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Burkina Faso/Procès charbon fin : “L’Etat n’a pas mis à notre disposition des moyens pour la mission” (Agent public)

L’audience de ce 22 décembre a repris avec les prévenus Daouda Zabré, Saga Sawadogo, Pascal Ramdé, tous agents de l’Etat. Leurs conseils ont été autorisés à leur poser des questions à la suite du parquet et des Conseils de l’Etat burkinabè. Il leur est reproché d’avoir fait du faux en écriture privée de commerce, en signant notamment des procès verbaux “non conformes à la réalité”, selon le parquet. 

Le terme “colisage” est le terme de la discorde. Selon les agents de l’Etat, le processus de mise en sac du charbon fin n’est pas compris dans le colisage. 

Pour le parquet, la mise en sac du charbon fin est l’une des étapes du colisage. Sur les procès-verbaux, les agents publics de l’Etat affirment avoir participé au colisage du charbon fin pour l’exportation de la cargaison de 2018 par la société Iamgold Essakane SA. Pour le parquet, c’est du faux car ils n’ont pas participé à cette mise en sac.

Avant de vous envoyer, vos supérieurs étaient-ils au courant que le charbon était dans des sacs?”, demande Me Mohamed Sita, Conseil de Daouda Zabré.

Oui, ils étaient au courant. Ils m’ont juste envoyé pour assister aux pesées et au colisage du charbon fin”, répond le prévenu.

Sur autorisation du président du tribunal, Me Sansan Hien pose des questions à son client, Saga Sawadogo 

Quels sont les moyens mis à votre disposition pour cette mission”, demande-t-il.

Rien. L’État n’a pas mis à notre disposition des moyens pour la mission”, répond le prévenu. Il affirme même avoir acquis des chaussures de sécurité “ à crédit” pour se rendre sur le site de Essakane.

A l’époque ingénieur stagiaire à la direction générale des mines et de la géologie, Saga Sawadogo affirme avoir touché moins de 150 milles francs CFA pour la mission.

Désolant

Pour Me André Ouédraogo, avocat de l’Etat, dire que les moyens n’étaient pas réunis pour la mission est désolant.

Lorsque vous êtes un agent censé représenter les intérêts de l’État, où les enjeux se chiffrent à des milliards, vous avez le choix si vous pensez que les conditions ne sont pas réunies, de vous référer d’abord à votre hiérarchie. Si malgré tout, on vous intime l’ordre, vous n’aurez pas, en ce moment là, à répondre de quoi que ce ce soit”, dit-il.

Me André Ouédraogo

Si vous pensez que vous n’êtes pas en mesure de remplir votre mission, le lien de subordination n’est pas un lien d’esclavage. Vous avez toujours le choix”, insiste Me André Ouédraogo.

Iamgold Essakane SA confortée

Pour Me Bobson Coulibaly, avocate de la société Iamgold Essakane SA, les débats du jour rassurent la société.

Me Bobson Coulibaly

“Il est reproché à Essakane d’avoir signé un PV alors que les agents de l’État n’étaient pas là”, rappelle-t-elle. “Maintenant, on a des preuves matérielles qu’ils étaient là. Les lettres de leurs directions qui les autorisent à se rendre sur le site ont été versées au dossier. Ils étaient sur le site. Ils ont assisté à la mise des sacs du charbon fin dans le conteneur après avoir assisté à la pesée”, lance-t-elle.

L’audience est suspendue. Elle reprend le 28 décembre. Raisons invoquées : les préparatifs de la fête de Noël.

Lire aussi | Burkina Faso/Procès charbon fin : “C’est ici que j’entends pour la première fois le mot colisage” (Agent des douanes)   

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