A la UneSociété et Culture

Censure de « SOTRACO » de Toksa : quand le CSC se dresse contre la liberté d’expression de l’artiste !

Le 24 mars 2023, le Conseil supérieur de la communication (CSC) a interdit la diffusion de la chanson intitulée « SOTRACO » du rappeur Toksa pour des propos portant atteinte à l’image de la Société de transport en commun. Dans l’opinion publique burkinabè, cette interdiction fait polémique et soulève des questions quant à la liberté d’expression et de création des artistes et à la responsabilité du CSC.

Contrairement aux chansons « Sélamin » de Kayawoto et  « Sélé » de Sabil Koglwéogo censurées en avril 2022 pour des paroles jugées obscènes, « SOTRACO » de Toksa met en évidence une réalité bien connue des Burkinabè : la qualité des services de la société de transport en commun. Dans sa chanson, l’artiste pointe du doigt la conduite dangereuse de certains chauffeurs dans la circulation. « On s’exprime mal de la même manière que circule la SOTRACO », telles sont les paroles chantées en langue Mooré par l’artiste Toksa.

Pour plusieurs Burkinabè, cette chanson est considérée comme une prise de position courageuse de l’artiste. En effet, dans la ville de Ouagadougou et même à Bobo-Duoilasso, force est de reconnaître que la SOTRACO s’est taillée une mauvaise réputation au fil des années. Sans compter le retard légendaire des bus de la société, il n’est pas rare de voir certains chauffeurs effectuer des dépassements dangereux au mépris des dispositions du Code de la route, causant parfois, malheureusement, des accidents.

Cependant, il convient de noter que tous les chauffeurs de SOTRACO ne sont pas concernés par ces comportements dangereux. La société compte dans ses rangs des chauffeurs consciencieux qui font preuve de professionnalisme et assurent leur travail avec sérieux et rigueur. Ainsi, bien que les propos de Toksa soient en partie fondés, ils ne s’appliquent pas à tous les chauffeurs de la société.

Le CSC dans une posture d’atteinte à la liberté d’expression et de création artistique

Le CSC est un organe de régulation des médias au Burkina Faso. Son rôle est de garantir le respect de la déontologie et de la législation en matière de presse et de communication. Depuis l’annonce de la censure de la chanson de Toksa, le CSC est au cœur des critiques sur les réseaux sociaux. En effet, cette décision soulève des questions quant à la liberté d’expression des artistes et à la responsabilité du CSC.

En interdisant la diffusion de la chanson SOTRACO, le CSC est-il en train de museler les artistes sur des problèmes de société ? Est-ce le rôle du CSC d’interdire la diffusion d’une chanson qui dénonce des problèmes réels dans la société ? Ces questions méritent d’être posées afin de clarifier le rôle et les limites du CSC dans la protection de l’image des entreprises.

Il est légitime de se demander également si le CSC a mené une enquête sur la qualité des services de la SOTRACO avant d’interdire la diffusion de la chanson de Toksa. « Les membres du CSC ont-ils pris une fois les bus de SOTRACO ? », se demande à juste titre un internaute sur Facebook. La critique de l’artiste n’est peut-être pas dénuée de fondement, et l’interdiction de sa chanson pourrait être perçue comme une atteinte à la liberté d’expression et à la création artistique.

Publicité gratuite !

Par ailleurs, la mesure d’interdiction prise par le CSC présente des limites fragrantes. En effet, la chanson SOTRACO de Toksa est accessible à tous sur le web. Interdire sa diffusion dans sur les chaines audiovisuelles, c’est faire preuve d’une certaine méconnaissance du fonctionnement du showbiz à l’ère du numérique. Cette mesure peut donc être considérée comme peu efficace, voire inutile.

De toute évidence, la mesure de censure apparaît comme une grosse publicité gratuite pour l’artiste et sa chanson, jusque-là très peu connue du grand public. Le communiqué du CSC contribue à attiser la curiosité de la population et accroître en même temps la côte de popularité de la chanson.

A 50 milles vus sur YouTube avant l’interdiction, la côte de la chanson grimpe de plus de 20 milles visionnages quelques minutes après l’annonce. Finalement, en voulant protéger l’image de SOTRACO, le CSC semble bien avoir enfoncé le clou.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page