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Burkina Faso : quand l’insécurité met en danger les objets inscrits au patrimoine culturel

La clôture du mois du patrimoine burkinabè a eu lieu ce 18 mai 2023, à Bobo-Dioulasso. Un panel a été organisé par les acteurs de la culture pour échanger autour des défis qui se dressent aux musées burkinabè. La préservation du patrimoine culturel a aussi fait  partie des débats. 

La clôture de ce mois du patrimoine burkinabè  coïncide avec la journée internationale des musées 2023, placée sous le thème « Musées, durabilité et bien être ». Selon le panéliste Alassane Waongo, par ailleurs chargé de mission au ministère de la Culture, la préservation du patrimoine culturel demeure aujourd’hui une des priorités du ministère. « C’est la raison pour laquelle chaque année, nous faisons un inventaire du patrimoine culturel national. Présentement, nous sommes en train de faire l’inventaire du patrimoine culturel immatériel. Cela permettra au gouvernement d’être situé par rapport à cette question du patrimoine, et voir comment le protéger efficacement » indique M. Waongo. Pour le panéliste, aujourd’hui, les défis auxquels font face les musées burkinabè sont nombreux. « Nous avons fait le constat que les populations locales ne fréquentent pas les musées. Elles pensent le plus souvent que ce sont des structures qui ont été créées pour des touristes. Nous cherchons à comprendre cette mentalité» , déclare-t-il. 

La part de responsabilité des gestionnaires de musées 

Selon lui, la tâche revient aussi aux gestionnaires des musées, de travailler à ce que les populations puissent se retrouver, s’identifier à travers ce qui se trouve dans ces centres. Le problème de moyens financiers se pose également, dit-il, aux musées burkinabè. En effet, pour faute de moyens financiers, plusieurs objets appartenant au patrimoine culturel, qui doivent être rénovés ne peuvent pas l’être. Même si M. Waongo ne donne pas une date pour la rénovation de ces objets, il rassure  que cela fait partie des priorités du département de la culture. « Aujourd’hui, tous les moyens sont délocalisés pour le recouvrement de l’intégrité territoriale. Mais déjà, un travail  a commencé dans ce sens,  même si le délai de finition n’est pas fixé », rassure-t-il. 

L’insécurité, l’un des défis majeurs des musées 

L’insécurité, selon Alassane Waongo, reste l’un des facteurs aggravant de la situation des musées. « Le musée de Pobé-Mengao qui présente une association de plusieurs types de vestiges, est actuellement  fermé. Le musée de Déou est également fermé. Les touristes ne viennent plus et c’est une perte considérable », déplore le chargé de mission. Il avance par ailleurs qu’avec la fermeture de ces musées, certains individus malveillants peuvent détruire ou voler des objets précieux en vue de les vendre à l’international. « On s’est rendu compte qu’il y a beaucoup d’objets qui ont disparu dans ces circonstances. On essaie de retracer.  Il y a certains que l’on réussit à trouver, cependant, pour d’autres,  il n’y a pas encore de nouvelles. Par exemple, au niveau de Pobé-Mengao, c’est un objet  exposé  a été volé. On est toujours sur les traces de ce bien », informe M. Waongo. 

Les participants au panel

Des objets dérobés dans les musées 

En effet, la statuette Mamio, qui représente la fécondité en pays Kurumba avait aussi disparu un matin de 1991 du village d’Ouré au Nord-est du Burkina Faso. Dix années plus tard, grâce aux efforts conjugués du Professeur Kiethega, un chercheur de l’université de Ouagadougou et de la communauté internationale, cet objet a été retrouvé en Allemagne puis ramené au Burkina Faso, le 16 décembre 2001 à Pobé-Mengao. Au-delà du vol d’objets historiques, le paneliste Waongo regrette la réticence de certaines communautés à confier leurs biens historiques aux musées. « Il y a plus d’objets historiques dans les villages plutôt que dans les musées. Souvent, les détenteurs de ces biens pensent qu’en les donnant  aux autorités, ils seront immédiatement dépossédés de la paternité de ces œuvres. Mais nous continuons de sensibiliser dans ce sens », affirme le panéliste. Comme lui, le Directeur général du musée Sénoufo de Bobo-Dioulasso pose le même problème. « C’est réel cette situation. Souvent, dans les villages, quand on sensibilise, les vieux comprennent. Ce sont les jeunes qui se dressent contre ces initiatives. Ils se disent que l’on vient leur retirer   leurs objets pour les vendre aux Blancs », avance Abbé Mathias Traoré. Il suggère que des moyens appropriés soient trouvés pour résoudre la question.

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