Le Premier ministre, Apollinaire Kyélem de Tambèla, a présidé la cérémonie d’ouverture du séminaire scientifique sur la réconciliation nationale et la cohésion sociale ce 20 juin, à l’Institut des sciences et des sociétés, à Ouagadougou. Il a invité les participants à se poser les vraies questions en lien avec les réalités du Burkina Faso afin de réussir la tâche qui leur est confiée. Ainsi, à l’issue de trois jours de travaux, les acteurs vont élaborer une feuille de route adaptée aux réalités du pays en vue de renforcer le processus de réconciliation nationale et la cohésion sociale.
« Processus de réconciliation nationale au Burkina Faso : quelle feuille de route adaptée pour renforcer la cohésion sociale et le vivre ensemble ? », c’est sous ce thème que se tient le séminaire. Afin de trouver les mécanismes nécessaires pour renforcer le vivre-ensemble et œuvrer pour la réconciliation nationale, le gouvernement burkinabè a initié ce cadre de réflexion.
Selon le ministre chargé de la recherche scientifique, parrain du séminaire, Pr Adjima Thiombiano, il s’agit pour les participants de de proposer « la forme et les moyens de communication adaptés au processus de réconciliation pour une adhésion et un engagement des populations à la restauration de la paix au Burkina Faso ». Il sera question d’adapter le processus de réconciliation pour consolider la cohésion sociale et le vivre ensemble dans un contexte de crise complexe.
Pour parvenir à recoudre le tissu social, les participants devront trouver des stratégies appropriées pour « un désengagement et un désarmement réel » des fils et filles du Burkina Faso qui sont membres de groupes armés terroristes, et de clarifier le rôle de l’indemnisation des victimes dans le processus de réconciliation et d’apaisement du climat social.
Se poser les vraies questions
Au cours de la cérémonie d’ouverture, le Premier ministre Apollinaire Kyélem de Tambèla a invité les participants à se poser les vraies questions en lien avec les réalités du Burkina Faso afin de réussir la tâche qui leur est confiée. « Qu’est ce qui peut mettre à mal cette cohésion sociale et la réconciliation? », interroge Me Kyélem. Pour lui, la réponse est claire. « Ce sont les frustrations individuelles ». Ces frustrations individuelles se transforment, dit-il, en frustrations collectives et sont susceptibles de mettre à mal la cohésion sociale.
« La vraie réconciliation nationale passe par la sécurisation de nos frontières. Il ne peut pas avoir de réconciliation dans un pays en crise (…) Il faut permettre au pays d’avoir des frontières sûres et sécuriser les populations. Posons-nous les vraies questions pour trouver les réponses », affirme-t-il, en insistant sur le fait que la réconciliation nationale est une prédisposition du cœur.
Apollinaire Kyélem a également exhorté les participants au séminaire scientifique à ne pas s’attarder sur des idées préconçues, notamment la théorie de la pauvreté comme source de terrorisme. « La pauvreté n’est pas une source du terrorisme », clame-t-il. Avant d’ajouter : « Je ne sais pas si vous connaissez le coût d’une Kalashnicov, ça coûte très cher. Ceux qui achètent les kalashnikov ne sont pas pauvres ». Il se veut ferme: seule la pauvreté spirituelle est source de terrorisme.
La cérémonie a connu la présence d’acteurs politiques ayant déjà entamé le processus de réconciliation, notamment Zéphirin Diabré, Alkassoum Maïga, Yéro Boly et Me Pacéré Titinga. A en croire Me Kyélem, la présence de ces « spécialistes » de la réconciliation nationale est un facteur de réussite.
Le caractère scientifique, particularité du séminaire
Nandy Somé, ministre chargée de la réconciliation nationale, a expliqué que dans la dynamique du gouvernement de renforcer le tissu social, il a paru nécessaire de recueillir la contribution de tous. « Ce séminaire va permettre de proposer une feuille de route adaptée au contexte actuel et qui puisse permettre de répondre aux aspirations de réconciliation de l’ensemble des Burkinabè », dit-elle.
Il s’agira d’échanger sur d’importants points, notamment la manière de communiquer avec les fils et filles du Burkina, afin d’avoir leur adhésion, et l’engagement à la restauration de la paix. Selon elle, la particularité de ce séminaire est son caractère scientifique. Les participants vont exploiter les travaux des devanciers dans la recherche de la réconciliation, capitaliser sur ce qui a été enrichissant et rectifier là où ça n’a pas été le cas.
A l’en croire, l’aspect scientifique est l’une des recommandations des commissions ad’hoc qui ont existé de par le passé. Il s’agit d’associer les fruits de la recherche à la prise de décision.