C’est un document de référence du ministère burkinabè de la Solidarité, de l’Action humanitaire, de la Réconciliation nationale, du Genre et de la Famille réduit en trois lettres : SNR. Stratégie nationale de réconciliation nationale, soit le chemin de la paix, tracé pour unir les fils et filles du Burkina d’ici à 2026. 24heures.bf résume pour vous en neuf (09) points clefs, ce qu’il faut retenir de ce document.
1- Le document porte le sceau du ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire, de la Réconciliation nationale, du Genre et de la Famille, NandySomé/Diallo.
Avant d’être ministre, NandySomé a servi dans l’administration. Ces dernières années, elle a été Haut-commissaire de la province du Houet, gouverneur, directeur de cabinet du Médiateur du Faso, Secrétaire générale du ministère des Affaires religieuses et coutumières. Elle est un pur produit de l’administration territoriale, avec des spécialités en gestion de conflits.
2- La version en ligne du document compte 82 pages, dont plus de 1/4 consacré à des tableaux.
De la page 61 à la page 82, le document est fait de tableaux. Ce qui rend sa lecture difficile pour ceux qui n’aiment pas les chiffres. Le document est centré sur quatre points. Le premier étant l’analyse diagnostique. Le deuxième, les éléments de la stratégie. Le troisième, le dispositif de mise en œuvre et de suivi-évaluation. Le quatrième et dernier point concerne l’analyse et la gestion des risques.
3- PNUD et CGD sont à l’honneur
La SNR existe en partie grâce à eux. Dans son mot introductif, la ministre NandySomé a salué le PNUD pour sa contribution : « J’exprime également mes remerciements et ma reconnaissance aux Partenaires Techniques et Financiers (PTF) à travers le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) pour leurs appuis techniques et financiers. Aussi, j’invite tous les intervenants dans le domaine de la réconciliation nationale à s’engager résolument dans la mise en œuvre de cette stratégie afin de permettre à notre pays de relever le défi de la restauration de la paix et celui de la durabilité de la stabilité du pays ».
Le document s’appuie à plusieurs niveaux sur les travaux du Centre pour la gouvernance et la démocratie, reconnue au Burkina comme étant une organisation d’utilité publique :
4- Les déclarations chocs
La Stratégie nationale de Réconciliation 2022-2026 laissera certainement des traces. Des passages alimenteront des polémiques.
Page 8 : « Contrairement aux évènements précédents, le coup d’Etat du 24 janvier 2022 n’a pas occasionné de départs en exil ».
Page 9 : « En effet, les gouvernants autoritaires, pour inspirer la crainte, pour faire taire des opposants ou des dissidents et raffermir leur pouvoir, ont parfois pris des décisions arbitraires ou répressives. Et comme pour eux la fin justifie les moyens, ces gouvernants s’affranchissent des limites posées par la Loi. Aujourd’hui, avec l’indépendance de la justice consacrée par divers textes juridiques et la coupure du cordon ombilical qui la liait à l’exécutif, la Justice est appelée à jouer un rôle décisif dans la réconciliation nationale, la réparation des torts et la garantie de non-répétition des violations des droits ».
5- Progression des ressources du Burkina (Page 13)
La SNR résume la situation financière du Burkina : « Durant la période 2010-2020, les ressources propres ont progressé en moyenne de 11 % par an dominées par les recettes fiscales représentant au moins 86 % des recettes par an. Ces résultats appréciables sont expliqués entre autres par le boom minier à partir de 2009, l’apport inestimable des réformes engagées, notamment l’approche unités de recouvrement, le programme national de transition fiscale. Aussi, le nombre de nouvelles créations d’entreprises formelles est passé de 7 564 en 2016 à 13 137 en 2019. Sur la décennie 2009-2018, malgré un resserrement du financement extérieur, le pays a reçu en moyenne par an un volume d’APD estimé à 611,25 milliards de FCFA, réparti en dons (75,3 %) et en prêts concessionnels (24,7 %) ».
6- Les principaux problèmes des Burkinabè
Partant d’une étude du CGD, le document révèle les principaux problèmes des Burkinabè : « … Selon les résultats de l’enquête de perception du CGD en 2021, il ressort que les principales préoccupations au Burkina Faso ces dernières années portent sur la montée grandissante de l’incivisme et la perte de l’autorité de l’État (73 %), le développement inégal des régions (60 %) et l’inefficacité de la justice (58 %). En milieu rural, les deux principales préoccupations sont relatives à l’absence ou à la disparité des services publics de base (74 %) et le développement inégal des régions (73 %). Les jeunes, eux, sont surtout préoccupés par le développement inégal des régions (73 %). Ces résultats confirment les conclusions des concertations communales sur les manifestations, les causes et les effets de l’incivisme au Burkina Faso. De ce qui précède, il s’avère nécessaire d’œuvrer pour la restauration de la crédibilité et de l’autorité de l’Etat afin d’apporter une solution durable à l’incivisme grandissant… ».
7- Les ressources financières de la SNR
La réconciliation nationale est à financer, elle est couteuse selon les estimations : « Les dépenses publiques liées à la réconciliation sont financées par le budget de l’Etat et l’appui des Partenaires Techniques et Financiers. Pour l’année 2021, le MCSRN, a bénéficié d’une allocation budgétaire de 400 millions FCFA pour son fonctionnement, montant qui a été reconduit en 2022. Au regard des missions et des attributions du MCSRN, ce montant est largement insuffisant pour faire face aux actions prioritaires pour l’atteinte des objectifs en matière de réconciliation et de cohésion sociale. Toutefois, dans le cadre du processus d’indemnisation en cours dont le montant provisoire est estimé à une soixantaine de milliards, des efforts importants sont attendus du Gouvernement pour répondre aux besoins des victimes des différentes crises ».
8- Ce que veut la SNR
« A l’horizon 2026, le Burkina Faso, une nation réconciliée avec elle-même, fortement marquée du sceau d’une cohésion durable ». C’est le gros défi de la SNR. Résoudre tous les litiges au Burkina d’ici à 2026. Pour cela, la stratégie a pris en compte les différents problèmes soulignés au Burkina.
De 1960 à nos jours, la SNR veut s’inspirer des échecs passés pour permettre aux Burkinabè de s’unir et de régler définitivement des conflits (sociopolitiques, sociocommunautaires, sécuritaires, administratifs, économiques et financiers, civiques), le nombre d’exilés politiques, apaiser le climat et les cœurs des victimes ».
9- Moyens d’actions envisagées par la SNR
Pour atteindre les objectifs de la Stratégie Nationale de la Réconciliation, quatre (04) axes d’intervention ont été identifiés : le renforcement du dispositif juridique et institutionnel ; la résolution des conflits générateurs des besoins de réconciliation par des mécanismes adaptés dans le respect du triptyque Vérité – Justice (classique, transitionnelle, traditionnelle) – Réconciliation ; la garantie de non-répétition des faits générateurs de besoins de réconciliation ; le pilotage de la stratégie.