La situation sécuritaire du Burkina Faso s’est fortement dégradée ces dernières années en raison des incessantes attaques terroristes qui ont entraîné le déplacement massif de populations. Cette situation n’est pas sans conséquences sur les enfants. Dans une étude publiée en janvier 2023, l’organisation internationale IPC indique que plusieurs provinces et régions du pays seront touchées par l’insécurité alimentaire au regard des tendances actuelles. Les enfants et les femmes seront les plus touchés d’après les chiffres, avec une estimation de plus de 400 000 enfants de moins de cinq ans.
Dans son rapport 2022-2023, l’organisation internationale IPC s’est intéressée à 31 provinces sur les 45 que compte le Burkina. Selon l’organisation, d’ici juillet 2023, toutes ces localités pourraient être en insécurité alimentaire en raison d’un accès humanitaire limité ou inexistant. Le rapport relève que près de 400 000 enfants âgés de 6 à 59 mois souffriront de malnutrition aiguë au niveau national entre août 2022 et juillet 2023. Il précise également que le nombre de cas de malnutrition aiguë sévère (MAS), au Burkina Faso, attendu s’élève à plus de 95 500.
Quant aux femmes enceintes et allaitantes, dans les zones concernées par l’étude, l’estimation s’élève à presque 80 000 femmes qui souffriront de malnutrition aiguë. Ces chiffres, selon l’IPC, sont largement en hausse par rapport à l’année 2021. Pour l’organisation, cela est dû principalement à la détérioration importante de la situation sécuritaire et nutritionnelle dans ces zones.
La situation sécuritaire à la base
Six communes ont fait l’objet d’analyse dans le rapport. Parmi ces communes, deux sont classées en situation critique : il s’agit de la commune de Dori et de celle de Fada N’Gourma. Les quatre communes restantes ont été classées en situation sérieuse : il s’agit des communes de Bani, Gorgadji, Gorom-Gorom et Gayeri.
Sur la période de février à avril 2023, la situation nutritionnelle de cinq provinces s’améliorera sensiblement. Cependant, sur la même période, la province de Bazéga va connaître une détérioration massive, pour passer d’une situation acceptable à une situation d’alerte, selon l’étude. Le rapport affirme que 25 autres provinces resteront dans la même situation.
Selon l’organisation, les causes de ces classements en situation sérieuse sont, entre autres, les faibles consommations alimentaires, les mauvaises pratiques alimentaires, les prévalences élevées des morbidités infantiles telles que la fièvre et la diarrhée, les mauvaises conditions d’hygiène et la faible couverture d’accès à l’eau potable. En effet, la fermeture ou le dysfonctionnement de plus de 500 structures de santé dans les provinces d’accès humanitaire limité, a réduit l’accès aux soins de base des populations.
La situation sécuritaire engendre aussi des déplacements massifs de populations vers les zones accessibles, exerçant ainsi une forte pression sur l’offre des soins de santé et les moyens d’existence des résidents. Face à cette situation critique, des actions urgentes, ciblées et coordonnées doivent être prioritairement mises en œuvre pour améliorer la situation nutritionnelle et limiter les dégâts.