Pour ce deuxième jour des débats, c’est Benjamin Lokossou, le chef de chantier, qui comparait. Il est poursuivi pour homicides involontaires, blessures involontaires, choix avec légèreté des travailleurs, autorisation de congé sans en avoir l’habilité, autorisation du prélèvement du béton par les employés en lieu et place des entreprises chargées du contrôle et de ne s’être pas assuré de la qualité de l’étayage.
Lokossou Benjamin a énuméré ses obligations en tant que chef de chantier : il donne des ordres aux ouvriers, assure les commandes journalières, assure la sécurité de la zone de travail, assure la bonne exécution des travaux.
Concernant le choix avec légèreté des travailleurs, il dit ne pas être en charge de la sélection du personnel. Le personnel est sélectionné par l’entreprise GESEB SAS. Néanmoins, il a la latitude de les garder ou pas. Il vérifie lui-même les compétences du personnel une fois qu’ils sont à pied d’œuvre. Selon lui, un ouvrier incompétent a une manière de se comporter sur le chantier qui ne trompe pas. Les manœuvres se présentent sur le chantier et l’administration de GESEB SAS, présente sur les lieux, procède au recrutement.
Sur le point de l’autorisation de congé, il ressort que l’accusé à accorder des jours de repos à Gildas Amoussou, le conducteur des travaux. D’après les explications données à la barre, le sieur Amoussou est le supérieur hiérarchique de Lokossou. L’autorisation du congé ne relève donc pas de ses compétences.
L’autorisation du prélèvement du béton par les employés en lieu et place des entreprises chargées du contrôle a fait l’objet d’un long débat. Le contrôle qualité est assuré par APAV, représenté par Dieumerci Kambou. Une fois APAV ayant fait son contrôle, il remet le rapport à l’entreprise Memo SARL. Entreprise représentée par Brahima Tou, qui se rassure que les remarques faites par APAV avaient été prises en compte et autorise la suite des travaux. Mais le jour fatidique, Lokossou et ses subordonnés ont commencé les travaux sans attendre que APAV fasse le contrôle.
A la question de savoir « pourquoi », Lokossou répond qu’il a informé Gildas Amoussou qui lui aurait assuré de continuer les travaux car il aurait informé APAV qui serait en route. « Commencez, APAV arrive ! ». Lokossou dit avoir autorisé le prélèvement pour le compte de l’entreprise GESEB SAS en guise de contrôle interne. Mais quand le procureur insiste pour savoir si le prélèvement effectué était aussi pour APAV, il se garde de répondre.
Pour la vérification de l’étayage, Lokossou dit ne pas être habilité à le faire. Il exprime juste ses besoins à l’entreprise qui le livre. Mais à vue d’œil, selon ses dires, l’étais était de bonne qualité car il semblait neuf.
L’effondrement s’est produit, dit-il, de façon brusque et personne n’a eu le temps de fuir ; ce qui veut dire que ce n’est pas la faute de l’étayage, affirme-t-il. Propos contredits par Abdoul Kader Tapsoba, menuisier sur le chantier au moment du drame. Tapsoba, dans sa déclaration, dit avoir senti des bois tomber sur lui et qu’il a juste eu le temps de s’extirper avant l’effondrement total.
Techniquement, Lokossou affirme qu’à ses yeux, rien ne pourrait lui être reproché à ce sujet.
Le procès se poursuit le 22 février.