L’objet des débats ce 12 décembre est la question du “faux en lien avec les procès verbaux de pesée”. Le chargé des traitements de données au sein de la société minière Iamgold Essakane SA, Mohamed Aïte, et des agents publics, Saga Sawadogo, Daouda Zabré, Hermann Traoré et Pascal Ramdé, ont été appelés à la barre.
La directrice-pays par intérim de Essakane SA, Blandine Kaboré, est appelée à la barre pour se prononcer sur la pesée et le colisage du charbon fin.
“Quel est l’intérêt d’associer les agents de l’Etat pour la pesée et le colisage ?”, demande le procureur.
“C’est en respect à la réglementation en vigueur et c’est par souci de transparence” répond Blandine Kaboré.
“En quoi consiste le colisage ?”, continue le procureur.
“Pour l’or, ça consiste à mettre les lingots dans les caissons. S’agissant du charbon fin, le colisage se fait à travers la mise en conteneur. C’est au fur et à mesure de la production qu’on récupère le charbon fin et qu’on le met en sac. Les agents de l’Etat n’ont pas assisté à la mise en sac du charbon fin”, répond la directrice-pays par intérim de Essakane SA.
“Y’avait-t-il un obstacle à ce que les agents de l’administration soient présents quand le charbon fin était mis en sac?”, interroge le procureur.
“Le charbon fin ne se commercialise que sous forme de sacs. Quand les agents de l’État viennent, ils ont accès aux sacs. Ils peuvent regarder la structure du charbon fin et ils peuvent faire de l’échantillonnage. L’échantillonnage vise à vérifier la teneur en or et en argent”, répond Blandine Kaboré.
“Si le produit avait été mis en sac en présence des agents de l’Etat, nous n’en serions pas là”, affirme le procureur.
“Pour que ça se fasse comme vous l’entendez, il faut que l’Etat affecte permanemment des agents sur le site pour qu’ils puissent assister à la mise en sac. Tous les jours, nous recueillons du charbon fin que nous mettons en sac”, rétorque la prévenue.
“Dans ce cas, sur les procès verbaux, ne dites pas que l’administration était là. En le faisant, c’est du faux”, martèle le procureur.
“Je tiens à préciser que le procès verbal établi par Essakane SA concerne les pesées et les mises en conteneur. Pendant ces étapes, les agents de l’Etat étaient présents”, affirme Blandine Kaboré
“Mais l’obligation qui vous incombe, c’était de mettre le charbon fin dans les sacs en présence des agents de l’Etat. Ce qui n’a pas été fait”, observe le procureur.
A la suite de Blandine Kaboré, Saga Sawadogo, agent de l’Etat, est appelée à la barre. Il a participé à la pesée des sacs de charbon en tant que représentant de la direction générale de la géologie et des mines.
“Est-ce que vous avez été appelé au moment de la mise en sac du charbon fin?”, demande le procureur.
“Non”, répond le prévenu.
“Est-ce que votre présence allait répondre au besoin de transparence ?”, relance le procureur.
Saga Sawadogo répond par l’affirmative.
“Au cas échéant, cela veut-il dire que le processus n’est pas transparent ?”, interroge le procureur.
“A partir du moment où la mine a donné les informations, pour nous, c’est suffisant”, déclare le prévenu.
“Si on vous dit que c’est du charbon fin qui se trouve dans les sacs, est-ce que vous pouvez prendre cela pour argent comptant et dire que votre mission consiste à les mettre dans les conteneurs sans même savoir si c’est de la cocaïne”, martèle le procureur.
“L’utilité de votre présence c’est quoi, si vous ne savez pas ce qu’il y a dans les sacs? Vous êtes allés juste pour la forme ?”, relance encore le procureur.
“On ne nous a pas mandatés pour caractériser le charbon fin. Si c’était le cas, nous allions recommencer la mise en sac. On nous a mandaté pour la pesée et le colisage. Quand nous sommes arrivés, Essakane avait déjà pesé les sacs mais nous avons repris la pesée”, affirme le prévenu.
L’audience continue au TGI Ouaga 1.
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