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Burkina Faso/Région de l’Est : terrain d’expérimentation des engins explosifs improvisés ?

Avec l’expansion du terrorisme au Burkina, nous assistons à une récurrence des attaques par engins explosifs improvisés. Ils sont de plus en plus utilisés pour faire des ravages et éviter d’éventuelles confrontations avec les Forces de Défense et de Sécurité. La région de l’Est est l’une des régions qui subit le plus d’attaques à l’engin explosif ces dernières années. Elle y est fortement exposée et enregistre autant de dégâts matériels que de pertes en vie humaine.

Un engin explosif improvisé (EEI) est un dispositif fabriqué artisanalement, composé de matières chimiques explosives, incendiaires ou toxiques, dont le but est de détruire, ralentir ou de faire diversion. Il se compose essentiellement d’une charge explosive, d’une charge d’amorçage, d’un détonateur et d’un système mécanique ou électronique de mise à feu.

Au Burkina Faso, ces engins explosifs sont très utilisés par les groupes armés terroristes. Mais les attaques les plus récentes à l’engin explosif ont été enregistrées principalement dans la région de l’Est.  En effet, selon des sources sécuritaires avisées, cette partie du pays est très vulnérable, une proie facile pour les hommes armés non identifiés. Un terrain propice pour tester ou expérimenter leurs inventions artisanales. Aucune des cinq provinces de la région n’échappe aux exactions terroristes. On n’y compte le plus d’attaques par engins explosifs ces dernières années.

Le facteur favorisant

La principale raison des attaques aux EEI, selon Hervé Ouoba, commerçant résidant à Fada, est le manque de voies bitumées dans la localité. « Si nous disposions de voies praticables, ces individus ne réussiraient pas à enterrer des engins explosifs sur nos routes », déplore-t-il. En effet, la route nationale numéro 4 est dans un état délabré et impraticable. Cette situation entraîne les usagers de la RN4 à se frayer des chemins dans la broussaille. Beaucoup tombent ainsi sur des mines. C’est le cas des victimes de l’attaque par engin explosif du 25 décembre 2022 sur l’axe Fada N’Gourma-Kantchari qui a occasionné la mort de 10 civils et plusieurs blessés.

RN4 menant à Fada, une ville de la région de l’Est/@Capture d’écran Twitter

Dans la même semaine, des sources locales ont révélé que des engins explosifs avaient été déterrés par les FDS dans la commune de Kantchari. Ces EEI ont été enfouis dans la nuit du 30 décembre 2022 à l’entrée du Lycée départemental de la commune. Repéré par les Forces de défense et de sécurité, avec la collaboration des populations de la zone, l’explosif a été désamorcé sans causer de victimes. Mais jusqu’au 13 février, date de bouclage de cet article, l’établissement était fermé pour des raisons de sécurité.

« Il ne se passe pas un mois sans que nous soyons victimes de ces engins explosifs dans la Tapoa. Fort heureusement, nos héros nationaux sont à pied d’œuvre pour limiter les dégâts », indique un agent de santé de la localité qui a souhaité garder l’anonymat. « Nous recevons très souvent des victimes de ces attaques. Mais la plupart du temps, nous manquons d’équipements pour les prendre en charge. Nous sommes alors obligés de les envoyer au Centre hospitalier régional de Fada ou à Ouagadougou afin qu’ils bénéficient de meilleurs soins ; nous gardons espoir qu’ils y arrivent, toujours en vie », confie-t-il.

Une stratégie d’attaque des groupes terroristes…

L’utilisation de ces engins permet aux groupes armés terroristes de faire plus de victimes sans éventuellement s’exposer ou même avoir recours à un équipement important. Ils peuvent, non seulement, enterrer facilement ces engins sur les pistes qui servent d’office de voies d’accès. Et ces engins restent inaperçus jusqu’au jour où ils explosent au passage de civils ou de militaires. « Ici, tu peux mourir explosé par une mine un beau matin sans que l’opinion nationale et internationale ne soit informée », s’offusque Hervé Ouoba.

L’Etat devrait sensibiliser les populations sur les attitudes à observer dans ce contexte difficile. Informer notamment les forces de défense et de sécurité lorsqu’on découvre une mine afin qu’elle soit désamorcée en toute sécurité. Notre demande d’entretien, à ce sujet, auprès de l’Etat-Major général des armées, est restée sans suite.

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