur général de la société. Cependant, rien n’a changé sur le terrain. Exaspérés par la situation, ils lui transmettent une lettre ouverte. Mais à leur grande surprise, ce dernier fait une descente médiatique sur les lieux avec des journalistes  pour montrer à l’opinion que tout va bien. Mais quelle est la réalité du terrain ?

Aucune viabilisation du site

Au niveau des deux sections, le constat est alarmant. Aucun caniveau permettant une évacuation des eaux n’est disponible lors de notre passage ce 4 septembre 2022. Certaines maisons et parcelles sont prises d’assaut par des eaux stagnantes ou ruisselantes. D’autres étant pratiquement situées dans des zones marécageuses. Des habitations sont régulièrement inondées lors des pluies, confie les résidents. Un canal censé drainer les eaux de pluie est bien visible. A en croire les riverains, ce canal ne joue aucun rôle en termes de drainage des eaux. Une partie de la paroi du canal s’est même écroulée, empêchant toute évacuation des eaux. Ce canal traverse la  devanture de certaines cours. Mais pour y avoir accès, il faut des dalles. Si quelques cours ont pu bénéficier de ces dalles de la part de la société immobilière, la majeure  partie en est dépourvue. L’un des résidents, las d’attendre,  a été obligé de  confectionner des dalles à ses frais. Mais grande fut leur surprise de constater que le patron de Abdoul’Services International, lors de sa tournée médiatique, a mis la réalisation de cette dalle à son actif. Ce qui est contraire à la vérité, s’insurgent-ils.

Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Les voies devant faciliter l’accès aux habitations sont impraticables. Il faut souffrir le martyre pour parvenir à son domicile, surtout en cette saison pluvieuse. Un véritable calvaire, se désolent les populations qui ne savent plus à quel saint se vouer. La voie principale menant à la cité des logements sociaux, appelés « villas jaunes », ne fait pas exception. Les riverains sont obligés de passer par un grand trou dans lequel se trouve une grande étendue d’eau stagnante. Une bonne partie de la voie est glissante. Pour traverser, il faut faire preuve d’adresse et de vigilance ; le risque de dérapage de son engin ou de son véhicule étant imminent.

 Sur une autre voie, le constat est le même. Lors de notre passage, nous trouvons un camion qui s’est embourbé depuis la veille. Les occupants, assis à l’ombre d’un autre camion, sont à la recherche d’une solution pour dégager celui embourbé. Il était venu prêter main forte à l’autre camion qui était dans la même situation, relate l’un des occupants qui décrie le mauvais état de la route. « En cas de pluie, lorsque tu te trouves en ville, il ne faut même pas essayer de rentrer chez toi », préconise un résident qui indique avoir failli être emporté par les eaux un jour.

Mais ce n’est pas tout. Les résidents déplorent une absence d’électrification de la zone. Juste une petite partie du site est électrifiée. Même au niveau des « villas jaunes », de nombreuses concessions sont sans électricité. La société avait promis l’électricité mais ce n’était que du vent. Elle a fait venir des poteaux qui sont actuellement entassés à même le sol. Certains ont été obligés de délier le cordon de la bourse pour effectuer des branchements avec les lignes de la Société nationale burkinabè d’électricité (SONABEL). Un branchement qui leur a coûté de la quinine. D’autres ont dû se résigner. Le coût du branchement atteignant le cap d’un million de FCFA, car  les domiciles sont  éloignés des poteaux de la nationale de l’électricité. Comme alternative, ils se sont rabattus sur les panneaux solaires. Bon nombre de ménages fonctionnent ainsi grâce à l’énergie solaire. Les plus chanceux ont pu bénéficier de branchement avec le projet d’électrification rurale car leurs cours se trouvent sur la ligne du projet.  

Le titre foncier, un véritable casse-tête

A ces difficultés, s’ajoute un autre problème et pas des moindres. Ceux qui ont payé leurs parcelles avec Abdoul’Services s’interrogent sur le sort qui leur est réservé.  Beaucoup d’entre eux ne disposent toujours pas de titre foncier. Ils ne peuvent donc pas jouir du droit de propriété de leurs parcelles sur lesquelles ils ont construit leurs maisons. Le seul document qu’ils ont en leur possession est une décharge signé du Directeur général de la société qui reconnait avoir reçu de leurs mains, le montant équivalant à la superficie de la parcelle. Quelques-uns seulement disposent de titre foncier. Il y a cependant un souci. Le titre foncier est au nom de la société immobilière Abdoul Services International SA. Ces derniers devront donc effectuer une mutation du nom des parcelles en leur nom. Ce qui n’est pas normal, dénoncent-ils.  Abdoul’Services, dans sa communication, leur avait fait croire que l’acquisition de la  parcelle donnait lieu à la délivrance du titre foncier en leurs noms. Ils ont payé  leurs terrains à 19 500 FCFA le mètre carré.

 Mais ils n’en sont toujours pas les vrais propriétaires. La décharge, remise par le Directeur général de Abdoul’Services, n’a aucune valeur juridique, s’inquiètent-ils. D’aucuns voulaient contracter des prêts auprès d’institutions bancaires en se servant de ce document mais ils se sont heurtés au refus catégoriques de celles-ci. Ceux qui ont par exemple les titres fonciers ne peuvent non plus s’en servir puisqu’ils sont au nom de Abdoul’Services International SA. Que faire face à une telle situation ? Les difficultés ont été transmises à plusieurs reprises au premier responsable de la société immobilière mais ce dernier fait la sourde oreille, se désolent les résidents et acquéreurs de parcelles du site de Kamsontenga, à Ouaga 2000.  Ils ont donc décidé d’entreprendre d’autres  démarches pour faire entendre leur cri de cœur.

En juin dernier, ils ont eu recours à un huissier de justice qui a fait le constat de la situation au niveau des deux sections du site. Et voici ce qui ressort du procès-verbal du huissier. Au niveau de la section 993 : « Absence totale de caniveaux, quelques voies non aménagées, un long canal traversant la section inachevée et présentant des imperfections (dalles affaissées, fers visibles non protégés) par endroit, ledit canal traversant la devanture de certaines concessions est sans dalles de couverture, absence d’électrification par endroit. » A la section 994, le PV dit ceci : «Absence de caniveaux, absence totale de poteaux électriques SONABEL fixés, des poteaux électriques SONABEL entassés à même le sol, non aménagement des voies ». Trois mois après le constat du huissier de justice, les résidents sont toujours confrontés aux mêmes réalités. Celles-ci se sont d’ailleurs empirées avec la saison pluvieuse qui bat son plein, soulignent-ils.

Par Tanga Thierry ZONGO

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