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Burkina/Université Joseph Ki-Zerbo : les raisons de la tension entre étudiants et forces de l’ordre

Depuis le 13 avril 2023, l’Université Joseph Ki-Zerbo est le théâtre de mouvements d’humeur des étudiants de l’Unité de formation et de recherche en sciences de la vie et de la terre (UFR/SVT). Face aux velléités de perturbations des activités académiques, les forces de l’ordre ont été requises pour garantir les franchises universitaires. Mais la situation a très vite dégénéré en jets de pierres et de gaz lacrymogène entre manifestants et forces de sécurité. Quelles sont les causes de cette tension au sein de l’Université Joseph Ki-Zerbo ? 

Tout est parti de la contestation, par les étudiants, des dispositions des articles 29 et 34 de l’arrêté 2019-074/MESRSI/SG/ portant régime général des études du diplôme de Master dans les institutions publiques et privées d’enseignement supérieur et de recherche. L’article 29 de l’arrêté stipule que « les étudiants inscrits en 2e année de master ne peuvent prétendre à la soutenance du mémoire que lorsqu’ils ont validé les deux semestres de la 1ʳᵉ année du master et l’ensemble des unités d’enseignement des semestres de la 2e année du master ». 

Quant à l’article 34, il donne les conditions de validation d’un semestre. L’alinéa de cet article qui pose problème stipule que « un semestre est validé par compensation intra-semestre si, l’étudiant a  la moyenne requise entre les différentes unités d’enseignement du semestre affectées de leur coefficient. La compensation entre les unités d’enseignement ne peut s’effectuer que si la moyenne obtenue d’enseignement est supérieure ou égale à 7/20 ».

Des étudiants rebelles 

Selon Patrice Zerbo, Directeur général de l’UFR/SVT, ces dispositions de l’arrêté sont appliquées dans toutes les institutions d’enseignement publiques et privées du Burkina Faso depuis la rentrée universitaire 2020-2021. L’UFR-SVT est la dernière à l’appliquer du fait qu’il n’y a pas eu de recrutement en 2021-2022. La nouvelle cohorte d’étudiants, recrutés en 2022, refuse d’être évaluée sur la base du régime sous lequel elle a été recrutée. 

« Nous avons pris la résolution de reprogrammer les évaluations pour les ajourner du M1 S1 2021-2022 sous forme d’examens programmés du 11 au 19 avril 2023. N’ayant pas obtenu gain de cause, la promotion Master 1 2022-2023 a décidé de boycotter toutes les évaluations programmées en Master au sein de L’UFR », explique Patrice Zerbo. 

« Des arguments fallacieux »

Le délégué de la promotion Master 1 2022-2023 estime que ces textes sont adoptés pour chasser les étudiants du Campus. Et pourtant, l’argument avancé pour l’adoption de ce texte est l’amélioration du niveau d’études des étudiants. Le responsable étudiant estime que cet argument est fallacieux, car des horaires de cours ont été revues à la baisse. « Nous refusons que ces textes commencent par nous. Les textes ont été adoptés en 2019 et l’administration avait une année pour l’application. Ils ne peuvent pas décider de l’appliquer à notre promotion », déclare-t-il.

Pour Salifou Traoré, point focal de la qualité au niveau de l’UFR/SVT, le problème avec la moyenne de 7/20, est une recherche de médiocrité de la part des étudiants. « Il faut que les étudiants s’inscrivent dans la recherche de la qualité au lieu de la médiocrité. Tout le problème, c’est la note de 07. Nous ne pouvons pas donner des diplômes à des étudiants qui n’ont aucune compétence ou qui ont des compétences amoindries », estime-t-il.

Face à la situation, les responsables administratifs de l’UFR/SVT se disent prêts au dialogue pour lever les incompréhensions. De leur côté, les étudiants se disent également prêts au dialogue. Une issue favorable à cette situation est donc envisageable les prochains jours.

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