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Burkina Faso/Médias : la digitalisation de la presse écrite peut entraîner un problème d’identité, selon Dr Cyriaque Paré

Plusieurs études menées sur la pérennité de la presse écrite version imprimée annoncent sa mort d’ici 2040, avec l’avènement du digital. Face à ce constat, plusieurs presses écrites version imprimée ont franchi le pas du numérique en mutant vers le digital. Face à cette « prophétie funèbre », Dr Cyriaque Paré, directeur de publication de « lefaso.net », aborde dans sa thématique la presse écrite dans un contexte de digitalisation, les opportunités et les défis qui s’offrent aux médias, au cours du colloque international organisé dans le cadre du cinquantenaire de l’Observateur Paalga. Pour lui, la transition de la presse écrite imprimée en version numérique peut poser un problème d’identité du média. 

L’évolution incontestable dans le champ du journalisme avec l’avènement de l’internet et des technologies connexes entraîne une grande mutation dans le métier. La révolution du numérique a entraîné des enjeux liés au modèle économique, à l’identité et à la qualité de l’information. Des médias traditionnels ont dû s’adapter à la nouvelle donne pour se maintenir dans le domaine. 

« Avec le développement du web, on assiste à une prolifération de l’information gratuite offerte sur internet. Cette prolifération rend difficile la vente de l’information. Ce qui oblige un changement de modèle économique », explique Dr Paré. L’accès à l’information gratuite sur internet met dos au mur certains médias qui étaient déjà confrontés à plusieurs difficultés. Avec le web, l’information va très vite et les professionnels ont tendance à aller au rythme de cette vitesse au risque de produire des articles erronés parce qu’ils ne prennent pas le temps de recouper l’information.

Perte de l’identité de la presse écrite 

Dr Cyriaque Paré recommande aux presses écrites qui envisagent de se lancer dans le numérique d’user de leur notoriété de base au lieu de créer des nouveaux médias en ligne. Cela pour éviter d’être confrontés à une crise d’identité. Pour lui, il est préférable de créer des produits dérivés à partir de l’entreprise mère plutôt que de lancer de nouveaux projets qui auront du mal à survivre.

Avec l’évolution du digital, des presses imprimées ont dû se réinventer pour s’adapter à cette situation. C’est le cas de l’observateur Paalga à travers sa version en ligne dénommée « lobspaalga.com ». « Personnellement, j’ai regretté que l’Observateur Paalga ait créé un site internet totalement numérique avec un autre nom alors que l’identité de l’Observateur est installée dans l’univers médiatique et bien connue. Il aurait été plus facile de faire des produits dérivés à partir de cette marque qui jouit d’une identité incontestable plutôt que de créer un autre nom« , indique Dr Cyriaque Paré.

A l’en croire, il s’agit d’un avantage pour les médias dont les titres sont déjà connus de se déployer sur le numérique en gardant la réputation qu’ils ont pu acquérir dans le monde traditionnel. Pour ce faire, il souligne la nécessité pour les médias de développer leur identité sur internet afin de tirer profit de cette digitalisation. 

Opportunités du digital

Pour la survie de la presse écrite à l’époque du digital, elle doit se réinventer. A cet effet, Dr Paré souligne les opportunités qui sont offertes à la presse imprimée. Il s’agit entre autres du plurimédia à travers le site web, le PDF numérique, les alertes SMS. Aussi, la diversification du modèle économique peut lui permettre de vendre autre chose que de l’information. A ces opportunités s’ajoute l’interactivité qui va permettre « d’entretenir la conversation avec les lecteurs, créer des communautés et les fidéliser et bénéficier de l’intelligence collective des lecteurs à travers le crowdsourcing« . 

Avec le digital, le journaliste a désormais devant lui un espace rédactionnel illimité, car l’information digitalisée s’affranchit des frontières et voyage plus loin et plus rapidement.

Par ailleurs, le numérique entraîne des défis majeurs dans le domaine médiatique. On note entre autres la polyvalence et l’instantanéité qui contraint les journalistes à avoir plusieurs casquettes et à être proactif. Le journaliste qui veut s’adapter à cette situation doit être capable de filmer, de faire un montage vidéo et de publier sur les plateformes numériques et autres. Pour ce faire, il faut revoir le curriculum de formation des journalistes en intégrant ces aspects dans leur formation.

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