A l’audience de ce 1er décembre, Me Pierre Yanogo, avocat de la société Iamgold Essakane SA, poursuivie pour fraude à la commercialisation de l’or, blanchiment de capitaux, faux en écriture privée de commerce, usage de faux en écriture privée de commerce, a voulu recentrer le débat sur les faits qui ont conduit à l’ouverture de la procédure contre son client. Ils concernent, selon lui, la quantité d’or contenue dans la cargaison et le poids du charbon fin exporté.
“Depuis le début du procès, on a essayé de juger Essakane SA sur des choses qui ne sont pas contenues dans la convocation qui lui a été délivrée pour venir répondre”, estime Me Pierre Yanogo, avocat de la société minière.
“On est en train d’auditer la mine; comment elle fonctionne? On essaie de poser des questions sur la régularité des autorisations qui ont été délivrées à Essakane; on est en train d’examiner des questions en lien avec d’autres éléments qui auraient été trouvés dans la cargaison alors que ce ne sont pas les faits pour lesquels Essakane SA est convoquée”, poursuit-il.
La société est convoquée, selon lui, pour répondre à deux préoccupations : la quantité d’or contenue dans la cargaison et le poids du charbon fin exporté. Le ministère public reproche à Essakane SA d’avoir minoré la teneur en or en majorant le taux d’humidité.
Me Pierre Yanogo, d’emblée, estime que ces accusations sont fausses, car, dit-il, “les experts judiciaires commis par le tribunal ont trouvé des résultats (concernant la teneur en or) qui sont inférieures à ce que Essakane avait donné”.
“C’est-à-dire que Essakane n’a pas fraudé; Essakane n’a pas minoré les teneurs d’or”, déduit-il.
Concernant le poids du charbon fin exporté, “tout est clair », selon Me Yanogo. “On a prouvé que ce qui a été exporté est conforme aux autorisations qui ont été délivrées à Essakane”, déclare-t-il.
D’autres personnes pourraient être poursuivies
En prenant la parole, Me André Ouédraogo, avocat de l’Etat, est revenu sur les débats d’hier. Il s’est senti concerné quand la défense d’Essakane SA a affirmé que “ la première personne à poursuivre, c’est l’Etat”, car c’est ce dernier qui a délivré les autorisations d’exportation de charbon fin.
Il a posé une série de questions à la directrice-pays par intérim de la société Iamgold Essakane SA, Blandine Kaboré, afin de prouver que “l’État” ne saurait être poursuivi, mais plutôt des individus. “Si un policier donne son arme de service à son ami pour qu’il commette un crime, est-ce légal ? Est-ce normal ?”
“Il faut se référer à la loi. Est-ce que la loi le lui permet?”, répond Blandine Kaboré
Et Me André Ouédraogo de relancer : “Si le policier est Burkinabè, est ce qu’on doit poursuivre tous les policiers du Burkina Faso ?”
Réponse de la représentante pays d’Essakane SA : “Tous ceux qui sont dans la chaîne doivent être poursuivis; ceux qui ont participé en donnant des ordres ou des autorisations doivent être poursuivis”.
Me André Ouédraogo rétorque : “C’est parce que l’État a des intérêts que des agents de l’État sont poursuivis. S’il ya des noms, il faut les donner et ils seront poursuivis. Qu’on donne des identités”.
Le procès reprend le lundi 4 décembre au TGI Ouaga 1.