Déjà confrontées au traumatisme dû au terrorisme et à la faim, les personnes déplacées internes, ayant trouvé refuge à Kalgondin, derrière le mur de l’aéroport de Ouagadougou, se retrouvent face à l’insalubrité. Ils vivent pratiquement dans un dépotoir. Les ordures sont jetées par les riverains à moins de 5 mètres de leurs habitats de fortune au cours de la nuit.
Vivre à côté des ordures est devenu une habitude pour les Personnes déplacées internes (PDI) de Kalgondin. Sur ce site improvisé, il est impossible de rester de marbre face aux immondices juchées à quelques mètres des habitats de fortune. L’odeur nauséabonde et les mouches qui s’y dégagent donnent l’envie de faire immédiatement demi-tour. Mais ces personnes, voyant là l’eldorado, parce que loin des exactions terroristes, restent malgré les risques.
« L’odeur qui se dégage des ordures quand il pleut juste un peu est insupportable. Nous avons demandé à certains riverains de ne plus verser leurs ordures ici mais c’est peine perdue. La nuit, quand nous sommes dans nos cases, ils viennent verser et c’est au petit matin qu’on constate les ordures, souvent versées juste derrière les cases », explique Boureima Diallo, présent ici depuis une année.
L’emplacement du site ne favorise pas l’incinération des déchets. En effet, les PDI se sont installés près du mûr de l’aéroport. Selon Bintou Tapsoba, une riveraine, «ils ont peur de brûler les ordures, craignant que le feu dégénère et embrase les longues herbes qui se trouvent dans l’enceinte de l’aéroport et leur crée d’autres problèmes ». Une mauvaise maîtrise de l’incinération peut également se retourner contre eux en brûlant leurs habitations fabriquées à l’aide de tiges de mil, de pailles, de sachets plastiques et de nattes. Ce qui aurait pu les sauver, c’est l’avènement d’une grande pluie, qui va emporter toutes les ordures mais ils ont également peur que cette pluie inonde et emporte leurs habitats.
L’insalubrité, un problème de santé pour les enfants
Les enfants, ayant pour seul souci de s’amuser, se retrouvent, chaque fois, au milieu du dépotoir quand les parents ne font pas attention. Ils sont alors exposés à plusieurs risques. «Les enfants développent des boutons sur leurs corps en jouant dans la saleté. Ils ont parfois mal au ventre parce qu’ils ne se lavent pas souvent très bien les mains avant de manger», explique Bintou Tapsoba.
Le manque de latrines, un accélérateur de l’insalubrité
Le site anarchique développé le long du mur de l’aéroport est confronté à un manque criard de latrines. Les habitants de ce site se retrouvent donc à faire leurs besoins au milieu du dépotoir quand les passants se font rares. Ce phénomène accentue l’insalubrité. «Quand tu pars te soulager, tu peux piétiner les déchets d’une autre personne, et comme pour se doucher,c’est compliqué, tu peux trimballer l’odeur avec toi pendant longtemps », explique Aïssata, PDI au sein du site.
Ils souhaitent que la mairie de Ouagadougou interdise aux riverains de verser des ordures sur le site. Ils demandent également « la construction de latrines, ne serait-ce que trois pour le site ».